Guerre en Ukraine : dans le Sud, cet impact sur la stratégie touristique… et les chantiers navals

Historiquement liées avec la Côte d’Azur, la Russie et l’Ukraine constituent à la fois des clientèles qui étaient en phase de reconquête et des marchés qui obligent le comité régional du tourisme PACA à revoir sa copie stratégique. Alors qu’un autre pan de l’économie se trouve – déjà – impacté, celui de la réparation navale de yachts comme celle du commerce maritime.
(Crédits : La Ciotat Shipyards)

C'est la crise (géopolitique) après la crise (sanitaire) et ce sont des conséquences qui impactent déjà les politiques stratégiques des professionnels du tourisme. Car entre la Russie et le Sud, l'histoire d'amour se confond avec l'Histoire. C'est bien simple, les Russes sont présents depuis 1783 sur la Côte d'Azur - et la création d'un Consulat pour Nice et Villefranche - alors que dans les années 1855, c'est la veuve du Tsar Nicolas II qui encourage le tourisme hivernal. Une présence qui se signale encore aujourd'hui, puisque d'après les données du Comité régional du tourisme PACA, 20.000 russophones sont établis entre Menton et Saint-Tropez.

Un marché russe à l'arrêt

Au-delà des liens historiques, le tourisme russe comme ukrainien est un sujet qui impacte les plans de reconquête des professionnels du tourisme. Et c'est exactement ce qu'explique François de Canson, le président du Comité régional du tourisme PACA. Certes, le tourisme russe représente 8% de la clientèle internationale mais il était surtout une cible de la stratégie régionale. Car la crise sanitaire est passée par là et plus durement pour cette clientèle, empêchée de venir en France au vu de la non-reconnaissance du vaccin russe contre le Covid-19. Au point, de faire chuter la fréquentation de 80%. « Depuis deux ans, le marché russe est à l'arrêt », souligne François de Canson. Même si ce dernier avait légèrement frémi en reprenant 1% de croissance en 2021.

Sauf que le marché russe constituait l'une des cibles visées pour redonner de l'élan à l'attractivité touristique du territoire. Ainsi des missions de promotion en Russie comme en Ukraine avaient été programmées ce mois de mars afin de redynamiser la destination. Elles sont, évidemment, annulées.

Une clientèle russe, logiquement, majoritairement tournées vers la Côte d'Azur, l'hôtellerie de luxe, le yachting et les services haut de gamme. Mais qui n'ignore pas pour autant la Provence. En 2010, l'ouverture du vol entre l'aéroport Marseille Provence et le pays des tsars a accompagné cette typologie de touristes, plus accès culture que luxe.

Adapter les plans de conquête

Désormais, il faut adapter les plans de stratégiques. Et c'est en reprenant ce qui a bien fonctionné pendant la crise, en ciblant la clientèle française à fort pouvoir d'achat, celle qui ne va pas forcément voyager dans le reste du monde, indique François de Canson. La campagne de promotion « On a tous besoin du Sud », initiée en 2021 et qui a nécessité un investissement de 1 million d'euros, avait plutôt bien porté ses fruits, faisant de Provence Alpes Côte d'Azur la région de France enregistrant la plus forte progression. Il va donc y avoir une sorte de bis repetita puisque le CRT PACA va aussi aller chercher des relais de croissance en Europe, notamment auprès des pays scandinaves ou de la Suisse. Alors même que beaucoup d'espoir est mis dans la campagne pan-européenne d'Atout France, qui a mobilisé 10 millions d'euros d'investissement dont 2,5 millions d'euros sont consacrés au Sud.

Des relais de croissance qui se trouvent aussi du côté de l'Autriche et plus largement de l'Europe centrale, clientèle qui ne pourra se rendre en Russie ou en Ukraine et qui pourrait donc trouver beaucoup de charme à la France...

La réparation navale, dans l'œil du cyclone

Le charme français, les oligarques russes le connaissent bien. Mais les sanctions décidées à leur encontre a pris une tournure très réelle avec la saisie de l'Amore Vero, venu au chantier naval de La Ciotat pour une série de réparation, dans la nuit du 2 au 3 mars, alors que pas très loin, à Fos sur mer, c'est un vraquier, vide, qui a été immobilisé dimanche. A Monaco, le yacht d'un oligarque a été empêché de prendre la mer...

Le refit - autrement dit la maintenance et la réparation navale - des méga-yachts est l'une des spécificités économiques de Provence Alpes Côte d'Azur. A La Ciotat, la Ciotat Shipyard, attend pour septembre prochain son super ascenseur, capable de soulever des bateaux de 4.000 tonnes. C'est aussi à La Ciotat que MB92, qui se revendique comme leader de la réparation et de la maintenance des yachts d'exception, s'est installé. Depuis 1988, ce chantier naval estime avoir géré le refit de plus de 25% de la flotte mondiale des mégayachts. Quelle part, les yachts appartenant à des milliardaires russes, représentent-ils ? Contactés, l'un et l'autre par La Tribune, aucun des chantiers navals n'a souhaité apporter de précision sur l'impact qui pourrait perturber leur activité ces prochains mois. Ce qui impactera aussi, par ricochet, les centaines d'entreprises sous-traitances associées au refit et à l'activité maritime, plus largement. Peu ou prou.

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