Moovert, la réponse française au sur-tourisme ?

Prônés comme valeurs d’un tourisme nouveau, plus en adéquation avec les préoccupations environnementales, le durable et l’authentique sont revendiqués par nombre d’acteurs de l’hébergement touristique. Même le gouvernement y va de son plan de lutte contre le sur-tourisme. La startup basée à Paris et Grasse, et présente à Vivatech, en fait précisément sa différenciation. Un positionnement qui accompagne les grandes stratégies nationales et qui cible avant tout une clientèle internationale.
(Crédits : IsèreAttractivité)

Le tourisme durable est l'avenir du tourisme. Entre notions de sur-tourisme, de tourisme de proximité, de tourisme vert, le secteur n'en finit pas de gommer les apparents excès du monde d'avant. Si la crise sanitaire a largement contribué à faire apprécier le tourisme près de chez soi, celui que l'on pratique sans parcourir des milliers de kilomètres, il n'en reste pas moins que voyager reste un plaisir qui ne doit pas devenir un plaisir coupable.

Créée à Paris en octobre 2022 après 18 mois de développement, disposant d'une filiale à Grasse, dans les Alpes-Maritimes, Moovert est né de ce constat, qui est mondial, et de quelques données assez significatives selon lesquelles 3 voyageurs sur 5 sont disposés à payer plus pour faire de leur voyage, un voyage durable alors que 50% sont prêts à opter pour une destination moins fréquentée afin de ne pas contribuer au tourisme de masse.

Un changement de comportement structurel

Sauf que ces mêmes touristes de bonne volonté ont du mal à trouver l'offre qui correspond à ce choix. Ce que Moovert entend résoudre. « La demande de séjours durables s'est vite accélérée, mans l'offre ne suit pas », constate Pier Tognazzini, président de la jeune entreprise, portée sur les fonts baptismaux par sept investisseurs. Et si l'offre a du mal à suivre, c'est aussi parce que le basculement qui s'est opéré vers le tourisme plus responsable s'est fait brusquement et sans, finalement, revenir au « monde d'avant ». « On imaginait que le changement de comportement était conjoncturel, en fait il est structurel ».

Plateforme de réservation en ligne, Moovert s'appuie sur un algorithme à base d'IA, co-créé avec d'une part Teragir qui déploie le label Clef verte et Bienvenue à la ferme, la marque commerciale des Chambres d'agriculture françaises. Un algorithme qui note le lieu, l'activité, l'hébergement (de la cabane en bois au château du XVIIIè siècle)... en fonction de son caractère authentique et éco-responsable. Un algorithme qui est un « élément de scoring », précise bien Pier Tognazzini, « pas un label ».

Une réponse BtoB aussi

Néanmoins l'effet réassurance est là. D'autant que Moovert a, comme autre différenciation, celle de cibler la clientèle touristique étrangère, celle qui, encore plus que la clientèle tricolore a du mal à se retrouver dans la multiplicité de l'offre. Disponible pour se faire en 11 langues, la startup veut venir combler le manque sur ce segment, sachant que « 80% de l'offre éco-responsable s'adresse aux Français », indique Pier Tognazzini. « Nous avons posé le constat suivant : la France est la première destination touristique au monde. Mais que proposons-nous aux voyageurs étrangers ? Ils n'auraient pas accès à une offre touristique durable, eux qui, ont précisément une empreinte carbone plus élevée qu'un touriste local ? ».

Si sa cible est principalement BtoC, Moovert est aussi présente sur le segment BtoB, celui des tours-opérateurs, des agences de voyage, de conciergerie privée, eux aussi en recherche de produits touristiques authentiques et responsables, assure Pier Tognazzini, sauf que dans la forêt digitale des offres, compliqué de sourcer celle qui convient. Moovert qui met du coup aussi en avant sa capacité à répondre aux besoins de transition numérique des acteurs ne sachant pas forcément comment s'emparer du digital.

Plus largement - et parce que le sujet est d'envergure nationale - Moovert dit s'inscrire dans les pas du plan Destination France, notamment en apportant sa part à la qualité de l'offre tricolore, à l'attractivité du territoire et même des territoires français dans leurs spécificités. En résumé, « nous voulons contribuer à faire de la France la première destination touristique mondiale durable d'ici 2030 ».

Deuxième tour de table

Très présent dans le Sud, en Île-de-France, dans le Grand Est, Moovert, qui emploie 3 personnes, insiste néanmoins sur le rôle des institutionnels du secteur pour se faire connaître. « Le Comité régional du tourisme Sud nous aide pour présenter notre projet auprès des hébergeurs » souligne Pier Tognazzini. « Notre volonté est de structurer l'offre française de façon solide, nouer 1.300 partenariats pour atteindre plus de 3.000 chambres. Actuellement, nous avons noué 150 partenariats pour 450 chambres ». Moovert qui ne perd pas de vue sa volonté d'envergure internationale. Pour cela, elle compte s'appuyer sur d'autres acteurs, disposés à dupliquer le modèle dans d'autres pays du monde. Lors du dernier CES Las Vegas, début janvier, la Californie et le Nevada ont, par exemple, fait part de leurs intérêts. Moovert vise-t-elle le développement en franchise ? Pier Tognazzini ne le dit pas ainsi mais insiste sur le potentiel existant et sur la capacité de Moovert à apporter une réponse à la gestion de flux, celle qui, précisément, contribue au sur-tourisme. « Nous détachons les flux, en amenant les touristes dans des lieux méconnus ou moins fréquentés », appuie encore le dirigeant de la startup qui s'engage, pour soutenir sa croissance, dans un second tour de table. Une levée de fonds de l'ordre de 350.000 euros qui permettrait « de nous structurer », voire de scaler pour aller à l'international encore plus rapidement.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.