DEOS, ce projet dédié à l’éolien flottant qui conforte Marseille-Fos comme un hub méditerranéen

On connaissait déjà les projets de Carbon sur le photovoltaïque, d’H2V sur l’hydrogène vert ou encore de GravitHy sur l’acier vert, voici DEOS, acronyme de Développement de l’Eolien Offshore, plateforme globale de 80 hectares sur terre additionnée de zones de stockage de 50 à 60 hectares à flot, qui se veut au service de la filière française tout autant qu’européenne. Un projet qui requiert 550 millions d’euros d’investissement, livrable en 2028 et de nature à placer Marseille-Fos et la France comme hub d’accélération des EnR.
(Crédits : DR)

En moins de 12 mois, les contours du futur de Marseille-Fos ont pris une envergure totalement nouvelle. Le game changer, c'est clairement Carbon, ce projet de gigafactory solaire qui en mars 2022 annonce son implantation - inattendue - dans le périmètre du GPMM. Un projet si ambitieux - 60 hectares, 1,5 milliard d'euros d'investissement - que tous se frottent les yeux pour y croire. Depuis, d'autres projets lui ont emboîté le pas et confirmé leur intention de s'installer dans la zone, tels H2V, dédié à l'hydrogène vert ou encore GravitHy, désireux de produire de l'acier décarboné.

Et puis voici DEOS, acronyme pour Développement de l'Eolien Offshore, nom de code de ce projet qui combine divers aménagements dédiés à la filière. D'abord cette plateforme de 80 hectares, adossée à un linéaire de quai pouvant atteindre 1.000 mètres, à laquelle s'ajoutent des zones de stockage à flot, étalées sur 50 à 60 hectares.

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Apporter une solution globale

Le but de l'ensemble est de rendre la production des éoliennes plus fluide et plus appétente pour les acteurs de la filière. Ici, les flotteurs en acier ou béton pourraient ainsi être construits, dans une dynamique d'industrialisation des processus et donc de meilleure productivité. Ici aussi pourraient être déchargés et stockés les composants nécessaires à l'assemblage d'éolienne. Les zones de stockage sur mer seraient utiles pour conserver, en attendant leurs intégration ou expédition, les flotteurs déjà prêts. C'est aussi offrir aux acteurs de la filière, la possibilité de faire des tests de mises en services qui soient compatibles avec les cadences industrielles. Prévus également, la maintenance des éoliennes tout comme le démantèlement en fin de vie.

Et les acteurs visés ne sont pas seulement les acteurs hexagonaux - même si l'objectif est de conforter la filière - mais aussi les acteurs méditerranéens. Concernant les éoliennes intégrées, Marseille-Fos apporterait ainsi sa capacité d'accueil à des pays limitrophes, limités en capacité portuaires, avec une capacité de déploiement de 25 éoliennes par an.

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Concernant les flotteurs uniquement, le périmètre d'intervention est encore plus large, puisqu'il concerne des champs éoliens situés dans un rayon de 2.000 km en Méditerranée. Au total, 50 flotteurs environ pourraient ainsi être produits annuellement, Eiffage Metal - qui participe au déploiement des trois éoliennes du programme Provence Grand Large - adjoignant ses capacités.

Dans un entretien accordé à La Tribune en janvier dernier, Christophe Castaner, le président du conseil de surveillance, expliquait l'enjeu global et stratégique.

« Cela permet de travailler des hypothèses vers l'Espagne, l'Italie, la Sardaigne jusqu'à la Sicile. Les caissons seuls peuvent même aller jusqu'en Grèce. Nous serons alors sur des marchés concurrentiels. Mais cela signifie qu'il existe un modèle économique sur la moitié nord de la Méditerranée. Notre objectif ce n'est pas de fabriquer des éoliennes mais il faut que notre process industriel français et européen puisse sauvegarder la production d'éoliennes sur la Côte Atlantique et que nous ayons aussi avoir des solutions globales, ce qui inclut la fabrication de caissons et l'intégration sur la Côte méditerranéenne. Nous répondons présents à cette approche globale ».

Conforter le modèle économique

Voilà donc une nouvelle brique - dont l'investissement requis s'élève de 550 millions d'euros - qui contribue à dessiner le futur de Marseille-Fos, le faisant passer de port de flux et de transit à hub décarboné. Car telle est l'orientation prise par le premier port de France. Christophe Castaner se plaît à le répéter, le Grand Port Maritime est passé de « port pétrolier à port multi-énergies ». Ce changement de modèle économique a été insufflé par le président du directoire, Hervé Martel qui dans le projet stratégique 2020-2025 dessinait déjà les contours d'un port entrepreneur. DEOS devrait générer près de 1.700 emplois - 1.500 emplois seraient drainés par la production de caissons, 200 emplois le seraient pour l'intégration des éoliennes - et conforter par ailleurs le trafic de vrac et d'acier, 500.000 tonnes supplémentaires attendues pour le premier, 15.000 tonnes à 20.000 tonnes pour le second. De quoi redonner des couleurs à l'activité traditionnelle du port, chahutée l'an dernier.

Le calendrier, lui, est très précis. La concertation publique devrait intervenir au cours de l'année, pour un début des travaux en 2026 après obtention de l'autorisation administrative et une livraison en 2028.

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