A Marseille-Fos, la situation en mer Rouge apporte « plus de questions que de certitudes »

Le détournement des navires du canal de Suez conduit à rendre les temps de transport pour rejoindre la Méditerranée plus longs. La direction du port de Marseille-Fos ne constate pas d'impact pour l'instant, mais se dit préoccupée pour le plus long terme.
Des « vertiges », c'est le mot choisi par Christophe Castaner pour décrier les actualités internationales qui secouent l'activité du port de Marseille-Fos.
Des « vertiges », c'est le mot choisi par Christophe Castaner pour décrier les actualités internationales qui secouent l'activité du port de Marseille-Fos. (Crédits : DR)

Des « vertiges », c'est le mot choisi par Christophe Castaner pour décrier les actualités internationales qui secouent l'activité du port de Marseille-Fos, dont il assure la présidence du conseil de surveillance. Après la guerre en Ukraine et le prolongement de la crise sanitaire en Chine, c'est au tour de la mer Rouge d'être au centre des attentions après des attaques de navires. « C'est un sujet de préoccupation », reconnaît l'ancien ministre. Pour l'instant, selon lui, « il n'y pas d'effet massif sur le port mais nous pouvons penser que si la situation dure il y aura un impact sur les flux, principalement pour l'axe Est-Ouest ».

Depuis plusieurs semaines, la guerre entre le Hamas et Israël s'étend jusqu'au Yémen où les rebelles houthistes s'en prennent aux navires, dont les porte-conteneurs qui transportent la quasi-totalité du commerce mondial. De nombreux chargeurs ne peuvent donc plus emprunter ce « raccourci » pour venir depuis le Golfe ou l'Asie et préfèrent contourner l'Afrique par le Sud. L'accès à la Méditerranée se réalise donc par le détroit de Gibraltar et non plus par le canal de Suez. « Un bateau met trois ou quatre jours depuis le canal, là il faut une dizaine de jours supplémentaires », expose Paul Tourret, directeur de l'Institut supérieur d'économie maritime (Isemar).

Un avantage pour le range nord-européen

Le GPMM n'a pas indiqué la part de ses trafics qui passent par le canal du Suez, mais cette véritable autoroute de la mer voit passer 12% du commerce mondial selon la chambre internationale de la marine marchande. « Globalement ce n'est pas bon pour nous, la Méditerranée va être plus impactée que le range nord-européen puisqu'il faudra faire un détour pour rentrer alors qu'habituellement les navires y passent avant de remonter vers l'Europe du Nord », résume Hervé Martel, le président du directoire du GPMM.

La concurrence étant déjà rude, le rallongement des délais nuit forcément à l'attractivité de la place portuaire. « Il y a un risque de voir un armateur décharger à Algésiras ( à l'entrée du détroit de Gibraltar en Espagne, NDLR) pour que la marchandise remonte ensuite par camion », confirme d'ailleurs Paul Tourret. Toutefois, il estime que l'impact pour Marseille pourrait être moindre car il s'agit d'un port « assez à l'Ouest » et « les gros importateurs depuis l'Asie veulent tout même rester à Fos car ils y ont leur organisation logistique ». Pour l'exportation en revanche, la situation peut être « plus complexe ».

Congestion et augmentation des taux de fret

A court terme, ces délais supplémentaires génèrent seulement pour les ports une petite pagaille dans un monde logistique où les plannings et l'organisation sont des éléments clefs. « Il y a eu un décalage de deux ou trois semaines des arrivées sur les quais selon les navires », confirme Christophe Castaner. Une situation qui peut amener « des problèmes de congestion », embraye Hervé Martel. Surtout que pour maintenir leur capacité les armateurs pourraient augmenter le nombre de navires. Mais pour l'instant, il ne s'agit que d'hypothèses puisque c'est surtout le flou qui règne. « Il y a plus de questions que de certitudes », avance Hervé Martel.

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Hormis des délais plus longs, l'autre principale conséquence de ces attaques est l'augmentation des taux de fret avec un prix doublé pour un trajet depuis l'Asie. « Cela peut aussi avoir un impact sur les volumes », note Christophe Castaner. Chez les chargeurs, « nous ne savons plus si nous devons charger ou non » expliquait Stéphane Salvetat, président du syndicat des transitaires de Marseille-Fos, début janvier au micro de France 2. « Actuellement, il vaut mieux retarder que de charger », concluait-il. Même constat chez Paul Tourret pour qui « les chargeurs sont attachés à leur lieu, il vaut mieux attendre tranquillement ». Mais jusqu'à quand ?

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Commentaire 1
à écrit le 18/01/2024 à 19:59
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bonsoir, les ports de ouest de France et sud de France sont impactés, du coup les routiers de l ouest vont avoir un volume à traiter, le souci est l absence de route rapide ouest est 9 h pour les poids lourds

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