On imaginait mal le président de la République ne pas passer par le port de Marseille Fos lors de son séjour marseillais tant le GPMM est un élément - et un atout - du Plan Marseille en Grand. Un Port qu'Emmanuel Macron avait clairement dit vouloir être aussi un « Port en Grand ».

Si d'autres sujets et d'autres défis concernent Marseille Fos, dont le président du conseil de surveillance est l'ancien ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, l'annonce, faite lors de la présence présidentielle par Rodolphe Saadé lui-même d'un investissement dans le projet Carbon, sonne comme une très bonne nouvelle non seulement pour le consortium lyonnais mais aussi pour le tissu industrialo-portuaire dans son ensemble.

Soutenir et accélérer les objectifs de décarbonation

Un apport financier réalisé via le Fonds Énergies que le PDG de CMA CGM (pour rappel, le groupe a déposé une offre de rachat de La Tribune le 26 mai dernier) a créé en septembre 2022. Doté d'une capacité d'investissement de 1,5 milliard d'euros en 5 ans, ce fonds vise à accompagner le groupe dans ses projets de décarbonation mais aussi le secteur maritime lui-même. Sur l'enveloppe totale, 200 millions d'euros sont d'ailleurs dédiés à la filière maritime, afin de financer des projets d'innovation. Les sommes sont gérées par Bpifrance qui en définira les critères d'attribution. Une filière qui a des ambitions de décarbonation à horizon 2050 et qui est particulièrement scrutée.

Pour CMA CGM, l'enjeu est multiple : il s'agit à la fois de s'intéresser aux différents carburants verts mais aussi aux différentes solutions innovantes qui permettent également de décarboner l'outil industriel.

En juin dernier, dans un entretien accordé à La Tribune, Michel Sirat, vice-président exécutif, Stratégie & M&A, en charge du Fonds Énergies détaillait les investissements déjà réalisés en 6 mois. « Nous avons investi dans des sujets de biocarburants, mais aussi dans des startups, de façon directe comme indirecte ».

Des startups dont Waga Energy - spécialiste de la valorisation du gaz des déchets basé en Auvergne Rhône Alpes - ou EarthWake, installée à Paris et Nice, qui transforme les déchets en carburant.

Des participations dans d'autres fonds ont également été actés, comme dans Swen Capital, orienté sur les carburants durables.

Élément de souveraineté française

Si le montant de l'investissement consenti par CMA CGM n'est pas communiqué, différentes sources estiment son montant à 10 millions d'euros.

Engagé dans un tour de table, le consortium porté par Pierre-Emmanuel Martin se voit apporter un soutien particulièrement significatif. Car le montant global du projet de la gigafactory française s'élève à 1,5 milliard d'euros. Différents profils d'investisseurs sont sollicités. Il y a quelques jours, la Région Sud s'est engagée elle aussi financièrement aux côtés de l'entreprise industrielle à hauteur de 15 millions d'euros. Avec son usine de fabrication de panneaux solaires et une promesse de production de 5 GW, Carbon est clairement une réponse aux ambitions de souveraineté française. 3.000 emplois sont prévus, ce qui est significatif pour le territoire.

Accompagné par RisingSud, l'agence de développement économique et d'attractivité de la Région Sud, le projet de Carbon bénéficie de la réserve foncière du Grand Port Maritime. Un élément qui s'est montré déterminant dans le choix de Fos comme lieu d'implantation face à d'autres destinations.