Logement pour actifs, ruralité, attractivité, les batailles de l’UMIH Nice Azur et Alpes

Alors que celle qui s’appelait encore Fédération de l’Hôtellerie, de la restauration et du tourisme (re)devient UMIH dans un souci d’harmonisation nationale, son président, Eric Abihssira, par ailleurs vice-président de l’Union nationale que préside Thierry Marx, ne lâche pas les sujets de fond dont le logement pour les saisonniers, vrai caillou dans la chaussure de la profession, d’autant que la notion de saison s’allonge et se modifie. Eric Abihssira qui n’oublie pas davantage le haut et moyen pays, pas toujours considérés comme des zones touristiques à part entière alors même que l’évolution de la consommation, tout comme la perspective des JO d’Hiver 2030, remettent la ruralité au premier rang des destinations qui comptent. Le tout dans un contexte global d’attractivité de la filière qui continue de muter.
(Crédits : DR)

L'activité de l'hôtellerie-restauration n'est pas un long fleuve tranquille. Profondément secouée par la crise sanitaire - qui a remis en cause de nombreux modèles - le secteur continue d'évoluer sous l'influence d'une économie qui, crise sanitaire ou pas, avait déjà entamé une mutation.

Un changement qui en pousse, d'ailleurs, un autre. Précédemment appelée Fédération de l'Hôtellerie, de la restauration et du tourisme, la voici redevenue UMIH. Une façon d'appuyer sur la notion de collectif. « L'UMIH retrouve sa place. Nous devons être tous unis pour être entendus par les pouvoirs publics », souligne avec insistance Eric Abihssira, qui, en étant le n°2 de l'UMIH nationale et le vice-président de Thierry Marx, a bien connaissance des rouages internes des négociations et à quel point la notion de collectif est primordiale dès lors qu'il s'agit de débattre des grandes orientations.

Mieux considérer le tourisme de montagne

Une UMIH qui se veut fédératrice pas uniquement dans son appellation mais aussi sur le terrain. Appelée Azur et Alpes, elle affiche ainsi son périmètre d'intention. Car le Moyen et Haut Pays n'ont pas forcément été toujours considérés comme des destinations touristiques à part entière, toute l'attention étant concentrée sur le littoral.

Or la ruralité participe aussi à l'activité touristique de la Côte d'Azur, ce que n'a fait que confirmer les nouvelles tendances de consommation, donnant la préférence à un tourisme de proximité, vert, tourné vers la nature. Et à ceci s'ajoute la perspective des JO d'Hiver 2030 qui vient renforcer un intérêt déjà présent pour le tourisme de montagne.

Cette préoccupation « alpine » se concrétise d'ailleurs par la création d'une commission dédiée, composée d'experts de ces enjeux spécifiques, laquelle s'inscrit dans la continuité des premiers échanges déjà établis depuis le mois de septembre, notamment dans les Vallées de la Roya et de la Vésubie, avant Valberg cette fin d'année. L'enjeu dans les vallées est réel, notamment sur le sujet toujours très sensible de la transmission d'entreprises. C'est d'ailleurs ce qui a poussé les discussions avec les Bistrots de Pays, l'objectif étant de rendre la reprise comme la transmission la plus fluide possible.

 Le tourisme sportif, une filière qui se structure

L'intérêt renouvelé pour la montagne et la perspective d'organisation des Jeux olympiques d'hiver 2030 constituent pour le président de l'UMIH Nice Azur et Alpes « une heureuse coïncidence ». Même si la possible sortie d'Isola 2000 (comme de Val d'Isère, côté Auvergne-Rhône-Alpes, NDLR) de la liste des sites d'accueil des compétitions demeure un sujet de discussions avec le CIO.

Cette perspective olympienne vient surtout renforcer le territoire Nice Côte d'Azur comme territoire sportif. Car un autre rendez-vous, et non des moindres, est particulièrement attendu : celui de l'étape et de l'arrivée sur la Promenade des Anglais en juillet prochain du Tour de France 2024. Un événement qui selon Team Côte d'Azur, l'agence de développement économique, engendrerait des retombées économiques directes et indirectes estimées à 50 millions d'euros à 60 millions d'euros. Une sorte de préparation à ce que sera l'accueil en 2025 du Congrès UCN dédié à l'Océan. « Le territoire va continuer de rayonner et cela est une aubaine pour le tourisme comme pour l'ensemble du tissu économique », s'enthousiasme Eric Abihssira, rappelant qu'une « saison touristique est l'addition de plusieurs types de clientèles », comprendre que la clientèle de loisirs habituelle sera enrichie de celle férue de vélo et plus largement du sport qui devrait converger vers la Côte d'Azur. Mais le président de l'UMIH de rappeler surtout que l'enchaînement d'événements d'envergure internationaux n'est pas le fruit d'un heureux hasard mais de plusieurs années de travail « de longue haleine qui porte ses fruits ».

Le logement pour actifs, éternel caillou dans la chaussure

Une bonne dynamique qui ne s'en trouve pas moins confrontée à une problématique majeure, celle du logement pour actifs. L'allongement des ailes de saison, explique Eric Abihssira fait que l'on ne parle plus de logement pour les saisonniers mais davantage de logement pour actifs. Une problématique particulièrement bien connue dans le département, toujours en souffrance d'offre adaptée aux besoins. Le logement des actifs est le cheval de bataille enfourché dès le début de son mandat par Eric Abihssira. L'UMIH Nice Azur et Alpes s'est ainsi rapprochée d'Action Logement afin d'engager des actions concertées de réhabilitation de logements alors qu'avec une entité foncière, dont le nom n'a pas été précisé, contact a également été établi afin qu'un pourcentage de logements soit consacré aux actifs sur une opération immobilière en cours. Deux projets géographiquement positionnés à Cagnes-sur-Mer et à Menton, une façon de combler le besoin des différents bassins économiques.

L'emploi des seniors, la réponse au besoin de main d'œuvre ?

L'autre cheval de bataille est évidemment l'attractivité de la profession, profondément remise en question par la crise sanitaire, mais déjà entré en mutation avant cette période. Une mutation sur laquelle Eric Abihssira porte un regard acéré, reconnaissant que « si certains ont quitté la profession, d'autres l'ont épousé ». Reconnaissant aussi que certains, par envie de reconversion notamment, « se réclament de l'auto-entreprenariat, certains étant désireux de travailler dans divers domaines ». Estimant encore que l'emploi des seniors pourrait « suppléer à ce type de difficulté » et que le Code du travail doit être amené à évoluer. « Il est essentiel d'avoir du désir au travail, de donner envie de travailler », insiste Eric Abihssira, qui entend poursuivre le dialogue avec la nouvelle entité, France Travail (ex-Pôle Emploi). Un sujet plus large de bien-être au travail qui concerne tous les secteurs d'activité. A noter que l'initiative, lancée cette année, d'une plateforme nationale de recrutement, baptisée « monCVnum.fr » a recueilli plus de 2.000 candidatures.

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Commentaire 1
à écrit le 22/12/2023 à 16:01
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Sans actionnariat que vaudrait la peine de faire un article?;-)

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