A Marseille, le multiple enjeu de l'héritage des JO

2/2 - Les grands événements sont souvent synonymes de retombées, économiques, en termes d’attractivité, mais aussi en termes d’image. Soit de multiples façons de jouer aussi sur un temps long – et pas uniquement sur un effet immédiat - et de faire perdurer les bénéfices obtenus. Si le sujet de l’héritage des JO 2024 concerne volontiers les infrastructures, il est aussi question de l’impact pour les entreprises, un sujet que porte notamment le Fonds Héritage, tourné vers le lien à créer entre le monde économique et les athlètes.
(Crédits : DR)

Si les grands événements sont toujours facteurs d'attractivité, d'image positive renforcée, de retombées économiques à différents termes, les Jeux Olympiques revendiquent une capacité à être également un levier RSE. Outre le fait de vouloir être des JO durables, ce rendez-vous sportif international n'est pas moins un vecteur de cohésion entre sphère sportive et sphère économique.

Un Fonds pour lier sport et entreprise

En effet, l'héritage ne se contient pas uniquement aux infrastructures, bien qu'elles soient la partie émergée de l'iceberg. Lier le monde économique et le monde sportif c'est tout le travail mené par le Fonds Héritage, né à Marseille en 2019 d'une initiative portée par le Comité régional olympique et sportif (CROS), la Région Sud, la CCI Aix-Marseille Provence et la Maison régionale de la performance. Si la question de la commande publique et de la réponse aux appels d'offres a été encouragée par les acteurs économiques, il a encore été difficile pour les PME du territoire de se jeter à corps perdu dans l'exercice, pour de multiples raisons. Pour autant, c'est avec l'initiative « 1 sportif, 1 entreprise » que le Fonds Héritage a initié une autre façon de créer un lien durable entre les deux mondes. Parrainé par l'ancien nageur Fabien Gilot, médaillé d'or olympique et licencié du Cercle des Nageurs de Marseille, désormais entrepreneur, le Fonds s'est donné très vite comme objectif celui d'accompagner 140 athlètes en levant un million d'euros, le tout en s'appuyant sur le mécénat. Un mécénat taillé sur mesure car - et c'est clairement une partie immergée de l'iceberg - nombreux sont les sportifs de haut niveau vivant sous le seuil de pauvreté, « 50% des sportifs membres de l'Equipe de France », précise même Nicolas Leccia, chargé du développement du Fonds Héritage. Pour l'heure, 20 athlètes et parathlètes sont accompagnés par 20 mécènes, de grandes entreprises du territoire telles Onet, Sodexo Live, CMA CGM (propriétaire de La Tribune, NDLR), Hammerson (propriétaire du centre commercial, Les Terrasses du Port, NDLR) ou des grandes PME comme le cabinet d'architecte 331 Grand Large, le spécialiste de la vente, location et installation de matériel technique pour les événements, Mediacom, l'école My Ambition ou le Sofitel Vieux-Port.

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Combler les besoins en compétences

Un dispositif de mécénat qui a pour vocation à accompagner les sportifs, non pas uniquement dans leur préparation olympique, mais à leur ouvrir également plus facilement et plus grandement, les portes de la reconversion. C'est le sens de l'implication de Medinsoft, l'association qui regroupe les entreprises du numérique des Bouches-du-Rhône et qui y voit, par exemple, la possibilité de faire converger deux besoins : pallier les carences en profils numériques tout en offrant une continuité de carrière aux athlètes. « La filière fait face à des nombreux besoins en recrutement, non comblés. Nous avons également besoin de féminiser cette filière et de sensibiliser très tôt, les plus jeunes », indiquait à La Tribune Dimanche, la présidente de Medinsoft, Stéphanie Ragu. Une approche emploi qui fait beaucoup de sens, le sujet de la reconversion des sportifs étant peu évoqué alors qu'il fait aussi partie des enjeux de conservation des talents.

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Après 2024, horizon 2026 et 2030

A moins de six mois du début des Jeux Olympiques 2024, le Fonds Héritage souhaite accélérer, soulignant combien « de nombreux athlètes ont besoin de soutien » et que pour les entreprises, outre la défiscalisation du montant consacré comme le dispositif du mécénat le permet, c'est là une façon de renforcer les actions RSE. Et Nicolas Leccia de faire le parallèle entre le sportif et le chef d'entreprise, tous les deux engagés dans une stratégie de réussite, prêt à faire les sacrifices nécessaires, portant une vision, passionnés. Un Fonds qui s'inscrit lui-même dans la durée puisque l'aventure ne s'arrêtera pas en 2024 mais se poursuit avec en ligne de mire les JO2026 de Milan et les JO2030 des Alpes françaises dont le Sud est très largement partie prenante. Sans doute le temps fera son œuvre pour permettre à l'initiative d'être comprise et inclus dans les stratégies des entreprises. Car outre le besoin sportif, c'est un besoin de société dont il est aussi question. Et alors que le sport a été décrété Grande cause nationale, il regroupe autant des sujets d'inclusion, de santé que de développement économique.

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