Guerre en Ukraine : « Nous allons rebondir sur d’autres marchés » (Alexandra Borchio Fontimp, CRT Côte d’Azur)

Si la Russie est historiquement très liée à la Côte d’Azur, elle ne représente pourtant pas la première clientèle de la destination. Ce qui n’empêche pas un manque à gagner estimé, pour l’heure, à 50 millions d’euros. Et une légère réorientation de la stratégie du Comité régional du tourisme Côte d’Azur, qui s’appuie sur un triptyque qui a déjà fait ses preuves, celui visant marché de proximité, européen et internationaux, comme l’explique sa présidente.
(Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Quel est et sera l'impact de la guerre entre la Russie et l'Ukraine sur la stratégie de conquête des marchés pour le CRT Côte d'Azur ?

ALEXANDRA BORCHIO FONTIMP - Le marché russe représente 7% des recettes au titre de la clientèle internationale et 6% de la clientèle étrangère. C'est aussi moins de 1% du volume de l'Aéroport Nice Côte d'Azur. Ce n'est donc pas l'un des marchés les plus importants pour la Côte d'Azur. La clientèle russe, qui est davantage une clientèle de loisirs, est, en revanche, une clientèle qui possède un fort pouvoir d'achat et qui reste longtemps, avec des séjours en moyenne d'une semaine à dix jours. Le marché russe est, il ne faut pas l'oublier, déjà impacté depuis 2020, avec les conséquences de la crise sanitaire. Nous avons donc été obligés de nous passer de cette clientèle, ce qui nous a rendu créatif et nous a poussé à aller chercher d'autres parts de marché. Notamment en allant sur un tourisme et des marchés de proximité. Mais, clairement, pour l'année 2022, l'absence des touristes russes devrait entraîner un manque à gagner de 50 millions d'euros. Nous pourrons analyser plus finement, à la fin de la saison.

Un impact est-il prévisible pour les pays de l'Est de façon plus globale ? Et sur les Etats-Unis, toujours soucieux de sécurité ?

Il est prématuré d'envisager un quelconque impact concernant les pays de l'Est ou les Etats-Unis. Nous ne recensons, pour le moment, aucune annulation. Il est vrai que les Etats-Unis sont très attachés aux questions sécuritaires, et qu'ils sont très friands de la France et de la Côte d'Azur. Nous y menons des opérations chaque année et nous organisons une mission, justement, ce mois de mai. La clientèle américaine est très appréciée et surtout, elle vient sur les ailes de saison. L'an dernier, c'est une clientèle qui a rebondi et a généré 150.000 séjours sur la Côte d'Azur.

Des actions sont-elles déjà prévues, envisagées pour « contrer » les conséquences du manque de la clientèle russe, pour rassurer certaines clientèles ?

Il faut toujours savoir tirer des leçons des expériences négatives passées. Nous avons connu beaucoup d'événements comme les attentats, la tempête Alex, la crise sanitaire... Ces situations délicates nous ont poussés à être réactifs. Désormais nous envisageons toujours en même temps un plan A, un plan B et même un plan C. Le plan de communication que nous avions prévu de présenter ces prochains jours, va être adapté au contexte actuel et décalé à mi-mars. Nous allons mener des actions en France, la campagne de communication vise notamment ce marché, mais aussi le marché européen, principalement l'Allemagne et la Grande-Bretagne ainsi que les marchés lointains. Comme Dubaï, où nous allons mener une mission prochainement et qui pourrait compenser l'absence de la clientèle russe.

Quelle stratégie souhaitez-vous mener plus globalement ?

Nous aimerions renouveler l'image de la destination, celle d'un littoral un peu bling-bling urbanisé. Or, la Côte d'Azur c'est aussi beaucoup d'espaces naturels, de ruralité. On oublie le Moyen et le Haut Pays. Or il existe une envie de tourisme où l'on prend le temps. C'est ce que veut promouvoir le festival outdoor (qui se tient entre avril et mai NDLR) en offrant la possibilité d'activités de pleine nature, démontrant que les Alpes-Maritimes est un formidable terrain de jeu, unique en France, un versant de la Côte d'Azur méconnu. Nous voulons également travailler sur les ailes de saison afin de générer une activité touristique toute l'année. Nous nous appuyons, comme New York, sur notre marathon Nice-Cannes, pour créer cela. Et puis nous voulons agir sur la dépense moyenne et passer d'un tourisme de masse à un tourisme plus qualitatif.

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