Comme souvent dans le monde de l'innovation, l'accélération peut être aussi soudaine que prometteuse. Le rapprochement annoncé entre Quantum Genomics et ExactCure est de celle-ci. La première, société biopharmaceutique installée à Paris, s'est spécialisée dans le développement de nouvelles thérapies pour des besoins médicamenteux non satisfaits. Mais en 2022, l'arrêt du développement du firibastat, sa molécule dédiée au traitement de l'hypertension, alors en phase III, a signifié un stop à sa stratégie de développement, l'obligeant alors à un redéploiement.

Et c'est peut-être avec ExactCure que Quantum Genomics va trouver un nouvel élan. Née à Nice en 2018, cette medtech s'est appuyée sur le principe de pharmacocinétique (l'étude du devenir du médicament dans l'organisme NDLR), pour développer un jumeau numérique capable de simuler la réponse d'un patient à un médicament. Un double digital qui prend en compte le métabolisme, l'âge, les spécificités, allergies... L'objectif est d'éviter toute surdose, sousdose et les possibles interactions médicamenteuses.

L'enjeu du déploiement commercial

En cinq ans, ExactCure a maturé sa solution, gourmande de data pour devenir toujours plus performante et nourrir sa brique d'intelligente artificielle. Remarquée par bpifrance, elle est lauréate du concours i-Lab qui repère les deeptech prometteuses, teste son approche lors du CES Las Vegas un an après sa création. Mais ce sont les partenariats qui lui donnent l'opportunité de se muscler sur le terrain, tels ceux passés avec Vidal Sentinel ou UPSA. Avec ce dernier elle déploie l'application Med&Moi, destinée à éviter les risques de l'automédication.

En parallèle, ExactCure prend part à un programme européen, Sim Cardio Test, aux côtés de l'INRIA Sophia-Antipolis, programme qui s'intéresse aux maladies cardio-vasculaires, première cause de décès dans le monde.

En cinq ans, la medtech niçoise a également levé, au total, 7 millions d'euros, dont 1,4 million d'euros dans le cadre de France 2030.

C'est précisément la capacité financière de Quantum Genomics et sa cotation boursière qui pourront faire effet d'accélération pour ExactCure. Ce qu'explique Frédéric Dayan, le CEO et co-fondateur avec Fabien Astic et Sylvain Benito de la medtech : « notre rapprochement avec Quantum Genomics nous permettrait d'accélérer notre développement commercial ».

L'un des objectifs serait également d'élargir le portefeuille de médicaments simulés, de 5.200 à 10.000 médicaments.

D'autant que les marchés ciblés par ExactCure sont larges, de l'industrie pharmaceutique aux structures de soin et aux assurances. Pour rappel, la medtech niçoise a notamment été accompagnée par l'Accélérateur Allianz.

Le défi de la médecine personnalisée

Si les négociations sont tout juste entamées, un cas d'accord c'est Quantum Genomics qui absorberait Exactcure. Une fusion qui devrait - d'après le calendrier dévoilé - prendre effet au deuxième trimestre 2024. Jean-Philippe Milon, actuellement PDG de la société biopharmaceutique, assurerait la présidence du conseil d'administration, Frédéric Dayan devenant directeur général. La valorisation retenue est de 6 millions d'euros pour ExactCure comme pour Quantum Genomics.

En créant une nouvelle entité, Quantum Genomics et ExactCure assemblent leurs forces et surtout leurs compétences alors que le jumeau numérique participe aux objectifs de médecine personnalisée. Une médecine personnalisée qui représente un marché pouvant atteindre 99,24 milliards de dollars d'ici 2028.