A Marseille, à qui vont profiter les Jeux Olympiques 2024 ?

En organisant dans la Cité phocéenne des épreuves de football - dix matchs sont prévus au stade Vélodrome - et de voile, les Jeux Olympiques Paris 2024 génèrent beaucoup d'attentes, notamment pour ce qui est des retombées. Un impact difficile à chiffrer, qui devrait avant tout profiter au secteur de l'hébergement et à ceux qui opèrent dans les enceintes sportives.
(Crédits : DR)

La spectaculaire arrivée en mai dernier de la flamme olympique à bord du Belem dans le Vieux-Port a rappelé, s'il en était besoin, que Marseille va aussi avoir ses Jeux Olympiques. Un événement qui génère évidemment des retombées économiques, que nombre d'acteurs tentent de définir. « Entre 150 et 200 millions d'euros », relayait en début d'année Jean-Luc Chauvin, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Aix-Marseille-Provence (CCIAMP) en citant les chiffres du comité d'organisation des Jeux (COJOP).

Des retombées, souvent agitées par les acteurs publics, privés et le COJOP, notamment pour contrebalancer les dépenses nécessaires à ce type de manifestation. « Les collectivités investissent beaucoup d'argent, il est intéressant pour nous, en tant que CCI, de faire un retour », défend Jean-Daniel Beurnier vice-président de la CCIAMP et président du Club AMP24. Au sein du comité d'organisation, Gilles Verdure, chargé de l'attractivité économique, rappelle que dès le départ « l'ambition était d'entraîner les entreprises locales » en les incitant à répondre à des appels d'offres. A un peu moins d'un mois du premier match de football olympique à Marseille, Gilles Verdure avance que « 10 millions d'euros de prestations » ont déjà été réalisés par des entreprises de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Un montant appelé à augmenter lors de la compétition.

Des dépenses visiteurs et organisateurs

D'après le cabinet d'analyse financière Approbans, qui a mené une étude pour la Banque Populaire Méditerranée, les retombées totales des JO à Marseille sont estimées à 179 millions d'euros. Dans cette somme se distinguent deux catégories, celle des « visiteurs » chiffrée à 94 millions d'euros et celle des « organisateurs » avec 85 millions d'euros attendus. C'est dans cette section que les entreprises sont comptabilisées avec « les agents économiques », explique Pierre Chauvet, le fondateur d'Approbans. C'est-à-dire les collectivités ou les agences événementielles qui opèrent le stade et la Marina qui accueille les épreuves de voile.

« Il existe également des évènements réalisés par nos partenaires comme CMA CGM (actionnaire de La Tribune, NDLR) ou la Caisse d'Epargne-Cepac qui privatisent des lieux et font travailler des traiteurs, des hôtesses etc... », ajoute Cédric Dufoix, directeur d'exploitation des sites des JO. Difficile en revanche d'avoir davantage de détails, les deux hommes justifiant que les payeurs ne veulent pas communiquer les montants dépensés Aucun chiffre sur la création d'emplois n'est non plus indiqué. « Il y a un travail complémentaire à faire, plutôt à partir de septembre », reconnaît Pierre Chauvet.

Des dépenses surtout dans l'hébergement

Pour l'impact des visiteurs, le premier défi était de définir leur nombre, qui devrait atteindre pour Marseille 825.000 personnes, qui ne sont pas des visiteurs uniques. Dans le détail, le calcul s'appuie notamment sur les billets vendus. Le stade Vélodrome accueille dix matches, cinq des équipes masculines et cinq des équipes féminines, et les compétitions de voile durent 12 jours. La capacité de places pour le football est de 65.000 spectateurs et de 12.000 personnes par jour concernant la Marina. Les projections d'Approbans tablent sur un taux de remplissage de 67% au Vel' et 85% pour la Marina, auxquels s'ajoutent 250.000 visiteurs « sans billet » attendus et 4.050 personnes de « la famille olympique » c'est-à-dire les journalistes, les forces de l'ordre et les athlètes.

Les retombées de l'ordre de 94 millions d'euros ne prennent pas en compte le prix du billet, le principal poste de dépense concerne l'hébergement, qui atteint 63,6 millions d'euros soit 67%, puis la restauration (15%). Soit 82% rien qu'à eux deux. L'hébergement est donc le grand gagnant économique des Jeux. « Ce secteur bénéficie principalement d'un effet prix car le taux de remplissage à Marseille durant l'été est habituellement de 75% », pointe Pierre Chauvet. Dans son étude, le cabinet prend en effet en compte l'affluence habituelle dans la Cité phocéenne durant la saison estivale ainsi qu'un effet d'éviction de personnes qui ne viendraient pas pour éviter l'affluence des Jeux.

Des chiffres en constante évolution

D'après le cabinet Approbans, le chiffre d'affaires des hôteliers étaient en 2023 de 25,5 millions d'euros sur la période de 15 jours correspond au moment où se déroulent les épreuves. Il va passer cet été à 64,4 millions d'euros. L'augmentation du taux de remplissage ne représente néanmoins que 30% de la hausse, confirmant que c'est surtout des prix plus élevés qui généreront davantage de revenus. Entre 2019 et 2023, le taux d'occupation avait baissé de 5 points - à 77,5% - mais le revenu par chambre avait lui, augmenté de 25%. « La tendance observée de hausse des prix se poursuit, confirme Pierre Chauvet. Mais la présence de visiteurs pour les Jeux tire aussi les tarifs vers le haut ».

Si toutes ces données s'appuient sur le maximum de paramètres, Pierre Chauvet appelle à être « prudent ». Tous ces chiffres sont d'ailleurs régulièrement mis à jour selon les évolutions des réservations et tarifs. Il souligne qu'il y a « toujours un écart entre les prévisions et le réalisé. Ce qui est important c'est de comprendre pourquoi ». Pour l'arrivée de flamme olympique le 8 mai dernier, le cabinet d'analyse prévoyait 8,4 millions d'euros de retombées. Un montant finalement plus élevé de 1,3 million d'euros. « Il y a eu un effet volume avec plus de spectateurs que prévu », pointe Pierre Chauvet qui souligne le caractère exceptionnel de cette cérémonie : « Ce n'était jamais arrivé de réaliser un tel évènement, qui plus est dans une ville qui n'est pas l'hôte des Jeux ».

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Commentaire 1
à écrit le 29/06/2024 à 18:22
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