Candidature des Alpes françaises : ces JO d’Hiver aux enjeux durables

Annoncée en juillet dernier, la candidature des Alpes du Sud – qui unit Provence Alpes Côte d’Azur et Auvergne-Rhône-Alpes – prend un tour nouveau puisqu’après un an d’échange informel avec le Comité national olympique et sportif français, c’est comme un seul homme que les présidents des deux régions s’apprêtent à déposer candidature officiellement. Des JO d’Hiver 2030 qui apparaissent surtout, au-delà de la jolie vitrine, un laboratoire grandeur nature inespéré pour tester des solutions et une façon de mettre en avant toute une filière économique tournée plus qu’on ne l’imagine vers la neutralité carbone. Un tout susceptible aussi de modifier sensiblement l’image du Sud.
(Crédits : DR)

L'idée était presque partie comme une boutade, lancée début 2022 par Renaud Muselier. Mais l'idée, immédiatement et largement reprise par les responsables économiques et politiques a fait - sans jeu de mot - boule de neige. Au point de s'ancrer rapidement dans les esprits et de devenir un objectif concret : accueillir, en 2030, les Jeux Olympiques d'Hiver dans le Sud.

Il faut dire que le sujet olympique n'est pas totalement nouveau dans la région. Les grands événements sportifs sont déjà passés par là, la dernière Coupe du monde de rugby comme les compétitions de voile et de football des prochains JO de Paris 2024, qui auront comme terrain de jeu Nice et Marseille, avalisent l'idée. Surtout que dans le projet, Auvergne-Rhône-Alpes apporte aussi sa connaissance de ce type d'épreuves, qu'elle connaît parfaitement ne serait-ce que pour avoir organisé les JO d'Albertville en 1992 et pour bénéficier d'infrastructures existantes, toutes prêtes à servir à nouveau.

Mais au-delà de la jolie image des Alpes du Sud unies dans un même projet, c'est clairement l'enjeu d'une compétition durable qui est le cœur du sujet.

2037 : objectif zéro carbone pour la montagne

Les Jeux Olympiques Paris 2024 sont déjà des JO qui se revendiquent durables. Et des JO respectueux de l'environnement, cela est désormais la norme.

Le respect de l'environnement et la protection du climat c'est l'obsession de Renaud Muselier, qui ne cesse de rappeler que la Région qu'il préside dispose d'un budget 100% vert, entièrement tourné vers la préservation climatique. On peut donc imaginer que sur le projet d'accueil de grande compétition sportive, Renaud Muselier ne déroge pas à la règle. Du côté de la filière professionnelle de la montagne, on est par ailleurs, bien dans le même objectif.

Et ce n'est pas autre chose que dit Laurent Reynaud. « La totalité de la profession est derrière cette candidature, même si elle ne concerne que les Alpes du Sud », affirme le directeur général de Domaines skiables de France. Une profession qui est certes supportrice de la candidature, mais pas seulement pour des aspects d'image ou d'attractivité. Les JO d'Hiver 2030 dans le Sud constitueraient surtout un parfait laboratoire en termes de transition écologique. Car comme d'autres secteurs, la filière s'est engagée dans la décarbonation de son activité, avec un objectif zéro émission à horizon 2037. 2030, serait donc une antichambre parfaite pour être en avance de phase.

Accélérer l'usage de l'hydrogène

D'abord pour faire une grande avancée sur l'activité qui génère le plus de gaz à effet de serre : le damage. Responsable de 95% des émissions de GES, le damage représente donc à la fois l'activité la plus polluante mais aussi celle qui peut très vite faire faire des pas de géant à l'usage de l'hydrogène. L'hydrogène qui est la solution unique, identifiée par les professionnels, comme remplaçant du gasoil. Ainsi que l'indique Laurent Reynaud, des prototypes pourraient être mis au point et dévoilés d'ici 3 à 5 ans. Soit 4 ans à 6 ans avant la tenue des JO d'Hiver 2030. Lesquels pourraient véritablement jouer un effet accélération qui servirait bien au-delà de l'activité damage elle-même, évidemment. Pour concrétiser des solutions pérennes, un écosystème hydrogène doit être disponible, c'est-à-dire, comprenant sites de production et solutions de distribution. Dans le Sud, la filière hydrogène est déjà bien constituée, faite de grands projets, d'entreprises innovantes et de startups disruptives. Elle pourrait ainsi devenir une première brique pour aller vite sur le sujet. La filière a d'ailleurs déjà commencé sa mue, une quinzaine de domaines exploitant un carburant HVO (pour Hydrotreated Vegetable Oil) fait de matières premières végétales, résiduelles ou de déchets. Un HVO que produit notamment TotalEnergies, dont le site de La Mède est depuis reconverti dans les énergies renouvelables.

