Conseiller scientifique de l'IHU : Renaud Muselier en appelle à un « besoin de sérénité »

Alors que le président du conseil scientifique de l’IHU Méditerranée Infection devait être désigné le 10 avril dernier, l’identité du candidat pressenti – l’immunologue Eric Vivier – a provoqué l’agacement de Renaud Muselier, membre du conseil d’administration. Qui l’a fait immédiatement savoir. Et qui explique pourquoi le retour possible à Marseille de celui qui est parti diriger le Paris Saclay Cancer Center, n’est pas une bonne idée. Question d’équilibre et « de calme », aussi bien pour l’IHU que pour Marseille.
(Crédits : DR)

Cela devait être une formalité. Il n'en n'a rien été. La nomination du nouveau président du conseil scientifique de l'IHU Méditerranée Infection était bel et bien à l'ordre du jour du conseil d'administration qui s'est tenu le 10 avril dernier. Sauf que ce qui devait se dérouler selon une mécanique habituelle et bien huilée s'est enrayée sur deux éléments qui ont profondément agacé Renaud Muselier. Une information rapportée par La Provence.

Membre du conseil d'administration au titre des personnalités fondatrices de l'IHU, le président de la Région Sud s'est d'abord étonné du flou laissé sur l'identité exacte du candidat pressenti pour devenir le président du conseil scientifique. Une « étrangeté » qui soulève alors son interrogation d'autant que deux autres membres du conseil scientifique doivent également être désignés.

IHU et MIB, deux structures qui confortent la filière santé

Or, pour ces derniers, leur CV respectif est bel et bien adjoint aux documents. « Nous ne pouvons pas désigner un président mystère », s'énerve alors Renaud Muselier. Un agacement qui ne diminue pas lorsque l'identité du candidat proposé est alors révélée : Eric Vivier, très bien connu à Marseille pour avoir dirigé le centre d'immunologie de Marseille-Luminy et pour avoir exercé au sein de l'AP-HM, a par ailleurs contribué à la création de Marseille Immunopôle, le cluster dédié qui permet de placer Aix-Marseille sur l'échiquier a minima européen en la matière. Il est également l'un des co-fondateurs de la biotech Innate Pharma. Et il est depuis 2022, le président du Paris Saclay Cancer Cluster.

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Un choix qui ne plaît pas vraiment à Renaud Muselier et que le président de la Région Sud explique par sa volonté de préserver le climat à Marseille et dans la filière recherche.

Car Marseille dispose aussi d'un biocluster en immunologie. Trois seulement existent en France. Outre Marseille, Lyon et Paris ont également obtenu cet outil destiné à conforter la compétitivité de l'Hexagone en matière d'immunologie. Dans la Cité phocéenne, ce MIB - pour Marseille Immunology Biocluster - bénéficie d'une importante enveloppe dans le cadre de France 2030 : pas moins de 97 millions d'euros sur un appel à projet global doté de 400 millions d'euros.

Préserver l'équilibre

Sauf que Marseille Immunology Biocluster est présidé par le professeur Daniel Olive, également immunologue. Et l'entente entre les deux professionnels de l'immunologie serait pour le moins compliquée, selon Renaud Muselier qui connait l'état des relations entre les deux professeurs et craint les conséquences que cela aurait sur les deux institutions, ce qui nuirait au final à Marseille, à la recherche et aux projets.

Or l'IHU Méditerranée Infection sort doucement du tumulte qui a suivi les prises de position de son ancien directeur, Didier Raoult, lors de la pandémie. Hors de question pour le président de la Région Sud de contribuer à créer de possibles tensions qui seraient préjudiciables au territoire comme à la filière. « Il existe un écosystème à Marseille avec la Faculté de médecine, Aix-Marseille Université, des centres de recherche, des laboratoires... Tout le monde doit travailler ensemble », rappelle Renaud Muselier. « Marseille a besoin de calme, la recherche a besoin de calme. Nous devons faciliter les additions, nous ne devons pas fabriquer des fractures ».

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Une autre candidature ?

A ceux qui y voient un geste politique, Renaud Muselier répond intérêt du territoire et déplore que certains membres du conseil d'administration de l'IHU se soient tus lors de la réunion du 10 avril mais aient retrouvé le sens de la formule dans la presse, « en déformant ce qui s'est passé ».

Désormais c'est à Eric Berton, le président d'Aix-Marseille Université, Pierre-Edouard Fournier, le directeur de l'IHU (successeur de Didier Raoult depuis 2 ans) et à Emmanuelle Prada-Bordenave, la présidente de l'Institut de travailler à une nouvelle copie. Le prochain conseil d'administration est prévu pour se tenir au moins de juin. La candidature initiale à la présidence du conseil scientifique sera-t-elle maintenue ou pas ?

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