Eolien off-shore français : une filière en danger

Alors que la filière éolienne en Méditerranée entre en phase pré-opérationnelle avec la création de 3 fermes éoliennes en mer, le défaut d’indexation du prix d’achat de l’électricité pour ces projets pilotes fait peser le risque d’un coup d’arrêt brutal à ceux-ci et à cette filière émergente. Les Sénatrices et Sénateurs de l’arc méditerranéen demandent à conforter la filière et réclament l’extension du dispositif d’indexation destiné aux producteurs d’énergies renouvelables car les trois projets pilotes méditerranéens sont en très grave danger.
(Crédits : EnBW)

Aujourd'hui, le premier hub d'énergie verte en Méditerranée « Eolmed », situé au droit de l'une des zones les plus ventées d'Europe particulièrement propices à l'installation d'éoliennes en mer flottantes, risque une mise à l'arrêt brutale alors même qu'il s'agit du premier projet éolien off-shore réalisé à 80% par des entreprises françaises et qu'il pourrait être mis en service dans à peine douze mois, soit 8 ans après les premières autorisations accordées. Cette ferme pilote en phase de finalisation depuis l'installation, à l'automne dernier, du premier hub de raccordement électrique flottant au monde, est confrontée à une explosion inédite des coûts de production, qui menacent la viabilité même du projet, lequel accuse une augmentation des coûts de construction établis en 2016 à 212 M€ à 372 M€ aujourd'hui ! Sans soutien public, 600 emplois sont menacés (sites industriel de Bagnac sur Célé, du Creusot et de Port la Nouvelle) et au-delà l'émergence même d'une filière industrielle française éolienne off-shore.

Filet de protection contre l'évolution des prix

Pandémie de COVID-19, guerre en Ukraine, tensions sur le marché de l'acier, inflation, explosion des coûts de l'énergie, augmentation des taux d'intérêts, tous les voyants sont au rouge pour la filière éolienne off- shore française car ces producteurs ne disposent d'aucun filet de protection contre l'évolution du prix des matières premières et des coûts de financement, depuis leur désignation en tant que lauréat, et, la décision finale d'investissement.  Ne pas réagir emporte le risque majeur de mettre en péril la transition énergétique en Méditerranée et menace notre souveraineté énergétique comme la résilience de l'industrie française. Pour lutter contre le réchauffement climatique et répondre à la massification de l'électrification de ses besoins, la France devra en effet accroître fortement sa production énergétique décarbonée d'ici 2050, ce qui implique, nucléaire ou pas, un déploiement massif des énergies renouvelables pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles, et, le recours à l'hydrogène, pour décarboner le processus de production.

Dans les cinq prochaines années, pas moins de 150 nouveaux projets éoliens marins sont attendus dans le monde, et à ce titre, l'Europe fait figure de pionnière. Après l'Ecosse en 2017, puis le Portugal  en 2020, de nouveaux parcs commerciaux bien plus grands encore verront le jour : en face de l'Ecosse, des Canaries, dans la baie de Rosas au nord de la Catalogne avec le projet « Tramuntana » ou encore entre Sicile et Tunisie avec le projet « 7SeasMed ».

Transition énergétique : l'enjeu du territoire

Sur le pourtour méditerranéen français, seules trois fermes pilotes préfigurent le modèle de ce que pourraient être, demain, des territoires résilients produisant une grande part de l'énergie qu'ils consomment : le projet « EolMed » au large de Gruissan, « les éoliennes du golfe du Lion », au large de Leucate, et « Provence Grand Large » face à Port Saint-Louis du Rhône.

Face au boom attendu de cette filière aux enjeux stratégiques pour les industries françaises fortement émettrices de gaz à effet de serre (industries de cimenterie, portuaires, ferroviaires, métallurgiques, aéronautiques, procédés de fabrication des matériaux de construction et infrastructures bas-carbone de demain), Nous, Sénatrices et Sénateurs de l'arc méditerranéen, rappelons que conforter la filière éolienne off-shore française, c'est engager la transition énergétique dans les territoires, soutenir le tissu économique et réindustrialiser mais aussi créer et reconvertir des emplois, développer des compétences et gagner en indépendance technologique et énergétique. Pour conserver cet avantage compétitif et contribuer à l'émergence d'une réponse énergétique d'avenir, nous devons être au rendez-vous.  Nous réclamons, dans le prolongement du débat Public mené par la CNDP, une planification claire et transparente concernant la structuration de ces filières émergentes, éolien en mer flottant et hydrogène vert, à l'échelle de l'arc méditerranéen afin de garantir la complémentarité entre les ports de méditerranée et contribuer ainsi à la souveraineté énergétique française et au maintien d'un haut niveau de compétitivité pour notre industrie. Nous rappelons qu'il serait inenvisageable de réduire à néant les efforts réalisés par les acteurs publics locaux comme l'excellence du savoir-faire français sur toute la chaîne de valeur. Nous demandons instamment au Gouvernement qu'il secoure cette filière et procède à l'indexation du tarif d'achat de l'électricité produite des trois projets pilotes.

Développer des corridors

Nous réaffirmons, avec force, l'impérieuse nécessité de développer des corridors à hydrogène interconnectés à partir des sites de Port la Nouvelle et Fos sur Mer grâce à la sécurité d'approvisionnement permise par la liaison transfrontalière au sud de l'Europe avec le projet d'infrastructure Barcelone / Fos-sur-Mer « BAR/MAR».

Nous soutenons enfin la nécessaire solidarité de bassin et estimons que seules les capacités conjointes de l'ensemble des installations de la façade méditerranéenne permettront de répondre aux défis qui se présentent pour favoriser l'émergence d'une filière méditerranéenne française de pointe, grâce au soutien public à ces trois sites pilotes lauréats de l'appel d'offres lancés par l'Etat et à l'interconnexion des infrastructures de distribution de l'hydrogène.

Cosignataires :

Sébastien Pla Sénateur de l'Aude

Gisèle Jourda Sénatrice de l'Aude

Hussein Bourgi Sénateur de l'Hérault

Henri Cabanel Sénateur de l'Hérault

Denis Bouad Sénateur du Gard

Laurent Burgoa Sénateur du Gard

Philippe Folliot Sénateur du Tarn

Jean Sol Sénateur des Pyrénées Orientales

Lauriane Josende Sénatrice des Pyrénées Orientales

Jean-Jacques Michau Sénateur de l'Ariège

Claude Raynal Sénateur de Haute Garonne, Président de la commission des finances du Sénat

Alain Chatillon Sénateur de Haute Garonne

Emilienne Poumirol Sénatrice de Haute Garonne

Pierre Antoine Levi Sénateur du Tarn et Garonne

Viviane Artigalas Sénatrice des Hautes Pyrénées

Jean-Marc Vayssouze Faure Sénateur du Lot

Lucien Stanzione Sénateur du Vaucluse

Jean-Yves Roux Sénateur des Hautes Alpes

André Guiol Sénateur du Var

Marie Arlette Carlotti Sénatrice des Bouches du Rhône

Guy Bennaroche Sénateur des Bouches du Rhône

Mireille Jouve Sénatrice des Bouches du Rhône

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Commentaire 1
à écrit le 11/05/2024 à 12:09
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Une énergie gratuite et éternelle dans un monde de déments mal dirigé par des lobbys énergétiques et autres, parce qu'ils savent parfaitement qu'avec l'évolution de la technologie cette énergie serait vite incontournable. Leurs petits intérêts ridicu...

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