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C'est ce qui s'appelle un percutement dans l'actualité. Alors que la commission d'enquête du Sénat concluait le rendu de son rapport ce 14 mai, au même moment l'attaque du fourgon pénitentiaire au péage d'Incarville dans l'Eure est venue illustrer de façon terrible l'empreinte du narcobanditisme.
Dès ses premiers mots, Jérôme Durain, le sénateur de Saône-et-Loire, président de la commission d'enquête du Sénat, indiquait « l'ampleur et l'enracinement » du narcotrafic en France. Depuis novembre dernier, la commission a auditionné associations, magistrats, acteurs de terrain, soit plus de 150 personnes. Beaucoup à Marseille d'ailleurs, d'où tout est parti, comme l'a rappelé pour sa part, le sénateur du Rhône et rapporteur, Etienne Blanc. Parmi ces acteurs auditionnés, Hassen Hammou, très engagé dans la lutte et les conséquences du narcotrafic dans la Cité phocéenne, un sujet qu'il connaît bien et qui l'a poussé, en 2016, à fonder le collectif Trop Jeune pour mourir. S'il se dit « satisfait » de ce rapport, « le premier du genre », il estime aussi que celui-ci ne constitue pas une finalité mais plutôt une première brique, regrettant aussi que le tissu associatif et médical n'ait pas été davantage consulté.
La proximité des mesures
Car il y a le constat - terrible et qui souligne le manque de moyens, technologiques comme humains - et les préconisations. Où le sujet de la prévention est beaucoup évoqué, la commission estimant par exemple nécessaire de prendre en compte le rôle des mineurs ainsi que les fratries afin d'éviter le basculement des frères et sœurs dans les trafics. Les mesures d'éloignement préconisés ? « C'est une solution pour donner toutes les chances au jeune de s'en sortir, loin de ceux qui l'entraînent dans le narcotrafic », estime Hassen Hammou. Dont le principal cheval de bataille s'appelle proximité. Lui demandait un statut particulier pour les « nourrices ». La commission, elle, propose de libéraliser le recours aux repentis et de réduire leur peine en conséquence, voire de les en exempter. « L'idée n'est pas de proposer un statut qui pardonnerait tout. Cela ne doit pas être un blanc-seing.
Mais il faut tenir compte de comment le jeune s'est laissé embrigadé, comment il paye ensuite sa dette à la société », modère Hassen Hammou. Soulignant néanmoins que la gestion de la relation avec un informateur est une gestion très sensible qui comprend, malgré tout, le risque de mettre celui-ci en danger. Quid du sujet de la corruption de basse intensité ? « C'est un sujet qui ne doit pas être minimisé. Pour les jeunes, la menace est permanente. Les trafiquants n'ont pas peur de s'en prendre aux familles », insiste encore le fondateur du collectif qui estime par ailleurs que légaliser le cannabis serait une fausse-bonne idée, car cela ne provoquerait pas de baisse de la consommation. « Un drogué voudra ensuite une drogue plus dure. On ne légalisera pas la cocaïne ».
Etape législative ?
Autre élément qui raccroche à la notion de proximité, la commission engage à renforce le rôle des maires, estimant que les Premiers Magistrats doivent notamment pouvoir demander aux Préfets, la fermeture de lieux participant aux trafics. « Nous avons toujours considéré que l'échelon municipal était le meilleur échelon. Qu'il était indispensable de mettre de la proximité dans les mesures ».
Créer un Parquet national antistupéfiants ? « Il faut spécialiser, c'est une façon de mieux lutter contre le trafic », acquiesce Hassen Hammou.
Le rapport et après ? « Nous allons continuer à maintenir la pression, à mener un lobbying auprès des parlementaires. Et faire en sorte que certaines des propositions soient suivies de lois. Car nous n'avons fait qu'une partie du chemin ».
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