A Marseille, le multiple enjeu de l'héritage des JO

1/2 - Les grands événements sont souvent synonymes de retombées, économiques, en termes d’attractivité, mais aussi en termes d’image. Soit de multiples façons de jouer aussi sur un temps long – et pas uniquement sur un effet immédiat - et de faire perdurer les bénéfices obtenus. Si le sujet de l’héritage des JO 2024 concerne volontiers les infrastructures, il est aussi question de l’impact pour les entreprises, un sujet que porte notamment le Fonds Héritage, tourné vers le lien à créer entre le monde économique et les athlètes.
La Marina, au Roucas Blanc, à Marseille a bénéficié d'un investissement afin de rendre l'infrastructure compatible avec l'accueil des épreuves de voile des JO24
La Marina, au Roucas Blanc, à Marseille a bénéficié d'un investissement afin de rendre l'infrastructure compatible avec l'accueil des épreuves de voile des JO24 (Crédits : DR)

Les Jeux olympiques et paralympiques de l'été sont sans aucun doute l'évènement majeur de l'année 2024, mettant la France sous un regard international majeur. Une exposition aux yeux du monde qui va être également bénéficier au Sud et à Marseille, où les attentes sont nombreuses. « Nous devons faire de ces jeux un succès économique », ne cesse de répéter le président de la chambre de commerce et d'industrie d'Aix-Marseille-Provence (CCIAMP). L'accueil des épreuves de voile et de football étant pour Jean-Luc Chauvin, d'abord la mise en avant de la capacité de la Cité phocéenne à pouvoir accueillir de grands évènements « comme Beyoncé, le Pape ou le mondial de rugby » en 2023. Un continuum en quelque sorte qui fait du bien à l'image du territoire.

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C'est surtout l'occasion de « montrer le meilleur de nous-même » en profitant de ces projecteurs braqués sur Marseille, estime le président de la CCIAMP, qui se réjouit surtout des « montants durablement investis ». Et de donner l'exemple de l'aéroport Marseille Provence - dont la chambre consulaire détient un quart de l'actionnariat - pour lequel la modernisation du terminal « n'aurait peut-être pas obtenu les fonds nécessaires sans les JO ». Un constat qui vaut, dit-il encore, pour l'infrastructure routière qui relie l'aéroport aux villes en proximité.

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En 2012, 200 millions d'investis dans les infrastructures

Les retombées économiques générées par les épreuves de voiles, et certains matches de football, sont difficiles à estimer. Les dernières éditions des Jeux Olympique se sont déroulées à Tokyo et Rio, où se concentraient toutes les épreuves. Il faut donc remonter à Londres en 2012 pour voir la voile se délocaliser à trois heures de la capitale anglaise à Weymouth, une ville plus de dix fois moins peuplée et étendue que Marseille. Pour les dix ans de l'évènement, le journal local Dorset est revenu sur l'héritage laissé. Au-delà des souvenirs nostalgiques de l'ambiance dans la ville durant les épreuves, un habitant estime que le tourisme s'est développé grâce notamment à l'arrivée de davantage de bateaux de croisière.

Mais il évoque également « les investissements dans les infrastructures et les routes, dont nous profitons encore ». Le journal chiffre à 177 millions de livres sterling, soit un peu plus de 200 millions d'euros, les investissements réalisés dans le cadre des JO sur des projets de modernisation des transports, d'amélioration de la voirie ainsi que du bord de mer et même l'accès à internet. A Marseille, les JO ont souvent représenté une date fixée comme un objectif pour terminer différents travaux d'aménagement, mais hormis l'aéroport - si l'on s'appuie sur les dires de Jean-Luc Chauvin -, seule la Marina dédiée aux épreuves de voile - et dont l'investissement, partagé entre plusieurs collectivités, s'élève à près de 50 millions d'euros - est le résultat d'un investissement olympique.

Des retombées difficiles à évaluer

Lorsque l'on parle d'héritage de grands évènements, le sujet du montant des retombées économiques s'avère toujours délicat. Pour Marseille, et plus largement le territoire, elles sont annoncées « de 150 à 200 millions d'euros » avance Jean-Luc Chauvin qui précise que cette donnée est estimée par le comité d'organisation (COJOP). Un montant toujours très discuté sur ce type de manifestation car assez flou sur son calcul. Pour ce qui est des JO aucune étude ne permet de confirmer ou infirmer de tels revenus, notamment pour une ville qui n'accueille qu'une partie des épreuves.

Pour rappel, la voile se déroule entre le 28 juillet et 8 août et représente 12.000 billets qui ont tous été vendus. 35% ont été achetés par des étrangers indiquait Cédric Dufoix, directeur d'exploitation des sites des JO 2024, sur BFM Marseille Provence en novembre. Concernant les épreuves de football, 10 matches sont prévus au stade Vélodrome, cinq en équipes masculines et cinq en équipes féminines, des équipes concernées ne sont pas toutes connues. Des billets pour l'enceinte de 65.000 places sont toujours disponibles.

Des visiteurs qui restent dans le Sud

En cas de guichet fermé sur toutes les rencontres, l'ensemble des épreuves marseillaises réuniraient 662.000 supporters ou visiteurs. Chacun devra dépenser en moyenne 226 euros pour atteindre la barre des 150 millions d'euros. A noter qu'au-delà des lieux où se déroulera la compétition, une fan zone va être créée. Le Dorset rapporte qu'à Weymouth, une enquête avait conclu à une dépense de 23 livres par touriste. Mais la chambre de commerce locale souligne que la vie nocturne avait fortement bénéficié des Jeux.

Chez les hôteliers, aucune forte hausse des réservations n'est pour l'instant constatée. « Il y a les réservations des délégations et des sportifs », rétorque Jean-Luc Chauvin. « Les personnes qui viendront devraient rester plusieurs jours et visiter la région, c'est en tout cas les premiers signes que nous voyons en regardant les achats de ticket de transport par exemple », s'avance le président de la chambre consulaire. Au-delà de la période des JO, l'arrivée de la flamme à Marseille le 8 mai, pour laquelle les collectivités prévoient de dépenser au total 2 millions d'euros, devrait également susciter un fort engouement.

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