On en trouve sur les toitures, sur les parkings, sur certains terrains en friche et désormais même flottant sur des bassins d'eau... Les panneaux photovoltaïques se développent de plus en plus en France là où des mètres carrés sont disponibles. Une tendance qui n'échappe pas aux acteurs de ce secteur qui cherchent à occuper ce foncier disponible. En témoigne Tysilio qui espère mettre à profit son expérience pour se développer dans l'Hexagone. Née en 2016, cette entreprise basée au technopôle de l'Arbois à Aix-en-Provence et qui propose à la location des solutions de production d'énergie solaire pour les professionnels a, jusqu'à présent, surtout oeuvré en Afrique.

Lire aussiTysilio met l'Afrique au cœur de sa stratégie

Mais la donne change. En 2023, la moitié des deux millions d'euros de chiffre d'affaires provient de la France. « Et pour 2024 nous visons quatre millions d'euros, toujours à 50-50 avec l'Afrique », précise Nicolas Pagès, co-fondateur de la société. Cet équilibre marque un changement radical, puisque auparavant l'Afrique représentait la quasi-totalité de l'activité. Sur une cinquantaine d'installations déployées par Tysilio, la majorité est en Afrique subsaharienne où l'installation de panneaux solaires répond d'abord au besoin primaire d'obtenir de l'énergie alors que les réseaux y sont peu fiables. « En Afrique, ce n'est pas la personne qui s'occupe de la RSE qui vous reçoit mais le directeur financier », illustre l'entrepreneur.

Un impact sur le business des industriels

L'approche n'est pas encore à ce niveau-là en France, mais elle a tout de même grandement changé depuis la crise énergétique. « Le marché français a passé un cap », constate aujourd'hui Nicolas Pagès. « Les professionnels en France n'étaient pas assez sensibilisés sur la production solaire et l'impact qu'elle peut avoir sur le business », embraie-t-il. L'envol du coût de l'énergie a en effet fait prendre conscience que les prix de l'électricité peuvent aussi être flexibles. Une aubaine pour Tysilio.

Pour Nicolas Pagès, « produire sur place permet de redonner du pouvoir aux détenteurs de foncier ». La PME de 17 salariés, dont la moitié est à Aix-en-Provence et les autres collaborateurs répartis dans les différentes filiales allemandes, sénégalaises, togolaises et maliennes, s'adresse aux professionnels. Elle propose un équipement mobile au sol d'autoconsommation pour la moyenne et forte puissance. Une installation à louer afin de s'affranchir du frein que peut représenter l'investissement dans ce type de matériel pour un client.

Produire et mieux gérer l'énergie

Pour se développer, l'entreprise provençale ne mise pas uniquement sur sa solution de matériel de production d'énergie solaire. « La gestion de cette énergie est un enjeu de plus en plus crucial », note Nicolas Pagès qui revendique dans ce domaine « une expertise de plus en plus marquée ». Une compétence soutenue par un pôle innovation qui travaille sur l'interface entre la production et l'usage de l'énergie par l'industriel. En clair, il conçoit des outils pour traiter au mieux la donnée afin d'adapter la stratégie à définir. L'idée est d'utiliser la production solaire et la batterie, au lieu d'un habituel générateur diesel, au mieux et selon les souhaits du client. « Cela peut être pour un site isolé qui voudrait conserver une réserve de 50% de sa batterie en cas de problème, il est possible de décider qu'une fois la consommation à ce stade le générateur prend le relais », illustre Nicolas Pagès.

Autre enjeu, celui de trouver des espaces et des clients. Tysilio vise « le foncier perdu des industriels », autrement les parties d'un terrain qui ne sont pas occupées par l'usine en tant que tel, les routes ou les parkings. Surtout, la PME espère séduire des dirigeants hésitants avec sa solution déplaçable et proposée en location. « Nous pouvons nous adapter aux évolutions d'une entreprise qui voudrait s'agrandir ou réorganiser son site », défend Nicolas Pagès. Une approche qui permet également de rentrer dans les clous de la zéro artificialisation des sols.