Le Grand Port de Marseille-Fos, un écosystème complet d'innovation énergétique

Poumon économique à plus d’un titre, le premier port de France s’est fortement engagé dans la décarbonation, privilégiant fortement l’innovation. Une mutation qu’il mène accompagné par un écosystème constitué de grands groupes, acteurs publics et startups. C'est un Port « en grand » qui a été mis en avant lors du Forum Zéro Carbone, qui s’est tenu le 11 décembre dernier à Marseille.
(Crédits : DR)

« Il n'y a pas de Grand Marseille sans Grand Port », affirme Jean-Luc Chauvin, président de la Chambre de commerce et d'industrie Aix Marseille Provence, à l'occasion du Forum Zéro Carbone, organisé dans la Cité phocéenne par La Tribune le 11 décembre dernier. Il faut dire que les autorités comme les investisseurs et les entreprises voient grand. Au total, près de 15 milliards d'euros sont investis ou vont l'être dans la zone portuaire, confirme Jean-Michel Diaz, le directeur Sud PACA-Corse de TotalEnergies. Il faut dire que, outre des acteurs traditionnels tels Enedis - pour la distribution d'électricité - ou le Groupe CMA CGM (actionnaire de La Tribune, NDLR) - leader du transport maritime et de la logistique - le Grand Port accueille aussi de nouveaux projets, dont Carbon, ce consortium industriel spécialisé dans la fabrication de panneaux photovoltaïques qui prévoit d'installer sa gigafactory à Fos-sur-Mer dès 2025. « Nous avons visité plusieurs ports en Europe et Marseille n'était pas notre choix initial, avoue Emilie Chalas, la porte-parole de Carbon. Mais la proposition, élaborée par l'ensemble des autorités locales, incluant le foncier et l'accompagnement financier de la Région Sud et du groupe CMA CGM, nous a convaincus que nous aurions de bonnes conditions de production pour le marché européen. » Face à la Chine, qui produit, pour pas cher, la quasi-totalité des panneaux photovoltaïques importés par l'Europe, le défi est de taille.

Le futur Rotterdam de la décarbonation ?

Accompagner la décarbonation de la filière maritime, c'est le fondement de Pulse, le Fonds Energies créé par CMA CGM et doté d1,5 milliard d'euros. Le Groupe a d'ailleurs fait une déclaration commune lors de la COP28, aux côtés de quatre grands armateurs mondiaux, pour demande l'accélération de la décarbonation du transport maritime, afin de passer d'une réduction de 30 % des émissions en 2030 à 80 % en 2040. « Dans cette optique, les ports, en donnant accès à de nouveaux carburants et aux énergies renouvelables, sont un maillon essentiel pour la décarbonation maritime et logistique. En outre, cet accès est un facteur clé de la compétitivité du port de Marseille sur toute la Méditerranée », appuieFarid Trad, Vice President Bunkering & Energy Transition chez CMA CGM. La compagnie maritime s'appuie sur un dispositif multi-énergies, dont le bio-méthane et les e-fuelsD'ailleurs, 14 projets sont prévus dans la zone portuaire, sur l'hydrogène ou les carburants de synthèse.

C'est donc un écosystème complet qui prend forme dans le port. « Avec un enjeu national : Marseille doit devenir le Rotterdam de la décarbonation », affirme Rémi Costantino, directeur général adjoint du Grand Port Maritime de Marseille-Fos.

Incuber les talents

Le port de Marseille-Fos, qui compte déjà 42.600 emplois, devrait, avec cette révolution, en créer des milliers d'autres. Qu'il faudra pourvoir et pour ce faire, former de nouveaux talents. Là encore, les autorités travaillent main dans la main. Une démarche de décloisonnement et d'innovation a été lancée dès 2017. Elle actionne différents leviers : la collaboration entre industries et universités, afin d'élaborer les formations nécessaires aux nouveaux métiers, mais aussi l'accompagnement de startups innovantes. De fait, Marseille Innovation, l'une des plus grandes structuresd'accompagnement de jeunes entreprises innovantes à Marseille, est implantée sur quatre campus depuis 25 ans. « Son but est de faire passer les innovations du laboratoire au marché, en proposant des programmes d'accompagnement et des financements pour les entrepreneurs qui innovent », explique Laurence Olivier, sa directrice générale. 1.000 startups ont déjà été épaulées, dont 150 actuellement.

Le pari de l'hydrogène

Ainsi, alors que d'autres ports européens cherchaient à attirer HSL Technologies, la deeptech basée au technopôle de l'Arbois a préféré rester à Aix-en-Provence. « Nous notons une grande dynamique, très positive, dans le port de Marseille », explique Pierre-Emmanuel Casanova, co-fondateur de la jeune pousse, dont l'innovation de rupture permet de stocker et de transporter de l'hydrogène sans danger. « Il s'agit aussi de faire de Marseille un port d'importation d'hydrogène, notamment venu d'Amérique latine, grâce aux gisements de lithium pour les batteries, et d'exportation, en direction de toute la Méditerranée et jusqu'à l'Afrique », ajoute Alexandre Antonakas, responsable des projets diversification & innovation au Grand Port Maritime de Marseille-Fos. De quoi asseoir un peu plus le leadership mondial que Marseille et sa métropole visent en matière d'énergies renouvelables.

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