Sportall se positionne en plateforme de streaming du sport

La société basée à Allauch, dans les Bouches-du-Rhône, propose aux ayants droit sportifs de diffuser leur discipline. Un moyen de se positionner auprès des fédérations qui ne parviennent plus à exister auprès des chaînes de télévision. La start-up souhaite désormais développer des innovations notamment pour accrocher un public jeune et de plus en plus volatile.
(Crédits : Sportall)

250 millions d'euros, puis 600 millions d'euros et même un milliard d'euros qui ne sera finalement qu'une chimère. Dans le monde de la diffusion du sport, les droits du football français font beaucoup parler d'eux. A tel point que l'on en oublie les autres disciplines. "La bataille pour le foot allait vers le haut mais c'est l'inverse pour d'autres sports comme le basket ou le handball alors que beaucoup de disciplines ne sont pas disponibles sur nos écrans", décrit Thierry Boudard.

C'est à partir de ce constat que cet ingénieur de formation, qui dispose d'une expérience de 15 ans dans la télévision sur internet, décide avec Arnaud Caron de fonder Sportall début 2021. Il s'agit d'une application qui diffuse une cinquantaine de disciplines. "Avec une majorité d'événements en direct", précise le dirigeant. Pour résumer, la musique a eu Deezer, les séries Netflix et bien Sportall veut être le pendant de ces deux géants pour le sport.

Pour l'instant, l'application compte 250.000 utilisateurs qui ne cessent d'être rejoints par des nouveaux fans de sports à mesure que des disciplines arrivent dans le catalogue. On trouve ainsi du rugby, avec le championnat britannique notamment, de l'athlétisme ou du futsal (foot à 5 sur des terrains de gymnase) pour ne citer qu'eux. Parmi les gros succès en termes d'audience de l'entreprise de 15 salariés, les champions juniors et cadets d'athlétisme ou Fight Nation qui réunit différents sports de combat. Des sports moins médiatiques, qui n'arrivent plus à vendre leurs droits, et dont la diffusion n'entre pas en concurrence directe avec les chaînes de télévision.

Une place de marché pour le sport

Sportall ne se positionne d'ailleurs pas comme un concurrent à ces chaînes. "Nous ne pouvons pas n'être qu'une application de diffusion, nous sommes d'abord une plateforme de gestion de stream mise à disposition des ayants droit sportifs", prévient Thierry Boudard. "Nous permettons à chacun de gérer ses propres médias et d'être indépendants", poursuit le dirigeant. La société propose d'ailleurs des chaînes dédiées à certaines fédérations. Cela signifie que Sportall propose sur son site tous les sports avec lesquels elle signe des contrats, mais pas un abonnement global. Le consommateur doit payer pour chaque discipline qu'il souhaite suivre. En clair, l'entreprise basée à Allauch joue le rôle d'Amazon qui réunit sur son site de nombreux acheteurs différents.

Pas de quoi freiner son développement selon Thierry Boudard pour qui "les fans ne suivent qu'un ou deux sports mais pas cinq ou six". Le dirigeant explique que le travail de Sportall "est de permettre aux ayants droit de choisir leur modèle économique", mais il les encourage toutefois à proposer des contenus gratuits car "ils cherchent de la visibilité" avant tout. Pour reprendre l'exemple du football, on voit bien que de moins en moins de matches sont en clair, et donc accessible au plus grand nombre, à mesure que le montant des droites télés augmente.

Au-delà de l'apport technique de Sportall, la société met en avant sa gestion de sa fan base. "Nous donnons des moyens de communication pour réaliser de la promotion auprès d'elle", avance Thierry Boudard. Attirer l'attention des potentiels spectateurs est essentiel car les manières de consommer évoluent. Le succès d'une plateforme comme Twitch le montre bien. "Les jeunes vont vers les petits écrans", note le dirigeant. Pour les attirer, "il faut se réinventer" tranche-t-il.

Gamification et nouvelles disciplines

Une mutation qui concerne plusieurs facteurs selon Thierry Boudard. Cela peut concerner aussi directement les sports, où de nouvelles disciplines encore confidentielles pourraient gagner en popularité comme le chase tag ou le swim run par exemple. Mais cela vaut aussi pour la manière dont sont diffusés les activités. Le dirigeant de Sportall appelle cela la gamification en rapport avec l'esport. "Pour garder l'attention sur les sports traditionnels il faut proposer en plus de la diffusion des quiz ou des interactivités pour tenir les spectateurs", avance-t-il.

Cette gamification, Sportall compte la développer. Une levée de fonds de 2,9 millions d'euros d'equity vient d'ailleurs d'être bouclé en ce sens. Si tous les projets ne peuvent pas encore être dévoilés, Thierry Boudard promet de l'innovation. "Nous maîtrisons la chaîne de bout en bout ce qui nous permet d'apporter des nouveautés à tous les niveaux", souligne-t-il. La start-up espère débiter à l'international, que ce soit en ramenant des droits de diffusion en France comme dans le rugby qu'en proposant son application à l'étranger. Et comme le sport est universel, l'entreprise ne se donne pas de limite. Une valeur présente dans le sport.

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