« La construction hors site est une des réponses à la crise du logement », Patrick Grégoire (GA Smart Building PACA)

Le pionnier de la construction hors site se déploie en région Sud avec le projet de la requalification de la Place Sophie Laffitte, à Sophia Antipolis, et l’ouverture d’une agence dédiée, à Marseille. Un premier pas qui, selon son directeur régional, en appellera d’autres tant ce mode de construction cumule les avantages, faisant de lui une réponse à la crise du logement actuel.
(Crédits : Potion Médiatique)

Il est des chiffres qui parlent d'eux-mêmes. A commencer par ce tout petit 1% : à savoir, le poids de la construction hors site en France dans le secteur du neuf. En comparaison, celle-ci pèse entre 50 et 60% selon les classes d'actifs dans les pays anglo-saxons, encore plus dans les pays scandinaves. Autre chiffre intéressant : 9%, soit la part que devrait représenter, a minima, cette même construction hors site en France en 2031. Une progression remarquable portée par la structuration d'une filière dédiée, avec en chef de file l'association Filière Hors Site France. En son sein, quelques grands acteurs comme Grand Paris Aménagement, la Société des Grands Projets ou encore le bailleur social 3F, présent en région Sud, qui se sont engagés sur un volume ainsi construit de plus de 5 millions de m² d'ici à 7 ans. Autrement dit, la construction hors site fait sa révolution !

Pionnier de la construction hors site

« Depuis 2022, et plus encore en 2024, la construction hors site vit un virage stratégique, notamment dans la classe d'actifs du logement où s'opère une vraie bascule », relève Patrick Grégoire, directeur développement et projets immobiliers en Provence-Alpes-Côte d'Azur de GA Smart Building. Fondé il y a 150 ans, le groupe toulousain a fait de ce mode de construction qui consiste à modéliser et fabriquer en usine les éléments de structure, de façades et d'équipements d'un bâtiment avant de les acheminer et de les assembler sur place, sa boussole depuis 80 ans. Il dispose à ce jour de 9 usines de préfabrication sur l'Hexagone, spécialisées en béton bas carbone, bois, CVC, serrurerie et façades en aluminium. Il emploie quelque 800 collaborateurs et réalise un chiffre d'affaires d'environ 300 millions d'euros.

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La réhabilitation de la Place Sophie Laffitte en fer de lance

Particulièrement actif en Île-de-France et en région toulousaine, le groupe a ouvert une agence à Marseille en septembre 2023 pour déployer le concept en région Sud avec, comme porte-drapeau, le projet de réhabilitation de la Place Sophie Lafitte de Sophia Antipolis. Cœur historique de la technopole azuréenne, cette pièce urbaine de 3,5 hectares, héritage d'un urbanisme vieillissant daté des années 1970, va être entièrement repensée par Equilis France, maître d'ouvrage du projet avec GA Smart Building. Orchestré par l'agence Devillers & Associés, le programme co-construit avec les collectivités locales prévoit près de 15.000 m² de développement immobilier multiproduit (résidence étudiante, co-living, tertiaire et enseignement) en construction hors site. Un premier pas que le directeur régional entend réitérer, notamment sur la ville de Marseille où l'urgence immobilière est peut-être plus prégnante qu'ailleurs, tant au niveau de la rénovation du centre-ville dégradé que du plan école. A cet égard, « nous sommes convaincus que le groupe a une place à prendre. La construction hors site constitue une réponse en termes de rapidité et de rythme à donner à l'ensemble de ces opérations », souligne le directeur. Qui précise : « Nous sommes dans une phase active de consultation ».

Réduction des délais de 30 à 60%

Il faut dire que ce mode de construction a des arguments pour convaincre. Le premier d'entre eux tient sans nul doute à sa capacité à réduire les délais, « de 30 à 60% par rapport à un chantier traditionnel. » L'empreinte environnementale s'avère également diminuée sur le triptyque déchets, matières premières et eau, tout comme les nuisances. « La construction hors site, c'est moins de bruit, moins de poussière, moins d'odeur et un flux de camions sur le chantier réduit de 50% », argumente Patrick Grégoire. Enfin, à l'heure de la pénurie de compétences, les avantages sont aussi d'ordre RH, avec des conditions de travail améliorées, des tâches d'œuvre plus aisées car assistées et un taux de féminisation plus important.

 

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Frein culturel

Surtout, la construction hors site « apporte beaucoup de réponses à la crise du logement ». Si à ce jour le coût n'est pas plus avantageux qu'un chantier sur site, « la massification en cours et la standardisation des éléments invisibles tendra à réduire le montant », assure-t-il. Par ailleurs, les délais de construction, plus courts, la qualité des logements livrés, « bien meilleure », et leur performance énergétique, notée A ou B, devraient « encourager le retour des investisseurs sur le logement neuf ». Reste toutefois à lever le frein culturel, ce qui n'a rien d'une mince affaire. « Nous venons bouleverser des équilibres et des habitudes dans une industrie qui n'a pas évolué depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, admet le dirigeant. Mais l'ensemble de ces bouleversements dans l'acte de construire crée une certaine appétence auprès des élus qui nous ouvre un énorme boulevard ». Sur lequel GA Smart Building entend bien accélérer.

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