« L'Etat et les collectivités doivent continuer à investir pour concrétiser les projets d'industrie décarbonée" (Jean-Luc Chauvin, CCI Aix-Marseille Provence)

Le président de la Chambre de commerce et d'industrie d'Aix-Marseille-Provence, Jean-Luc Chauvin, souhaite que les grands groupes voulant implanter leurs industries sur la zone de Fos puissent rapidement obtenir toutes les garanties attendues. Sans quoi, ils pourraient partir ailleurs.
(Crédits : DR)

Un virage historique. C'est le message que les différents acteurs économiques de la zone industrialo-portuaire de Fos font passer depuis plusieurs mois. Cette fois, c'est le président de la Chambre de commerce et d'industrie Aix-Marseille Provence qui monte au créneau. « Nous n'avions jamais vu ça depuis sa création », souligne Jean-Luc Chauvin en écho aux investissements annoncés pour les prochaines années, lesquels devraient permettre la création de 14.000 emplois. « Aujourd'hui, Fos c'est 13.000 emplois », une façon de souligner l'importance de permettre aux différents projets en cours d'implantation de devenir réalité.

Pour le président de la chambre consulaire, ce virage historique est surtout un virage qu'il ne faudrait pas rater. « Nous avons 18 à 24 mois pour que tous les grands acteurs du territoire jouent collectif », prévient-il. Jean-Luc Chauvin s'inquiète en effet que les garanties qu'attendent les industriels voulant s'installer à Fos soient trop longues à être données. « Les grands projets sont portés par des grands groupes qui ont des propositions pour s'installer dans d'autres régions. S'ils n'ont pas de l'eau ni de l'électricité décarbonée, ils choisiront de partir ailleurs », s'inquiète-t-il. Dunkerque ou Le Havre pouvant représenter des alternatives permettant aux projets de demeurer dans l'Hexagone.

L'eau et l'électricité

A Fos, ces fameux projets qui incarnent la réindustrialisation sont bien connus. Il s'agit de Carbon, H2V ou GravitHy pour ne citer que les plus connus. Tous promettent d'être pourvoyeur d'emplois, positionnés sur le secteur de l'énergie décarbonée et jouant un rôle pour rendre la France souveraine sur ce sujet. Un cocktail attrayant, mais qui nécessite des aménagements importants. A commencer donc par un approvisionnement en électricité et en eau. C'est là qu'entre en jeu l'acceptabilité des populations. Pour l'eau, la ressource apparaît de plus en plus rare et les forts besoins de l'industrie laissent naturellement planer une inquiétude autour de conflits sur les usages.

Pour ce qui est de l'électricité, une ligne haute-tension doit être tirée par RTE sur 65 kilomètres. Une ligne aérienne qui passera par une enquête publique, étape toujours crainte pour ce type de projet. Le président de RTE, Xavier Piechaczyk, expliquait face aux sénateurs en novembre dernier avoir « besoin de visibilité et de planification » pour des travaux aussi lourds que coûteux.

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Logements, écoles, routes...

Au-delà de ces deux points, les besoins d'investissements sont nombreux. La création de 14.000 emplois et d'activité supplémentaire nécessite une adaptation ou une construction de routes, de logements, d'écoles, d'hôpitaux,... « 14.000 emplois, cela fait 20.000 personnes en comptabilisant les familles, c'est une ville », note Jean-Luc Chauvin qui veut que « l'Etat et les collectivités investissent largement, au-delà de ce qui a été annoncé ». Sans quoi, « l'industrie actuelle partira et nous ne serons plus qu'une région touristique ».

Un discours que le président de la chambre consulaire n'est pas le seul à tenir. Elus locaux, industriels et même l'Etat ont mesuré l'importance de l'aménagement du territoire. Ce thème était d'ailleurs largement abordé à travers le dispositif étatique du « laboratoire territorial d'industrie » réunissant ces mêmes acteurs ainsi que des associations et des citoyens. Une prise de conscience réelle, mais qu'il reste à concrétiser comme en témoigne le sujet des routes autour de Fos, complètement saturé. Le maire René Raimondi ne cache pas son agacement sur ce sujet qui ne date pas d'hier ni même d'avant hier. Malgré le soutien des industriels et même du grand port maritime, les financements - et donc la mise en oeuvre - tardent à venir. Il ne faudrait pas que le virage ressemble à un lacet.

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