Quelle stratégie pour la marque de vêtement Kaporal après le redressement judiciaire ?

Un peu plus d'un an après le placement en redressement de la marque de vêtements originaire de Marseille, le Tribunal de commerce vient de valider le plan de continuation présenté par trois anciens cadres de l'entreprise. Un plan qui comprend notamment la réduction des points de vente en propre et retour en force du denim.
(Crédits : Kaporal/Youtube)

La nouvelle vie de Kaporal peut démarrer. Treize mois après le placement en redressement judiciaire de la marque de vêtements née à Marseille, le Tribunal de Commerce de Marseille a validé le mardi 7 mai dernier le plan de continuation présenté par trois anciens cadres. C'est en juillet que l'offre de reprise a été présentée à la barre du tribunal par Thierry Bongiovanni, Nicolas Ciccione et Réginald Labbe, lesquels ont passé dix ans au sein de l'entreprise pour les deux premiers et cinq ans pour le dernier.

Cette période d'un peu plus d'un an « a permis à Kaporal de restructurer ses opérations, consolider ses ressources et renforcer ses fondations pour assurer sa stabilité à long terme », indique l'entreprise dans un communiqué. « Nous sommes ravis d'avoir franchi cette étape cruciale dans le parcours de notre entreprise. Nous tenons à remercier nos employés, partenaires commerciaux et clients pour leur soutien indéfectible tout au long de cette période. Ainsi que nos Co investisseurs et toutes les personnes de la procédure ayant eu confiance dans notre Business Model », s'est réjouit Nicolas Ciccione après la délibération du Tribunal de Commerce. Contacté par La Tribune, le dirigeant voit dans cette nouvelle étape « l'acceptation du plan de continuation ».

Retour vers le denim

La construction du nouveau modèle économique peut s'appuyer sur une dette allégée. Flirtant autour des 48 millions d'euros - pour un chiffre d'affaires en 2022 de 99 millions d'euros - lors du placement en redressement judiciaire, elle a été effacée en grande partie (à hauteur de 85%) par le Tribunal. « Notre projection de chiffre d'affaires est de 64 millions d'euros, c'est moins que par le passé mais l'Ebitda sera meilleur. Notre objectif c'est la rentabilité et cela passe notamment par rééquilibrer la distribution entre tous nos canaux », rappelle Nicolas Ciccione.

La centaine de boutiques, héritée de la stratégie menée par le fonds d'investissement anglais TowerBrook qui avait racheté la marque en 2013, sont drastiquement réduites. Désormais, c'est une cinquantaine de points de vente en propre qui sont conservés auxquels s'ajoutent quinze autres franchisés ou affiliés. La marque Kaporal se trouve également à travers « 800 clients BtoB », c'est-à-dire des enseignes multi-marques et des vendeurs en ligne. « Chaque canal à un sens, les magasins sont importants pour jouer un rôle de vitrine », explique le dirigeant.

Pour ce qui est de l'emploi, environ 250 salariés ont été conservés. Lors du dépôt de l'offre de reprise à l'été 2023, l'entreprise marseillaise comptait 441 CDI, ce qui correspond à une diminution de 40% des effectifs. Il faut dire que le modèle du secteur de l'habillement a particulièrement évolué avec le développement de l'e-commerce depuis plusieurs années. Une tendance qui s'est accélérée avec la crise du Covid-19 et qui a touché de plein fouet de nombreuses enseignes. Entre 2022 et 2023 plusieurs grands noms sont passés par la case redressement judiciaire à l'image de Camaïeu, Go Sport, Kookaï, Naf Naf ou encore Minelli. Tous mettent en avant la succession des crises sur les dernières années, des Gilets Jaunes à l'inflation en passant par les confinements.

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Réduire la production

Pour Kaporal, en plus de sa restructuration interne et de sa distribution, le chemin de la rentabilité passe par un repositionnement de ses produits. La nouvelle direction souhaite réduire la voilure sur le nombre de références et se recentrer sur le denim. La toile bleue « de Nîmes » est ce qui avait fait le succès de Kaporal auprès d'une clientèle populaire lors de sa création en 2004, elle représente autour d'un quart du chiffre d'affaires. « Nous pensons qu'elle doit atteindre entre 35 et 45% », chiffre Nicolas Ciccione. Un retour aux sources qui devrait aussi s'accompagner d'un renforcement de l'identité marseillaise, à l'image de la collaboration avec Mecs de la Rue (MDLR) pour une capsule sortie en décembre dernier.

Par ailleurs, réduire le nombre de références permet de répondre à un double enjeu : celui de rentabilité et de la responsabilité. Pour le premier aspect, réduire la production vise à se rapprocher des volumes vendus pour éviter de conserver des stocks de fin de saison sur les bras. « Nous réfléchissions avec un partenaire à un modèle hybride de fabrication en quantité plus faible des pièces pour ensuite produire davantage celles qui sont le plus vendues », avance le dirigeant. Côté responsabilité, l'industrie de la mode étant particulièrement polluante, baisser la production est forcément positif. Dans cette logique, la nouvelle direction réfléchit à une relocalisation de sa production hors-Europe sur le Vieux-Continent ou le bassin méditerranéen.

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Commentaire 1
à écrit le 15/05/2024 à 11:59
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