Après le tourisme de masse, Nice Côte d’Azur flèche ses investissements vers le luxe

Fini le tourisme de masse. La métropole azuréenne entend renouer avec le temps des palaces, elle qui prévoit d’accueillir 1.670 nouvelles chambres 4 et 5 étoiles d’ici 2025. Un positionnement luxe assumé qui s’accompagnent de projets de développement pluriels, à la fois économiques, événementiels ou sportifs, de quoi rassurer les investisseurs sur sa capacité à absorber cette nouvelle offre.
L'Anantara constitue l'une des nouvelles adresses orientées luxe de Nice Côte d'Azur
L'Anantara constitue l'une des nouvelles adresses orientées luxe de Nice Côte d'Azur (Crédits : DR)

Nice Côte d'Azur part à la chasse aux étoiles. D'ici 2025, plus de 3.000 chambres, essentiellement classées 3, 4 ou 5 étoiles, viendront compléter l'offre hôtelière de la métropole. Laquelle, avec 35.000 chambres, dont 14.000 chambres hôtelières, représente déjà 40% de la capacité d'accueil des Alpes-Maritimes et 50% de la fréquentation. L'idée ? Combler un manque, du moins, redonner des couleurs - donc de la visibilité - à un marqueur luxe qui paraît bien pâle comparé à ses voisines Cannes et Monaco, et ainsi renouer avec cet ancien temps des palaces où Nice apparaissait comme un jardin d'hiver privilégié. Il s'agit "d'en finir avec le tourisme de masse", répète à l'envi son président, Christian Estrosi, qui pousse au "développement d'un tourisme maîtrisé avec une clientèle à haute contribution".

Tourisme d'expériences

"D'une manière générale, avec la crise, le tourisme de masse arrive à sa fin, à Nice comme ailleurs, analyse Sylvie Bergeret, directrice d'études chez MKG Consulting. Désormais, la clientèle est à la recherche d'expériences, d'expériences personnalisées". Voire "d'expériences émotionnelles", si l'on se réfère aux mots de Stéphane Vilar, directeur de l'Anantara Plaza. Ouvert mi-décembre, le quatrième 5 étoiles niçois a mis sur la table une enveloppe d'environ 60 millions d'euros pour faire revivre l'esprit Belle Epoque de cet établissement né en 1848. Tombé dans le giron du groupe Covivio Hotel en 2018, il est aujourd'hui exploité par le groupe Minor dont la marque Anantara, présente dans 26 pays, inaugure ici sa première implantation française. "Il y a eu le désir de la destination Nice, de cette architecture patrimoniale remarquable et de son art de vivre qui confèrent à notre offre un positionnement unique et authentique, explique l'hôtelier. Dont le concept puise dans les richesses des territoires où il s'installe pour proposer une expérience inédite, en l'occurrence, à Nice, l'élaboration d'une cuvée propre ou la conception de soins signatures autour du mimosa. Entre autres. L'ensemble concourt à inscrire cet hôtel parmi les plus prestigieuses adresses du tourisme international dans sa catégorie", avance-t-il.

Dans le radar des investisseurs

Signe que la destination niçoise est bel et bien ancrée dans le radar des investisseurs hôteliers. Les 151 chambres et suites de l'Anantara Plaza font en effet partie des 1.670 nouvelles chambres haut et très haut de gamme attendues d'ici 2025. Parmi elles, les 88 chambres 5 étoiles du Couvent de la Visitation, portées par le groupe hôtelier Perseus, basé à Londres. Lequel a investi près de 50 millions d'euros dans la transformation de ce site religieux, bâti au cœur de la vieille ville entre le XVIe et le XVIIIe siècle, en un établissement luxueux dont les portes devraient ouvrir en 2024. A l'Arénas, le quartier d'affaires situé à l'ouest de la ville, face à l'aéroport, c'est par exemple le groupe Nehô qui viendra se consolider avec une nouvelle offre 4 étoiles, après l'arrivée l'an passé du groupe Marriott via son pavillon Sheraton. "La ville renforce son positionnement sur ce marché, c'est indéniable, avec une offre qui évolue sur deux axes différents, un axe patrimonial souvent remarquable et un autre plus moderne", note Sylvie Bergeret.

Développement structuré

Mais le marché, dans le contexte de crises successives qui rend l'horizon si incertain, est-il en capacité d'absorber cette nouvelle offre ? "D'abord, répond la directrice d'études, on constate que, pour l'instant, les nouveaux entrants n'ont pas eu d'impacts négatifs sur le marché. Les taux d'occupation sont toujours aussi élevés sur le segment. Ces établissements devraient générer eux-mêmes leur propre clientèle et participer à l'attractivité de la destination". Ensuite, reprend-elle, "il convient de replacer les choses au niveau local. Ce ne sont pas des ouvertures d'hôtels brutes, elles sont accompagnées de projets de développement qui devraient permettre d'absorber tout ou partie de cette offre".

Des projets de développement de différentes natures : économique, bien sûr avec le déploiement, de plus en plus effectif, de l'Opération d'intérêt national Nice Eco-Vallée, événementiel aussi à travers la construction du futur palais des expositions et des congrès, mais également culturel et sportif. Lesquels, selon le maire Christian Estrosi, "confirment l'image de marque exceptionnelle à l'international" de celle qui a rejoint en juillet 2021 la liste du patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco, et bénéficieront au territoire et à ses habitants en monnaie sonnante et trébuchante. "Rien qu'Iron Man et la Coupe du monde de Rugby, c'est 102,5 millions d'euros de retombées économiques, dépassant largement les 62 millions de retombées économiques générées par les 23 congrès accueillis à Acropolis (le palais des congrès situé en centre-ville et voué à la démolition NDLR) en 2019Notre stratégie d'accueil de grands événements garantit des milliers de nuitées supplémentaires tout au long de l'année", assure-t-il.

Vatel voit double

Reste toutefois à trouver de la main-d'œuvre adéquate. Si le segment du luxe est généralement épargné par la pénurie qui touche le métier, les problématiques de recrutement existent. D'où l'intérêt de l'arrivée prochaine du groupe de formation Vatel, spécialisé dans l'enseignement du management de l'hôtellerie et du tourisme, à Saint-Laurent du Var et à Cannes. Deux campus, le premier dédié aux managers, le second aux métiers techniques, qui visent à soulager dès la rentrée 2026 les tensions du secteur et à accompagner cette révolution hôtelière qu'opère la capitale azuréenne.

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