Sport - Les challenges d’une filière : la sphère publique et associative en peloton de tête 1/2

Généralement sous-estimé, le poids économique du sport est équivalent à celui de l’hôtellerie-restauration. C’est l’un des grands enseignements tirés de la dernière étude BPCE L’Observatoire, dédiée à l’économie du sport. Où l’on constate aussi le rôle clé des associations et des collectivités territoriales face à la transformation des besoins, le vieillissement des infrastructures et la transition énergétique. Sur la Côte d’Azur comme au national.
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Le poids économique du sport est-il sous-estimé ? Si l'on en croît le dernier livrable de BPCE L'Observatoire, la réponse est oui. A un an des Jeux Olympiques 2024, le centre d'études et d'analyses économiques du groupe bancaire s'est penché sur le sujet, histoire de décrypter les tendances et identifier les défis d'une filière qui a tout d'une championne peu ou mal (re)connue.

Il faut dire que le secteur du sport dépasse la stricte vision comptable communément pratiquée. Laquelle ne prend en compte ni le bénévolat, soit 360.000 équivalents temps plein (ETP), ni la sur-représentation du secteur non-marchand, public et associatif, alors que les collectivités territoriales, par exemple, dépensent chaque année pas moins de 12,5 milliards d'euros en équipements, en soutien aux associations ou encore en sport scolaire. Soit près de deux fois le coût de Paris 2024, qui mobilise une enveloppe de 7 milliards d'euros. Et c'est sans évoquer les fortes externalités positives générées par la pratique sportive et son organisation dont le spectre, très large, couvre aussi bien les domaines de la santé et de la cohésion sociale, que de l'aménagement du territoire et de l'attraction économique. De ce fait, loin du 1,7% généralement admis, BPCE L'Observatoire évalue la contribution du sport au PIB français à 2,6%. A savoir 64 milliards d'euros. L'équivalent de l'hôtellerie-restauration.

Le monde associatif à la croisée des chemins

C'est dire la dynamique de ce secteur, riche de 380.000 associations, de 13,1 millions de licenciés et de 128.500 entreprises. Sur la Côte d'Azur, comprendre les départements des Alpes-Maritimes et du Var, on dénombre environ 10.000 associations, 412.900 licenciés et 7.500 entreprises. Le secteur du sport subit toutefois des transformations, notamment dans sa pratique associative, en recul de 22 % entre 2019 et 2022. Sur la Côte d'Azur comme au national, un cinquième des licenciés a été perdu, pour beaucoup des femmes, essentiellement actives. La crise sanitaire est évidemment passée par là, montrant que la progression continue de la pratique depuis les années 1950, tout comme sa féminisation, sont plus fragiles qu'il n'y paraît. "Il y a là un enjeu structurel pour le monde associatif, à savoir sa capacité à transformer son modèle et à s'adapter aux nouveaux besoins que sont la flexibilité des horaires et de la tarification d'une part, l'évolution des motivations et des aspirations de l'autre. Faire du sport aujourd'hui s'inscrit plus dans une recherche de santé bien-être que de performance, avec une dimension de personnalisation de l'accompagnement qui prend de l'ampleur", précise Alain Tourdjman, directeur des Etudes et de la Prospective du Groupe BPCE.

La crise du bénévolat vient par ailleurs compliquer cette nouvelle donne, et pousse les acteurs du sport associatif "à sortir de l'informel bon enfant qui prévalait" pour se diriger vers un modèle d'associations de plus grande taille et plus souvent employeuses. Celles-ci, au nombre de 40.000, emploient 115.000 salariés et représentent un peu moins de 10% de l'offre associative nationale. Sur la Côte d'Azur, elles sont 1.100 pour 2.550 emplois, soit 11% de l'offre associative azuréenne.

Le rôle clé des collectivités territoriales

A cet égard, le rôle des collectivités territoriales s'avère clé. Ce sont elles qui financent, à 60%, les dépenses publiques du sport et notamment du sport de proximité. Sur la Côte d'Azur, elles mobilisent chaque année 400 millions d'euros pour développer une politique sportive locale. Laquelle connaît toutefois de fortes disparités géographiques. Dans les Alpes-Maritimes, la dépense en faveur du sport est de 128 euros par habitant, dans le Var, 79 euros par habitant. Si le département maralpin se place très au-dessus de la moyenne nationale - 97 euros par habitant - le périmètre varois apparaît très en retrait. "Cela tient à des choix politiques, avance Alain Tourdjman. Dans les Alpes-Maritimes, il y a clairement une volonté d'utiliser le sport comme vecteur de développement économique". La politique d'accueil de grands événements sportifs développée ces dernières années par la métropole niçoise en particulier en témoigne : d'Iron Man dont l'édition 2023 vient de s'achever, à la Coupe du Monde de Rugby, en septembre, en attendant l'arrivée du Tour de France 2024.

La question des équipements

Cette disparité géographique se retrouve également dans le nombre et la qualité des équipements, détenus à 74% par les collectivités azuréennes. On en comptabilise 5.170, soit 2,4 pour 1.000 habitants, contre 3,8 en moyenne nationale. "En termes d'équipements, nous sommes sur une densité inférieure de 30% à la moyenne française, mais celle-ci est compensée par une plus grande diversité d'offres et une meilleure qualité", reprend l'analyste. Il n'empêche que leur vieillissement - et par conséquent leur rénovation - constitue un enjeu majeur. Dans le Var, la part d'équipements obsolètes, comprendre ayant plus de 35 ans et n'ayant jamais fait l'objet de travaux, est de 31%. Dans les Alpes-Maritimes, le chiffre se limite à 15%. La moyenne nationale s'établit, elle, à 22%.

Le sujet de la rénovation va par ailleurs de pair avec celui de la transition énergétique, puisque 57% du parc des infrastructures sportives indoor azuréennes dépendent des énergies fossiles dans leur mix énergétique. Au regard de la hausse des prix de l'énergie, cela représente, selon l'évaluation de BPCE L'Observatoire, un surcoût potentiel de 900 millions d'euros (au national). Une problématique jugée "prégnante" dont doivent s'emparer la sphère publique et associative mais aussi les acteurs privés, propriétaires de 27% des équipements maralpins et varois mis en service après 2005. Une part qui ne cesse de croître et illustre la dynamique également marchande de la filière.

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