“Le tourisme n’est pas une rente, même dans notre région”, François de Canson (CRT Sud)

Plus d’un an durant, un collège de professionnels de l’écosystème touristique azuréen a phosphoré, sous la houlette du Comité régional du Tourisme (CRT) Provence-Alpes-Côte d’Azur et de l’Office de tourisme métropolitain Nice Côte d’Azur, pour accoucher d’une stratégie touristique volontariste qui vise à désaisonnaliser les flux touristiques et à repositionner la destination Nice et son littoral dans le cercle des city breaks hivernaux. Pour se faire, 3 millions d’euros sont mis sur la table pour soutenir une campagne de communication - Winter is the new summer - qui s’inscrit sur le long cours - 3 ans - afin d’influencer durablement l’image de la destination et développer un tourisme choisi et non subi. Entretien avec François de Canson, président du CRT Sud
(Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Avec la campagne de promotion de la destination Nice Côte d'Azur, présentée hier à Nice et qui met l'hiver à l'honneur, vous signez une sorte de retour aux sources ?

FRANÇOIS DE CANSON - En quelque sorte, oui. Il faut se souvenir que ce sont les premiers pas niçois du XVIIIe siècle qui ont posé méticuleusement les grands jalons constitutifs du tourisme. Et celui-ci était alors hivernal. Il est devenu plus mondain au XIXe siècle avant de se généraliser au XXe siècle avec les congés payés. Ce n'est qu'en 1961 que la saison d'été a supplanté la saison hiver. Cette année-là, les mois de juin à septembre ont totalisé 47% des arrivées contre 22% de décembre à mars. Depuis, cela n'a pas tellement changé. La Côte d'Azur connaît dès le mois de novembre un creux qui ne se résorbe qu'à partir de mars.

Comment renverser la vapeur ?

En nous fixant un cap, une méthode et des moyens pour redonner à Nice et à la Côte d'Azur leurs lettres de noblesse de city break hivernal. Il s'agit d'intégrer de nouveaux ce cercle de destinations occupé par des villes comme Reykjavik, Amsterdam, Varsovie, Budapest, Copenhague... Les villes du sud de l'Europe sont plus en retrait mais certaines se dégagent comme Venise ou Lisbonne. Toutes adoptent les mêmes postures : une destination de tourisme d'agrément à l'année, des prix plus attractifs, des flux touristiques lissés et une cible principale, les jeunes résidents des villes ayant une liaison ferroviaire ou aérienne directe. A cet égard, Nice possède toutes ces caractéristiques, et bien plus encore si l'on prend en compte son climat doux, son positionnement art de vivre et sa politique événementielle forte.

Alors, pourquoi est-elle absente du cercle des city breaks hivernaux ?

Parce que cela a été oublié, cela n'a pas été travaillé. Le tourisme n'est pas une rente, même dans notre région où il pèse de nouveau 13% du PIB et génère 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Il faut encore et toujours améliorer les choses et quand on a des taux de remplissage conséquents comme c'est le cas à Nice (le taux d'occupation en septembre 2023 a atteint 86,9%, soit +1% et + 31,3% de RevPar par rapport à 2022, NDLR), il faut chercher des niches. L'hiver en est une que nous souhaitons vraiment travailler car nous sommes là dans un tourisme choisi et non subi.

Comment faire ?

Il convient de créer une rupture qui amène les publics ciblés à infléchir leurs comportements. Certes, il ne s'agit pas de tourner le dos à nos atouts traditionnels, indispensables, mais il ne s'agit pas non plus de se limiter. A l'issue des concertations, quatre thèmes ont donc été retenus, tous dotés d'une forte légitimité, à savoir l'inscription de Nice au patrimoine de l'Unesco, le Carnaval, la gastronomie et le shopping. Ils seront mis en avant via une campagne de promotion sans précédent de 3 millions d'euros dédiés, engagée sur 3 ans et comprenant de multiples activations vers le grand public en France et sur les marchés étrangers : l'Europe avec le Royaume-Uni, la Suède, la Norvège, l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse et l'Italie, les Emirats Arabes Unis, Israël, les USA et le Canada.

Parmi les financeurs de la campagne, on constate 5 partenaires privés (Expedia, Edreams, Voyage-Privé, Lastminute, Les Galeries Lafayette) qui portent 50% de l'enveloppe, soit 1,5 million d'euros. Comment les convainc-t-on ?

S'ils viennent, c'est qu'ils savent qu'en développant le tourisme d'hiver à Nice, ils développent leur activité, d'autant que nous mettons un coup de projecteur sur celle-ci. C'est donc gagnant-gagnant. Prenez les plateformes de réservation d'hébergement, elles profitent d'une offre hôtelière diversifiée et de qualité, de lignes aériennes qui permettent à leur client de venir facilement, d'animations nombreuses... Des critères indispensables pour leur clientèle, que Nice remplit parfaitement.

On ne peut pas parler d'hiver, sans parler des JO. Quid de la candidature régionale ?

Elle avance et évolue puisqu'il y a eu une sorte de mariage régional, entre les Régions Sud et Auvergne Rhône-Alpes pour présenter une candidature française commune, en l'occurrence celle des Alpes Françaises, pour les Jeux Olympiques de 2030. Cette candidature est soutenue par le président de la République et je crois que nous avons vraiment des chances de l'emporter.

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