PME et ETI, maillons forts de la coopération euro-africaine ?

Forte de ses ressources naturelles en énergies et en matières premières, l'Afrique est prête à jouer un rôle central dans les transitions mondiales. Un rôle qui passe par l'implication des PME et ETI, ces entreprises qui constituent, aussi bien en Afrique qu'en Europe, la majorité du tissu économique. Ce qui fait d'elles des leviers essentiels de coopération entre les deux continents.
(Crédits : DR)

Le développement économique et les investissements pour le soutenir sont souvent associés aux grandes entreprises car elles disposent de ressources financières importantes. Pourtant, le tissu des PME et ETI représente 45% des emplois salariés dans l'Hexagone. Un chiffre qui grimpe à 60% en Afrique. Pour Corinne Amori-Brunet, ambassadrice du Bénin en France, « ce sont ces entreprises qui créent l'équilibre économique d'un pays, nous ne pouvons pas penser à un développement sans elles ». Une approche d'autant plus vraie au Sénégal où « 90% des entreprises sont des PME, constituant 40% du PIB », présente Papa Amadou Sarr, directeur exécutif mobilisation partenariats et communication de l'Agence française de développement (AFD).

Cette typologie d'entreprise est donc appelée à jouer un rôle important dans la concrétisation des envies de coopération entre l'Europe et l'Afrique, estiment les intervenants du forum Europe-Afrique, organisé par La Tribune, ce 7 mai à Marseille. Un lien sur lequel s'appuie notamment la Chambre de commerce et d'industrie d'Aix-Marseille-Provence (CCIAMP) avec sa structure Africalink qui réunit des entrepreneurs de la métropole provençale et de la rive sud de la Méditerranée. « Africalink réunit 48% de dirigeants africains », précise Jean-Luc Chauvin, président de la chambre consulaire. Une parité dans la représentation qui traduit la volonté du réseau d'assurer un équilibre dans les relations entre les deux continents. « Ces entrepreneurs font du business ensemble, collaborent et se complètent sur des secteurs où il peut y avoir un manque », expose Jean-Luc Chauvin.

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Des besoins de financements colossaux

Déjà très présentes, ces petites, voire très petites, entreprises sont de plus en plus nombreuses. « Au Bénin, entre 2019 et 2023 sur les 56.000 entreprises créées, 95% sont des ETI », expose Corinne Amori-Brunet. Ce qui va accroître les besoins en financement. « C'est la priorité numéro 1 », témoigne Moussa Camara, président-fondateur des Déterminés. En Afrique, les besoins sont colossaux. « D'après le FMI, les 40 millions de PME d'Afrique ont besoin de 150 milliards d'euros alors qu'il n'y a que 20 milliards de crédits chaque année », avance Papa Amadou Sarr.

Attirer les investisseurs n'est pas simple, notamment les Européens. « Certains viennent de plusieurs milliers de kilomètres, mais pas d'Europe alors que nos deux continents ne sont séparés que de 14,5 km », regrette Raymond Ndong Sima, Premier ministre de la transition du Gabon.

Financer « l'énergie créatrice »

Parmi les difficultés rencontrées, Papa Amadou Sarr évoque les « lourdeurs » administratives. Autrement dit, toutes les exigences de garanties que ne peuvent pas apporter ces jeunes entreprises. « Cette lourdeur fait que nous ne pouvons pas opérer directement, il faut passer par un organisme financier », raison pour laquelle l'ADF essaye « d'accompagner les PME à accéder aux crédits ». Notamment pour les petits montants de 500 à 1.500 euros pour lesquels un entrepreneur qui débute et n'a pas besoin d'énorme moyen à ce stade.

Concrétiser cette envie passe aussi par « changer la perception du risque », plaide Corinne Amori-Brunet. « Les TPE remboursent », insiste-t-elle pour balayer les craintes sur l'insolvabilité. De son côté Jean-Luc Chauvin parle d'un « financement à risque, mais qui crée un dynamisme économique. Nous finançons de l'énergie créatrice ».

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