SONDAGE - Mairie de Marseille : Payan convainc, Vassal et Muselier en embuscade

Trois ans après une élection municipale rocambolesque et à rebondissements, Marseille a-t-elle changé ? Oui et non, selon les résultats du sondage Ifop/Public Sénat pour La Tribune, qui révèle que le discret premier magistrat, Benoît Payan, est plutôt bien considéré par les habitants, la Cité phocéenne étant perçue comme une ville où il fait bon vivre, à rebours de ce qui transparaît souvent dans les médias. Pour autant, les transports, le logement, les écoles, la gestion financière et la propreté demeurent inlassablement des points noirs. Et à mi-mandat, les résultats confirment Martine Vassal et Renaud Muselier comme challengers pour les prochaines élections tandis que le représentant de LFI, Manuel Bompard, est l’un des candidats potentiels le moins bien perçu comme possédant les qualités nécessaires pour assurer le rôle de maire.
Benoît Payan, maire de Marseille.
Benoît Payan, maire de Marseille. (Crédits : Reuters)

La période de mi-mandat fait toujours l'objet d'un premier bilan, certes partiel mais qui n'en reste pas moins instructif. L'équipe aux commandes a-t-elle plutôt réussi ou échoué ? Si cette question se pose dans toutes les municipalités, elle gagne sans doute en acuité dans une ville qui a connu des élections municipales à rebondissements. Pour rappel, en 2020, la coalition de gauche réunie sous la bannière du Printemps marseillais l'a emporté et a installé sa tête de liste, l'écologiste Michèle Rubirola, dans le fauteuil de premier magistrat. Une victoire qui mettait fin à ce que l'on appelle encore « l'ère Gaudin ». Mais la démission de cette dernière peu de temps après - pressentie voire connue avant même la tenue du scrutin - a laissé la place à celui qui avait initialement déclaré sa volonté d'être maire de Marseille, Benoît Payan (DVG).

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Un bien vivre marseillais estimé

Depuis trois ans, ce dernier reste extrêmement discret. Sa parole est rare, sauf pour répéter sa volonté de faire de la deuxième ville de France une ville verte et durable et d'en finir avec les difficultés financières et le mal-logement, tout en misant tout, ou presque, sur les écoles, extrêmement mal entretenues et particulièrement vétustes.

Une discrétion qui semble porter ses fruits puisque, d'après le sondage Ifop pour La Tribune en partenariat avec Public Sénat, la satisfaction de vivre à Marseille s'élève à 78%.

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Quasiment un sans-faute, alors que l'action municipale elle-même est considérée comme satisfaisante à 59%. Cette tendance se retrouve surtout chez les 18-24 ans (63%), les plus de 65 ans (54%), et d'une manière générale chez les cadres supérieurs et les inactifs (59% chacun).

 « Il existe en effet une sorte de bien vivre marseillais, à rebours des sujets de violence, qui certes inquiètent mais cela s'exprime davantage dans une position délégatrice envers l'Etat et n'impacte pas, au final, le sentiment de bon vivre », explique Frédéric Dabi, le directeur général de l'Ifop, également directeur du Pôle Opinion et Stratégies d'entreprises de l'institut.

De fait, 85% des personnes interrogées estiment que c'est avant tout à l'Etat d'agir pour empêcher les règlements de comptes.

Sondage - drogue

Benoît Payan fait même mieux que certains de ses homologues à la tête des grandes municipalités de gauche, que ce soit Grégory Doucet à Lyon ou Anne Hidalgo à Paris. Ainsi, quand le maire de Marseille engrange 14% de « très satisfaits » de son action municipale, le maire de Lyon ne contente fortement que 7% de la population.

Et si on considère la côte de popularité, avec 53% de citoyens satisfaits, Benoît Payan est en tête du trio, Grégory Doucet et Anne Hidalgo ne récoltant respectivement que 48% et 32% de satisfaction.

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Un premier magistrat marseillais considéré comme compétent pour 63%, défendant bien les intérêts de Marseille pour 61%, porteur d'un projet pour Marseille, selon 58% des personnes interrogées, et présent, pour 56% d'entre elles, sur le terrain.

« On ne note pas de regret chez les électeurs du Printemps marseillais de voir Benoît Payan à la tête de la Ville », souligne Frédéric Dabi.

