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Carbon sait frapper là où on ne l'attend pas. Alors que tous les yeux et les attentions se portent sur 2026 et Fos-sur-mer, là où la gigafactory solaire doit s'installer en promettant une production annuelle de 5GWc, le consortium originaire de Lyon a profité de Choose France pour annoncer le lancement d'une première brique industrielle, baptisée Carbon one.
Carbon one comme une première promesse réalisée de venir apporter au marché français et européen une solution made in France. Car c'est bien le sens de ce Carbon format plus modeste mais pas moins ambitieux.
Ambitieux car Carbon one est à la fois le proof of concept d'une volonté affichée de souveraineté énergétique et le démonstrateur qui doit continuer de convaincre partenaires et financiers.
Le consortium d'ailleurs, ne s'en cache pas, soulignant la « concrétisation » d'une vision avec la mise en place d'une unité pilote, laquelle prévoit de produire 500 MWc soit plus d'un million de panneaux solaires ce qui représente 10% de ce que la gigafactory produira à terme. Une concrétisation aussi dans le temps puisque Carbon one sera opérationnelle à l'automne 2025, soit un an avant la concrétisation de la giga-usine à Fos-sur-Mer.
Preuve de concept et accélérateur
Clairement, Carbon veut accélérer. Question de momentum politico-économique et de besoin à combler.
Momentum car le Pacte Solaire présenté par le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, montre la volonté de l'Etat de soutenir la filière.
Momentum aussi car la demande est là comme le souligne la direction à La Tribune. « La demande de panneaux photovoltaïques va augmenter et nous voulons y répondre au plus tôt ».
En d'autres termes, les planètes sont alignées et c'est le moment de préempter le marché, de montrer que Carbon est un acteur avec lequel il va falloir compter.
C'est aussi une façon de structurer davantage les relations avec les partenaires industriels du projet, pour ce qui est de la R&D également, Carbon one fonctionnant un peu comme un banc d'essai, en testant grandeur nature les procédés de production aussi bien en termes d'automatisation, de robotisation que de digitalisation, permettant d'ajuster ce qui doit l'être.
Reste à savoir où cette première brique industrielle va s'installer. Pour l'heure Carbon étudie plusieurs pistes en France métropolitaine. Le Sud, Auvergne-Rhône-Alpes ou ailleurs ? « Nous étudions plusieurs options en France, dans des territoires très variés », consent à dire la direction de Carbon, qui entend « sélectionner le site le plus adapté ».
Prévu pour occuper entre 5.000 m2 et 10.000 m2, Carbon one, qui mobilise un investissement de 40 millions d'euros (Capex plus BFR notamment pour le stock des matières premières) s'installera dans des bâtiments existants à louer ou à acquérir selon les opportunités.
Une stratégie comparable à celle d'une autre gigafactory ?
Cette volonté de répartir les investissements et les unités de production dans divers territoires, Carbon ne l'a jamais caché, indiquant dès l'origine son intention de ne pas se cantonner au seul territoire de Fos-sur-mer et des Bouches-du-Rhône.
« Nous avons conservé notre siège social à Lyon et créé une filiale dans le Sud pour exploiter le site de Fos-sur-Mer. Pour l'instant, nous allons demeurer sous cette configuration car Carbon porte d'autres projets en parallèle, qui pourraient encore déterminer quel sera notre barycentre », expliquait à ce propos à La Tribune une source interne à Carbon il y a quelques semaines. Une stratégie et un découpage qui n'est pas sans rappeler celui mené par l'isérois Verkor, qui nourrit lui aussi un projet de gigafactory de batteries près de Dunkerque, dont la production doit démarrer courant 2025, notamment pour équiper la gamme Alpine du constructeur Renault. La pépite iséroise avait en effet annoncé en mars 2022 une forme de « compensation » aux pouvoirs publics de son berceau local avec l'installation, sur un ancien site industriel de Schneider Electric, d'un Verkor Innovation Center. Une nouvelle implantation comprenant à la fois un laboratoire de R&D, visant à « innover, concevoir et valider les produits avant de les industrialiser à grande échelle sur d'autres sites ». En sera-t-il de même pour Carbon ?
Carbon - qui pour rappel, va créer 3.000 emplois directs et 9.000 emplois indirects - poursuit également son tour de table pour conclure la levée de 80 millions d'euros en cours sachant que le coût global du projet s'élève à 1,7 milliard d'euros. La prochaine étape au calendrier devrait avoir le retour définitif de la CNDP à l'automne prochain.
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