La France pourra-t-elle rattraper son retard dans le solaire ? Le projet de Carbon, en Provence Alpes Côte d'Azur, à Fos-sur-Mer, a l'ambition d'y contribuer. A l'heure où la production photovoltaïque de certaines usines chinoises atteint 20 GW, et que l'Empire du Milieu, selon l'Agence internationale de l'énergie, monopolise 80 % de la fabrication mondiale de panneaux et même 95 % du marché du polysilicium, le consortium lyonnais accélère dans la concrétisation de son projet d'installer une usine de cellules photovoltaïques « made in France ». Et elle voit grand.
« Nous nous devons d'être compétitifs autant qu'on puisse le faire par rapport aux Chinois. Il faut donc créer des économies d'échelle importantes », explique Raffaella Giardino, managing director de Carbon.
5 GW et 40.000 panneaux par an
Ainsi, « nous produirons 22.000 km carrés de panneaux, 40.000 panneaux par an », avance la dirigeante de l'entreprise industrielle. « Notre intrant sera le sable ». Une capacité de production annuelle de 5 GW est promise. « Un réacteur nucléaire, c'est 1 GW », compare Raffaella Giardino. Surtout, l'usine intègrera verticalement toute la chaîne photovoltaïque, de la croissance des lingots à l'assemblage de panneaux en passant par la fabrication de cellules.
Le choix du site s'est imposé en toute logique. « Nous avions besoin de 60 hectares, avec des caractéristiques de proximité des transports ainsi que de disponibilité de connexion électrique et de l'eau », détaille encore Raffaella Giardino. En outre, pour accompagner l'implantation du projet dont la totalité requiert plus de 1,5 milliard d'euros d'investissement, Carbon a obtenu le soutien, entre autres, de la Région Sud. De fait, celle-ci vient de confirmer son intention d'investir 15 millions d'euros. Et une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, CMA CGM a également confirmé sa volonté d'accompagner le projet via son Fonds Energie. L'investissement consenti avoisinerait, selon diverses sources, 10 millions d'euros.
« C'est une communion des objectifs et de mission - la transformation énergétique, la décarbonation de l'économie française et la réindustrialisation du territoire, estime-t-elle. Nous serons une giga-usine à zéro émission de carbone. » Illustration, selon elle, de « l'association de l'écologie et de l'industrie ».
Trouver les compétences
Au-delà de la production de panneaux, c'est la constitution, en Europe, d'une « filière entière » qui est visée par Carbon. Celle-ci implique « des équipementiers, des matières premières, de l'aluminium, de la pâte d'argent, du silicium », enchaîne Raffaella Giardino. L'enjeu est de taille. « On ne peut pas faire la transition énergétique chez nous et avoir la filière en Chine », martèle-t-elle.
Une ambition qui devrait générer plus de 3.000 emplois directs - opérateurs, techniciens, ingénieurs, commerciaux et administratifs - et plus de 9.000 emplois indirects. Reste à trouver les compétences nécessaires... Un sujet en pleine discussion avec la Région, Pôle Emploi et d'autres acteurs du territoire, en particulier « pour établir une filière d'études », comme cela a été fait pour la microélectronique, conclut-elle.
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