Carbon Lab ou comment Carbon poursuit la structuration d’une filière photovoltaïque

Il y a eu, au printemps, l’annonce de Carbon One, cet accélérateur et démonstrateur de ce que promet Carbon qui sera en quelque sorte en avance de phase. Voici désormais Carbon Lab, le centre de formation qui va se poser à Istres, pas très loin de Fos-sur-mer. Une nouvelle brique qui vient avaliser le discours du consortium industriel, lequel défend l’idée d’une souveraineté industrielle à condition de structurer précisément toute la filière. Ce qui signifie additionner l’ensemble des briques nécessaires, en France. Carbon Lab qui vient un peu plus concrétiser l’ambition affichée par le projet de gigafactory, comme le défend Nicolas Chandellier, son directeur général.
(Crédits : DR)

Depuis mars 2023 Carbon à l'art de surprendre. Après la divulgation de son projet de gigafactory prévu pour prendre possession de 45 hectares à Fos-sur-mer, après l'annonce d'un Carbon One qui fera office de démonstrateur et d'accélérateur en amont du projet, c'est la promesse d'un centre de R&D et de formation, baptisé Carbon Lab et installé à Istres qui vient ajouter une brique supplémentaire et complémentaire à l'ensemble.

Une annonce non-attendue mais qui ne s'inscrit pas moins dans la vision et pourrait-on dire, la philosophie, que porte le consortium industriel.

Car ce que défend Carbon c'est la structuration d'une filière totale, seule réponse valable aux enjeux de souveraineté.

« Nous voulons construire une filière qui s'inscrive dans la durée, qui soit pérenne. Et cette pérennité va venir par l'innovation. Parce que nous n'avons pas vocation aujourd'hui à copier ce que font les autres et ce que font les Chinois. Cette innovation ne se décrète pas, elle se construit. Et pour la construire, évidemment, il faut des environnements et des centres de recherche, des chercheurs, une feuille de route qui doit comprendre la totalité des étapes de production », indiquait, il y a quelques semaines Nicolas Chandellier, le directeur général de Carbon, à La Tribune.

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Quand Carbon réhabilite l'ex-site d'Orano

Carbon Lab participe donc à cet enjeu de structuration. Centre de R&D, il va ainsi compléter les besoins de la gigafactory, tout comme le volet formation qui fait, lui, aussi, parti de l'enjeu de structuration. Finalement, ce que je cherche Carbon, c'est de se doter de toutes les briques correspondant à chaque étape de façon à générer sa totale indépendance. Or la formation n'est pas epsilon dans le processus global, d'autant que disposer des ressources humaines nécessaires permet le passage à l'étape opérationnelle sans mauvaise surprise.

En s'installant à Istres, sur l'ancien site d'Orano, Carbon rajoute une couche à la réindustrialisation voulu par la France puisque consortium va réhabiliter les bâtiments posés sur 13, 9 hectares et pour lequel un investissement de 33 millions d'euros HT est nécessaire, investissement porté uniquement par Carbon mais soutenu par France 2030. La Métropole Aix-Marseille Provence a voté en conseil métropolitain ce jeudi un rapport relatif à un bail à construction.

Pour rappel, Carbon a déposé son permis de construire de la gigafactory en avril dernier. Les discussions sur les dossiers environnementaux sont entamées, une deuxième réunion s'est tenue mi-juin, une troisième le sera en septembre avec une enquête publique prévue pour se tenir en octobre prochain.

Une gigafactory à Fos-sur-mer, cela a pu intriguer. Mais Nicolas Chandellier en défend l'idée, précisément par le positionnement géostratégique du bassin et de son Grand Port Maritime.

« Des gigafactory, d'autres en font, en France, en Europe, donc, ce n'est pas irréalisable. Par contre, il faut le faire de façon structurée et c'est précisément ce que Carbon propose. Nous avons fait des choix forts et Fos-sur-mer en est un. Car tout le volet logistique, transport, positionnement est stratégique. Ce n'est pas seulement fabriquer des produits, c'est posséder une infrastructure, un environnement qui permet d'avoir les entrants et qui permet de distribuer. Une gigafactory c'est la taille critique et nécessaire pour rendre pérenne une activité industrielle et pour la rendre compétitive. Et cette taille permet de capitaliser sur beaucoup de technologies d'automatisation et de digitalisation, ce qui est un peu la base de toutes ces industries aujourd'hui, par rapport à des acteurs, où qu'ils soient, y compris en Chine. Ce sont des investissements qui, certes, se comptent en milliards mais qui se concrétisent et qui avancent ».

Et d'insister encore sur les trois phases qui y seront réalisées.

« Aujourd'hui, dans le photovoltaïque, beaucoup vont faire la dernière étape (l'assemblage, NDLR), certains vont faire deux étapes mais aujourd'hui, Carbon est le seul projet de cette taille annoncé en Europe, qui va faire ces trois étapes (wafer, cellule photovoltaïque, assemblage, NDLR). De nombreux projets annoncés en Europe ne fabriquent que la cellule ou le module. Il existe donc un vrai enjeu de souveraineté et nous répondons à cet enjeu avec ce choix-là ».

Le permis de construire devrait, lui, être délivré fin d'année, début 2025 avec un début des travaux en avril 2025 et une livraison en 2026 puis une montée en puissance de l'usine pour atteindre sa capacité maximale d'ici 2027.

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Structuration financière et l'enjeu de la régulation

Côté financement, « nous sommes sur des cycles récurrents de levée de fonds », rappelle Nicolas Chandellier. Une levée de fonds d'un montant de 100 millions d'euros devrait être conclue d'ici fin 2024. Les actionnaires fondateurs ont, par ailleurs, réinjecté régulièrement en fonds propres tandis que des discussions avec plusieurs industriels se poursuivent. CMA CGM (actionnaire de La Tribune, NDLR) avait déjà annoncé pour sa part investir via son fonds Pulse, pour un montant qui, selon plusieurs sources, atteint 10 millions d'euros. Carbon qui bénéficie également du soutien de la Région Sud, pour 55 millions d'euros et du C3IV, ce crédit d'impôt dédié aux entreprises créant les équipements, les composants ou les matières premières des énergies vertes.

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Nicolas Chandellier qui insiste sur la nécessité d'un cadre régulatoire stable capable « d'incentiver, récompenser, favoriser une partie du marché sur une fabrication avec un contenu européen et français. Ce cadre régulatoire est en train d'être construit. Le Pacte solaire (lancé par Bruno Le Maire au printemps, en déplacement dans le Sud, NDLR) était une pierre fondatrice de comment va se déployer, s'articuler, de façon engageante, la régulation. Le Pacte solaire définissait les premières règles ». En ayant le produit le plus européen, Carbon espère ainsi provoquer l'enthousiasme des investisseurs. Reste à savoir si le Pacte solaire demeurera effectif post-Législatives.

Quoiqu'il en soit Carbon poursuit sa roadmap. Et envoie un signal significatif à toute la chaîne industrielle de l'énergie verte. En France, mais pas seulement...

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