Sabrina Agresti-Roubache, des coulisses du cinéma au ministère de la Ville

Figure incontournable de la production cinématographique de Marseille, chef d’entreprise, la nouvelle Ministre de la Ville s’est très rapidement fait un nom en politique. Proche du couple présidentiel, celle qui a longtemps préféré les coulisses a finalement décidé de monter sur scène en 2021 en mettant son phrasé « cash » au service de sa ville natale et de la défense d’un certain « ordre républicain ». Un premier pas avant une candidature à la Mairie de Marseille ?
(Crédits : DR)

« Roubache en rêve ! », soufflait il y a quelques jours à La Tribune un proche de l'Elysée. Une confidence devenue ce jeudi une réalité. Depuis quelques heures, Sabrina Agresti-Roubache est la nouvelle ministre de la Ville.

Enfant de la cité Félix Pyat, sise aux pieds des quartiers nord de Marseille, Sabrina Agresti-Roubache, alors étudiante en première année de droit, fait la rencontre du rappeur Akhenaton venu tourner dans sa cité. Probablement séduit par son bagout et sa grinta - elle répète à loisir qu'elle « ne lâche rien » -, il fait appel à elle pour son premier long-métrage, puis pour son album « L'Ecole du micro d'argent ». Un tournant sans conteste pour la jeune Marseillaise. Déjouant les scenarii du déterminisme social, elle enchaîne les projets. « Une fois dans la famille du cinéma, on n'en sort plus », racontait-elle il y a quelques années. Elle crée sa société de production, baptisée Gurkin Production en 2014, puis Gurkin Invest Films, premier fonds d'investissement dédié aux industries créatives en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Le potentiel est là, assure-t-elle, et il faut le soutien financier nécessaire pour faire grandir la filière.

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« Ce sont les autres que j'aime mettre en scène »

Amoureuse des arts, Sabrina Agresti-Roubache, qui a aussi œuvré dans le monde du théâtre, reste en coulisses, « jamais sur scène. Ce sont les autres que j'aime mettre en scène », confie-t-elle en 2019. Et notamment le candidat à la présidence de la République, Emmanuel Macron, dont elle coordonne la campagne dans les Bouches-du-Rhône. Là encore, cette rencontre fait basculer son destin. En 2016, Emmanuel Macron vient de lancer sa campagne à Marseille. Un dîner est organisé pour l'occasion avec le monde socio-économique. L'écrivain et scénariste Dan Franck, avec qui elle a collaboré, parle d'elle. Fraîchement élue à la chambre de commerce et d'industrie d'Aix-Marseille Provence, elle échange longuement avec Brigitte Macron. Une amitié est née.

Son visage apparaît alors de plus en plus aux côtés du Président lors de ses (nombreux) déplacements à Marseille. Elle orchestre quelques-uns de ses meetings. Et organise même une rencontre avec le désormais controversé Didier Raoult au début de l'épidémie de covid-19.

Carrière politique à grande vitesse

En 2021, elle devient conseillère régionale en charge de la lutte contre les violences faites aux femmes et contre le harcèlement scolaire, aux côtés de Renaud Muselier, qui préside aux destinées de l'institution. Sabrina Agresti-Roubache œuvre à fédérer Les Républicains locaux au parti présidentiel. Avec un certain succès.

Un an plus tard, après une soirée au suspense intenable, elle est élue députée de la 1ère circonscription des Bouches-du-Rhône, qui couvre les quartiers est de Marseille. Une victoire arrachée de justesse face au Rassemblement national.

Depuis son siège de députée, elle se pose en garante de l'action présidentielle à Marseille. Notamment dans le cadre du Plan Marseille en Grand, qui vise à aider la deuxième ville de France à valoriser ses atouts et son potentiel, en ciblant, notamment, les écoles, le logement, les transports, l'entrepreneuriat ou encore le développement d'une filière des industries culturelles et créatives...

C'est précisément elle qui prépare le long déplacement du Président de la République durant trois jours, en juin dernier. Une venue cruciale, dédiée à activer la phase 2 du Plan Marseille en Grand.

Une vision qui semble mêler sécurité, autorité et entrepreneuriat

Les récentes émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel ont remis sur le devant de la scène le sujet de la politique de la ville, quelque peu abandonnée au moment du rejet du plan Borloo en 2018. Un sujet très sensible donc, dont la nouvelle ministre aura désormais la charge. Quelle sera son approche, alors que tendent à s'opposer frontalement réponses sociale et sécuritaire ?

A en croire ses publications sur Twitter, c'est plutôt la seconde approche qui retient ses faveurs. Elle qui en appelle régulièrement à la responsabilité des parents, à « l'autorité parentale » et qui, depuis longtemps, ne manque pas de saluer les forces de l'ordre. Dans une récente interview, elle assure d'ailleurs que ce que demandent les gens, c'est « la sécurité d'abord. Et la réponse politique viendra ensuite ». Avant de préciser : « avec une vraie ouverture, et sans tabou ». L'entrepreneuriat sera sans doute un levier des politiques de la ville, elle qui aime à rappeler combien elle est un « enfant de la méritocratie ». Et le Plan Marseille en Grand fait justement de l'entrepreneuriat un des leviers clés de l'insertion des jeunes issus des quartiers populaires.

Cette nomination est-elle l'avant-dernier épisode d'une série qui la propulserait candidate à la Mairie de la seconde ville de France, elle qui a justement été productrice exécutive de la série Marseille, diffusée sur Netflix ? Beaucoup lui prêtent de telles intentions. Et le sondage Ifop/Public Sénat pour La Tribune publié en juin dernier la créditait de 19 % d'opinions favorables. Si elle ne dit rien sur ses ambitions, Sabrina Agresti-Roubache ne se prive pas de vives critiques adressées à l'encontre de l'actuelle municipalité et du Printemps Marseillais, en comparant régulièrement l'action municipale à celle du Président via le Plan Marseille en Grand. Un Plan que sa récente nomination au Ministère de la Ville lui permettrait d'incarner plus fortement encore...

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Commentaires 3
à écrit le 21/07/2023 à 15:07
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J'aime bien cette Marseillaise "chantante" (l'accent) sourire aux lèvres permanent sur les plateaux Télé, même quand tout brûle. Elle sera la "madelon" du nouveau régiment BORNE.

à écrit le 21/07/2023 à 13:38
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Macron inaugure la république des "copines"...

à écrit le 21/07/2023 à 10:13
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Je conseille la lecture des "Commentaires sur la société du Spectacle" de Guy Debord. Ça va on peut encore citer un intellectuel français, je peux l'écrire ça au moins ?

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