Il y a un an, la publication des données produites par la Fondation Abbé Pierre mettait en exergue un fait cruel : le mal-logement en France continue une progression malheureuse, plus d'un million de personnes étant concerné par la privation de logement personnel alors que 330.000 personnes vivent dans la rue. Une progression sur fond d'inflation, de prix du logement qui suivent une tendance haussière, le tout après une crise sanitaire qui a laissé des traces.

A Marseille, le sujet est ultra-sensible, encore plus peut-être depuis 2018 et l'effondrement de l'immeuble rue d'Aubagne qui demeure une cicatrice à jamais inscrite dans la peau de la Cité phocéenne.

De l'importance de faire le lien

Une situation insupportable qui mène certaines entreprises à se réunir au sein d'un collectif appelé Entreprendre pour Toi, dont l'objectif est alors « de faire le lien entre les différentes initiatives existantes », en appui en quelque sorte de ce que font déjà les acteurs traditionnels, comme l'explique Emilie de Lombarès, présidente de celui qui, depuis 3 ans s'est transformé en fonds de dotation. « Nous endossons un double rôle. D'abord celui d'avoir une démarche auprès des entreprises et de leurs collaborateurs, désireux d'apporter des moyens humains, matériels et financiers. Ensuite, de permettre aux associations de mieux exprimer et faire entendre leurs besoins », détaille celle qui est présidente du directoire d'Onet.

L'idée est en effet de créer ce lien entre les diverses initiatives qui émergent, toutes ne se connaissant pas entre elles, tout en permettant aux associations ayant des besoins précis de faire connaître ce besoin.

Inspiré du collectif Entreprise des possibles, né à Lyon et initié par Alain Mérieux, le fondateur de BioMérieux, Entreprendre pour toi structure ainsi les dons, que ceux-ci soient financiers ou en compétences comme en dons en nature.

Avec Entreprise des possibles, c'est la plateforme de mécénat de compétences et de bénévolat qui est partagé. « Il est important de pouvoir calibrer les missions de mécénat de compétences », explique Emilie de Lombarès. Pro Bono Lab, spécialiste de ce type de mécénat est également embarqué dans l'aventure, via une convention, pour organiser le tout.

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Aider ce qui existe déjà, expérimenter aussi

2023 a ainsi été une année de structuration. Autour de dix entreprises fondatrices, dont la Compagnie Fruitière, la Caisse d'Epargne-Cepac, Kedge, Erilia, Onet bien sûr, Stan, Travaux du Midi, SEMM, Candide et EDF, s'est ajouté un membre associé, CIC. Cinq nouvelles entreprises se sont également engagées en tant que partenaires. Car bien sûr, l'un des nerfs de la guerre est de faire grossir le collectif, d'agréger davantage encore de bonnes volontés. « Nous voulons élargir le nombre de partenaires. Nous offrons aux entreprises un outil qui permet de mobiliser les collaborateurs », souligne Emilie de Lombarès, des collaborateurs contributifs par du temps donné, du don de congés payés aussi.

« Les associations ont certes besoin de financement mais elles ont également besoin de compétences. Dès lors que nous identifions des moyens, nous les mettons à disposition », appuie Emilie de Lombarès.

Parmi la feuille de route 2024, figurent le soutien continu à Entreprendre pour les Marseillais délogés, initié en octobre 2021 ou au tiers-lieu « Chez Jeanne », qui accueille les personnes en marge des structures classiques de l'hébergement d'urgence. Aidé aussi, le projet de travaux de rénovation de la maison abritant les jeunes volontaires. Soutenue également, Toit à moi, association qui œuvre contre le sans-abritisme, tandis qu'avec Parent'Aise, projet expérimental, c'est aussi le volet prévention du mal-logement qui est encouragé. La prévention, voilà qui est primordial, pointe Emilie de Lombarès. « Il est essentiel de soutenir les projets qui agissent avant le possible décrochage ». Parent'Aise cible précisément l'épuisement parental qui peut s'inscrire ensuite dans une sorte de cercle vicieux qui mène à la perte de son logement.

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Faire reculer la précarité

Si le mal-logement et le sans-abrisme sont des maux impactant fortement le territoire métropolitain aixo-marseillais, il n'en reste pas moins que l'Hexagone dans son ensemble est confronté à cette difficulté de logement qui touche également - ce n'est pas nouveau mais cela s'amplifie - les salariés qui se retrouvent sans toi. La tendance de certains chefs d'entreprises à proposer des solutions de logement pour leurs salariés est-elle une initiative à envisager plus largement ? Pas forcément, explique Emilie de Lombarès, estimant que « chacun doit prendre ses responsabilités selon son champ et ses compétences ».

Concernant la Cité phocéenne, Marseille en Grand est-il de nature à rassembler plus fortement encore les parties prenantes ? Oui, répond la présidente d'Entreprendre pour Toi. « Marseille en Grand aide à réunir tous les acteurs autour de la table, Marseille en Grand pousse à ce que les collectifs se parlent ». Si à long terme, le souhait est « que nous disparaissions », à horizon 2026-2027, l'ambition du fonds de dotation est d'accompagner davantage d'associations, « que la précarité recule », et contribuer à améliorer la notoriété des dispositifs existants. « Les entreprises engagées endossent leur rôle social et sociétal, ajoute Emilie de Lombarès, c'est une façon de contribuer à résoudre les maux de la société ».