Dissolution de l'Assemblée  : quel impact sur l’échiquier politique du Sud  ?

L’annonce de la tenue de nouvelles élections législatives a certes été un coup de tonnerre suite aux résultats du scrutin européen entraînant moult interrogations sur les scenarii à venir. Mais la dissolution de l’Assemblée nationale a d’autres conséquences, notamment sur les équilibres dans les territoires. Dans le Sud, de Nice à Marseille, l’impact ne sera évidemment pas neutre, sur fond de Municipales qui se préparent déjà.
(Crédits : DR)

Que n'a-t-on dit des élections européennes qu'elles seraient un indicateur national... Sans doute pas au point d'imaginer le scénario qui se joue depuis ce 9 juin et l'annonce par le Président de la République de la dissolution de l'Assemblée nationale. Une décision qui, évidemment, a un impact immédiat sur de nombreux sujets comme des projets ou propositions de lois prévus pour être discutés par les députés et de facto mis à l'arrêt. C'est le cas entre autres, et la liste n'est pas exhaustive, du projet de loi sur la fin de vie ou du décret pour l'adoption de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).

Mais ce tremblement de terre politique peut aussi avoir un impact sur ce qui se joue depuis quelque temps, en coulisses, à savoir la préparation des prochaines échéances municipales.

A Nice, nouvelle opposition Estrosi-Ciotti

A Nice, Christian Estrosi - qui a déjà fait savoir sa volonté d'aller décrocher un quatrième mandat - a fait le choix, il y a trois ans, de rejoindre le parti présidentiel, claquant la porte des Républicains. Un choix qui a fait grand bruit même s'il n'a pas tant surpris, le maire de la cinquième ville de France et président de la Métropole Nice Côte d'Azur ne cachant pas sa proximité avec Emmanuel Macron. Un Christian Estrosi qui, cependant, n'a pas caché non plus son agacement après la venue du Premier ministre, Gabriel Attal à Nice en mai dernier sur le manque de passage à l'action du gouvernement concernant les questions de sécurité.

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La sécurité, c'est aussi le sujet de prédilection d'Eric Ciotti. Le président des LR qui se verrait bien dans le fauteuil de premier magistrat de Nice... Autant dire que le non catégorique des Républicains a une coalition avec Renaissance ne risque pas d'arranger le rapport entre ces deux meilleurs ennemis. Avec une aura présidentielle qui n'est plus et un parti LR arrivé en quatrième place des élections européennes, il va être difficile pour Christian Estrosi comme pour Eric Ciotti de se prévaloir d'une dynamique nationale. Reste donc, pour se distinguer, le bilan de l'action locale...

Une région qui flirte avec le RN

Quitter LR pour Renaissance, c'est aussi le choix fait et assumé par Hubert Falco, l'ancien maire de Toulon et président de Toulon Provence Métropole (condamné à 18 mois de prison avec sursis et 5 ans d'inéligibilité en appel en mai pour avoir bénéficié d'avantages indus de la part du conseil départemental du Var) ou par François de Canson, le maire de La Londe les Maures et président du CRT Sud. Mais c'est aussi et surtout le choix opéré par Renaud Muselier. Le président de la Région Sud qui a rejoint le parti présidentiel fin 2022, officialisant un soutien déjà acquis.

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Renaud Muselier qui dès dimanche soir, avant même, l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, appelait dans un communiqué « au rassemblement des compétents, des raisonnables », appelant à une union que lui-même a initié. A la Région, avec un inédit « comité représentatif » pour donner de la visibilité à la gauche et aux écologistes qui s'étaient retiré en 2021 pour aider à la victoire du président de région face à Thierry Mariani (RN), et à Marseille où a réunit une droite facturée lors de la dernière course à la mairie. Renaud Muselier qui assume sa volonté de jouer un rôle dans la préparation du prochain scrutin municipal à Marseille et que cette préparation se fait en union avec d'autres profils et personnalités politiques. A l'image de ce que défend, depuis quelques semaines, le collectif Une Génération pour Marseille.

Mais le Sud a souvent flirté avec le Rassemblement national. Lors des élections régionales de 2015, Christian Estrosi, alors candidat LR, l'a emporté face à Marion Maréchal, grâce notamment à l'électorat de gauche après le retrait du candidat du PS de l'époque, un certain... Christophe Castaner. En 2021, Renaud Muselier l'emporte face à Thierry Mariani, avec 57,3% des voix contre 42,7% pour le candidat RN. Et on rappellera Orange, dans le Vaucluse, dirigée par Jacques Bompard, de 1995 à 2021 et depuis 2021 par son fils, Yann Bompard sous l'étiquette Ligue du Sud, un parti créé par Jacques Bompard et d'ex-FN. A Saint-Raphaël, David Rachline occupe le siège de maire depuis 2014, année où il est également élu sénateur. Dimanche, Jordan Bardella a obtenu dans le Sud, 38% des voix.

Loi PLM, Marseille en Grand : le cas particulier de Marseille

La dissolution de l'Assemblée nationale suspend, de fait, certaines réformes législatives. Au rang desquelles se trouve la réforme de la loi PLM. Cette loi, qui régit la tenue du scrutin électoral municipal, fait partie des sujets que le président de la République a souhaité revoir. Vieux serpent de mer, la réforme voire la suppression de ce mode de scrutin, a divisé et divise encore. Renaud Muselier, en chef de file de la droite locale, répète à l'envie son opposition à un scrutin direct, où les électeurs votent directement pour le maire quand aujourd'hui les votes sont à l'échelle de secteur ou d'arrondissement pour les trois plus grandes villes de France. C'est le député de Paris, Damien Allard qui avait été missionné pour retravailler le sujet. Probable que la réforme restera dans l'œuf.

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Autre impact pour la deuxième ville de France : quid du Plan Marseille en Grand ? Doté d'une enveloppe de 5 milliards d'euros avec des retombées en financement estimées à 15 milliards d'euros, il a vocation à permettre à la cité phocéenne de se mettre en avance de phase, de lever les freins notamment sur la mobilité et de réhabiliter les écoles. Depuis fin 2023 et le dernier remaniement, c'est la ministre en charge de la Ville et de la Citoyenneté, Sabrina Agresti-Roubache, originaire de Marseille et fine connaisseuse du contexte local, qui supervise et pilote le bon déroulement de ce plan d'envergure, voué à servir de laboratoire et de test grandeur nature. Qui pour reprendre le suivi de ce Plan entré en phase d'accélération selon le souhait même de la ministre ? Le Plan Marseille en Grand subsistera-t-il dans son intégralité ? Autant de questionnements qui sous-tendent les élections législatives à venir. Et dont les réponses ne seront pas immédiates...

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Commentaire 1
à écrit le 11/06/2024 à 19:17
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Ciotti ressemble étrangement à Ploncard D'assac !

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