Sport - Les challenges d’une filière : les transformations du secteur marchand 2/2

Généralement sous-estimé, le poids économique du sport est équivalent à celui de l’hôtellerie-restauration. C’est l’un des grands enseignements tirés de la dernière étude BPCE L’Observatoire, dédiée à l’économie du sport. Où l’on constate aussi le caractère dual du segment marchand de la filière, fragmenté d’un côté, concentré de l’autre, la difficulté croissante des TPE à trouver l’équilibre économique au profit des micro-entreprises et les perspectives qu’ouvrent les grands événements sportifs. Sur la Côte d’Azur comme au national.
(Crédits : DR)

A un an des Jeux Olympiques 2024, l'observatoire économique du Groupe BPCE s'est penché sur le sujet du sport, histoire de décrypter les tendances et identifier les défis d'une filière qui a tout d'une championne. Puissante - elle contribue à hauteur de 2,7% au PIB français, comme l'hôtellerie-restauration - et diverse, elle réunit au-delà de la sphère publique et du cercle associatif un écosystème marchand solide de 128.500 entreprises identifiées. Celles-ci interviennent dans les domaines de la pratique et de l'enseignement, des équipements et articles de sport, des services BtoC (médias spécialisés, spectacles, médecine sportive...) et BtoB (gestion d'événements, clubs professionnels, agences de communication...). L'ensemble génère un chiffre d'affaires de 71 milliards d'euros pour 328.000 emplois.

« Cette filière est très caractéristique, relève Alain Tourdjman, directeur Etudes & Prospective du Groupe BPCE. C'est un univers à la fois fragmenté avec plus de 100.000 entreprises sans salariés, et concentré car une partie importante de son chiffre d'affaires - 38 milliards d'euros - est réalisée par 3.500 PME, ETI ou grandes entreprises du sport, hors paris sportifs. Ce sont elles qui façonnent le poids économique du secteur ». Celui-ci présente également une forte vitalité, puisque chaque année se créent entre 10.000 et 15.000 nouvelles entreprises, unipersonnelles pour l'essentiel.

Le nautisme domine

Sur la Côte d'Azur - comprendre les départements des Alpes-Maritimes et du Var - elles sont 7.440 parmi lesquelles 76% n'emploient que le dirigeant. La plupart propose des activités de coaching et participe ainsi à une offre de proximité. L'ensemble mobilise au total 13.600 salariés pour un chiffre d'affaires de 2,1 milliards d'euros, équitablement répartis sur les deux territoires, mais dont 676 millions d'euros proviennent de seules 32 grosses PME et ETI. Comme au national, le tissu productif privé apparaît fragmenté démographiquement, et concentré économiquement. "Sur le sujet sectoriel, nous constatons une forte représentation des équipements sportifs, surtout des piscinistes, et un commerce dynamique porté par la dimension locative, très active sur le territoire du fait d'un grand nombre de sports pratiqué dans une logique événementielle", précise l'analyste. Pour autant, c'est assez logiquement le segment nautique qui domine. Celui-ci pèse 22% du chiffre d'affaires du sport azuréen, avec 800 entreprises et 1.800 emplois.

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La difficulté croissante des PME

Toutefois, la polarisation de la filière entre les micro-entreprises et les PME-ETI pèse sur le développement des TPE. Lesquelles "sont trop petites pour monter en activité et en efficience et pas assez grandes pour se distinguer vraiment des structures sans salariés, dont le modèle est plus léger, moins taxé, avec un environnement réglementaire peu formel". Prises en étau, les TPE du sport peinent de plus en plus à trouver un équilibre économique. Par conséquent leur nombre recule, à peine 200 ont été créées en 2021, contre 16.000 en 2008. Et ce, on l'a vu, au profit des structures sans salariés. Au national, on compte ainsi un peu plus de 23.800 TPE qui génèrent 13 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Sur la Côte d'Azur, elles sont 1.581.

L'impact des grands événements

Autre fait souligné, l'impact des grands événements sportifs internationaux sur la filière et sa structuration. "C'est devenu une activité à part entière. De plus en plus d'acteurs se spécialisent dans ce domaine pour être capable d'avoir une offre internationale". En retrait il y a encore dix ans, la France est en effet en train de combler son retard, portée par l'accueil de manifestations mondiales phares, JO 2024 en tête. "C'est un vrai levier de développement,insiste Alain Tourdjman. Les grandes entreprises de services qui s'étaient peu penchées sur la dimension sportive cherchent à développer des savoir-faire dans différents domaines comme la billetterie, la monétique, les tests...". Cela contribue à structurer la filière, que ce soit au niveau de l'offre sportive que des services au sport.

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