Ne pas être l'arbre qui cache la forêt

Pour autant, ce satisfecit ressenti est-il toujours vrai lorsque l'on évoque les sujets du quotidien ? Si tout va bien ou à peu près pour la végétalisation, les transports en commun, l'attractivité économique, ça se gâte en revanche sur la question de l'état des écoles primaires. Seuls 42% font part de leur satisfaction alors même qu'elles sont l'une des priorités dont Benoît Payan s'est immédiatement emparé et qu'elles constituent l'un des points majeurs du Plan Marseille en Grand qui lui consacre, pour le bâti, 400 millions d'euros.

Ça se gâte aussi en termes de logement et d'urbanisme, de réhabilitation des bâtiments vétustes, de gestion financière, d'impôts locaux où le mécontentement l'emporte sur la satisfaction. Des points d'alerte, à considérer. « Au-delà d'un satisfecit global, certaines dimensions apparaissent comme des points faibles », note Frédéric Dabi.

 A édulcorer aussi, le satisfecit ressenti concernant l'attractivité économique de la ville. Un 58% capable de mettre du baume au cœur des chefs d'entreprise et autres acteurs concernés mais qui, pour le coup, tient bien davantage aux actions menées par la Chambre de commerce et d'industrie, la Métropole Aix-Marseille Provence et surtout par la Région Sud, qui est le fer de lance de l'économie et qui porte les stratégies de conquête aussi bien sur le territoire national qu'international.

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A noter que le Plan Marseille en Grand, qui cristallise les attentes et les espoirs, n'est pas forcément perçu comme un élément impactant véritablement le quotidien des Marseillais, lesquels estiment à seulement 36% être satisfaits de ce plan d'envergure dont on reconnaît que, pour l'heure, il n'est pas forcément visible et qu'il se trouve plutôt dans une phase d'amorçage avec des résultats mesurables à plus long terme. Cela traduit néanmoins qu'une communication plus dense sur les différents points d'étapes ne serait pas forcément malvenue.

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Vassal et Muselier, challengers sérieux

Impossible d'évoquer le mi-mandat sans évoquer la fin de celui-ci. Benoît Payan prétendra-t-il à un second mandat ? L'actuel locataire de l'Hôtel de Ville ne l'évoque pas. Qui en challenger ? La droite est en embuscade, clairement. Ainsi, le sondage Ifop crédite Martine Vassal (LR) de 39 % de personnes interrogées considérant que l'actuelle présidente de la Métropole et du Département ferait un bon maire de Marseille. Renaud Muselier (Renaissance), le président de la Région Sud se voit, quant à lui, accorder 35% d'opinions favorables, soit 1 point de moins que Samia Ghali, la maire-adjointe de Benoît Payan. Toute jeune députée, davantage connue du monde économique que politique, Sabrina Agresti-Roubache (Renaissance) présente, pour 19% des personnes interrogées, les qualités d'un bon maire. Presque à égalité, Lionel Royer-Perrault fait à peine mieux que Manuel Bompard, le député Renaissance cumulant 21% d'opinions positives contre 20% pour le député LFI. A noter que Sébastien Barles, l'adjoint en charge de la transition écologique rassemble autant d'intérêt que le professeur Frédéric Collart, aujourd'hui conseiller départemental en charge de la santé, à 16% chacun. « Certaines personnalités peuvent représenter une alternance, mais aucune d'entre elles ne dépassent 50% d'avis favorables. L'avantage va à Martine Vassal mais Renaud Muselier existe. Tout est ouvert », analyse Frédéric Dabi. Tout est donc possible... Et il reste, à chaque prétendant, encore trois ans pour convaincre...

Sondage - best maire

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Commentaires 3
à écrit le 06/06/2023 à 9:11
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"... la Cité phocéenne étant perçue comme une ville où il fait bon vivre, à rebours de ce qui transparaît souvent dans les médias. Pour autant, les transports, le logement, les écoles, la gestion financière et la propreté demeurent inlassablement des...

à écrit le 06/06/2023 à 8:52
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Je lis M.Muselier le marseillais à l'ancienne tout en tchatche et celui qui a tendance à plus se glorifier qu'être efficace le maire de Nice avaient en 1995 pose la première pierre du futur lycée de Fayence et après les élections avaient expliqué qu'...

à écrit le 06/06/2023 à 8:20
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Comment croire que quelque chose va changer en France ? Tout est verole par un pseudo debat democratique, singe par les castes et clans locaux. La chute, elle sera globale, meme ceux qui se pensent a l'abri chuteront. Il ne reste aux courageux que d...

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