Cibler le financement de la décarbonation

Comme pour savoir où on va, il est toujours bon de savoir d'où l'on vient, le bilan carbone est un premier pas qui tend à se généraliser. Selon Domaines skiables de France, 30% des domaines français ont déjà effectué leur bilan carbone, 12% sont en cours. Reste à convaincre les 58% restants. L'accueil des Jeux Olympiques pourrait, encore une fois, jouer un effet d'accélération non négligeable.

Côté financement de la transition écologique et énergétique, Domaines skiables de France - qui adhère par ailleurs au French Business Climate Pledge du Medef - s'est doté d'un outil, baptisé Fonds Génération Montagne, qui cible des actions d'intérêt général tournées vers l'environnement et le social. Si ce fonds ne peut évidemment pas être l'alpha et l'oméga du soutien financier, nul doute qu'il contribuer à faire effet de levier. Sachant qu'en 2022, l'investissement total des domaines skiables tricolores s'est élevé à 380 millions d'euros, en augmentation d'un million d'euros par rapport à l'année précédente.

Reste cependant, la pierre d'achoppement de la neige de culture. Un vrai-faux problème pour Laurent Reynaud qui rappelle que non la neige de culture produite en France n'est pas polluante car ne contient aucun adjuvant et qu'elle ne fait que reproduire les conditions naturelles d'enneigement, en brumisant de l'eau sous pression dans l'air froid ambiant. « Des solutions avec des températures positives commencent à émerger », tient à souligner le directeur général de Domaines skiables qui espère des possibles JO d'Hiver dans les Alpes du Sud comme meilleure promotion pour « mettre les projecteurs sur un savoir-faire » qui mérite d'être davantage dans la lumière.

L'union, la force et regarder dans la même direction...

C'est aussi évidemment tout le sujet de l'attractivité - touristique certes - des métiers qui est également en jeu. Pour rappel, le ski représente 18.000 emplois directs et 120.000 emplois indirects.

Si donc la profession de la montagne est vent debout derrière la candidature des Alpes du Sud, le citoyen de Provence Alpes Côte d'Azur aussi semble y être favorable, ainsi que le mentionne un sondage Ifop pour la Région Sud qui fait état de 73% de personnes interrogées qui se disent favorables à la tenue des JO et JO paralympiques qui soient respecteux de l'environnement. La route est cependant encore longue. La prochaine étape est prévue le 7 novembre prochain pour un dépôt de candidature officiel. Un an après, la boutade est devenue un vrai projet de territoire. Et quel que soit le résultat, il aura contribué à renforcer l'image du Sud. Sous le soleil, il y a la plage... et la montagne.

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Commentaires 4
à écrit le 31/10/2023 à 12:30
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On finit à peine de payer les crédits des JO d'Albertville ? Allez vois la page wikipedia des Jo d'Albertville pour les chiffres, mais à moins de réutiliser les équipements de l'époque alors NON.

le 31/10/2023 à 18:09
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Muselier, c est PACA donc aucune chance de reutiliser les installation d albertville. Et comme l a dit le grand economiste F Hollande, c est gratuit, c est l etat qui paie :-(

à écrit le 31/10/2023 à 10:01
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Incroyable ! Les JO de paris sont en train de tourner au gouffre financier (pas une surprise) et on veut remettre ca ? Quant est ce que ca va s arreter cette gabegie ? Pourquoi il n y a qu en France et dans des dictatures qu on fait les JO.

à écrit le 31/10/2023 à 8:28
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Je n'en veux pas. Les fiascos financiers supportés par les contribuables, je n'en veux plus. Quant aux évolutions climatiques ....

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