Macron et Marseille en Grand : un Plan qui fonctionne ?

Très attendu – son retour en terres phocéennes avait été reporté par deux fois – le Président de la République sera donc à Marseille du 26 au 28 juin pour un séjour exceptionnellement long qui devrait aborder tous les sujets prioritaires inscrits dans le Plan Marseille en Grand. Un Plan qui s’ébauche, très attendu sur le volet écoles notamment, qui demande aussi du temps pour certains points, et donc un Plan qui a encore du mal à être visible (lisible ?) pour les Marseillais comme le soulignait le sondage Ifop/Public Sénat publié par La Tribune voici quelques semaines. Emmanuel Macron fera-t-il de son séjour provençal un outil de réassurance, y compris sur ce point ?
(Crédits : POOL)

Trois jours c'est très long pour un déplacement présidentiel. Et si les sujets de fonds ne manquent pas, il faut aussi voir dans ce temps consacré, la preuve de l'amour qu'éprouve Emmanuel Macron pour la deuxième ville de France.

Un intérêt particulier pour la Cité phocéenne qui a rendu le président de la République particulièrement sensible à son devenir, au point d'écouter les acteurs politiques et économiques de la Cité phocéenne et de décider de faire de cette ville de la Méditerranée à nulle autre pareille un laboratoire d'expérimentation. Autrement appelé, Marseille en Grand.

Un projet lancé lors de ce qui demeure dans l'Histoire comme le discours du Pharo, pointant les domaines où il fallait agir : écoles, transports, entreprenariat, culture... Projet devenu officiellement Plan Marseille en Grand, avec un préfet dédié, Laurent Carrié, pour bien signifier la volonté de réussir.

Marseille en Grand : pour 19%, un Plan pas connu

Près de deux ans après ce discours, Marseille en Grand est un Plan qui parle davantage aux politiques et aux acteurs économiques qu'aux Marseillais eux-mêmes. C'est ce que souligne le sondage Ifop/Public Sénat publié début juin par La Tribune. Pour 19% d'entre eux, c'est même un Plan dont ils n'ont jamais entendu parler. Preuve que si l'initiative est pleine de bonne volonté, elle n'est, pour la plupart des habitants de la ville, pas visible.

Pour 42%, c'est même l'insatisfaction qui prime. Signal d'impatience ? Il est évident qu'entre les annonces et la concrétisation, le temps est nécessaire. Mais les besoins sont tellement prégnants que, forcément, l'impatience prime.

La satisfaction à l'égard de la mise en œuvre du plan « Marseille en grand »

Sondage Marseille en Grand

Il faut dire que l'un des sujets les plus attendus est celui qui concerne les écoles.

Rats, cafards, punaises de lit, fuites, délabrement, préfabriqués... La situation des écoles marseillaises a souvent suscité l'effroi ces dernières années et amplifié des inégalités socio-économiques déjà fortes à l'échelle de la ville. Le Plan Marseille en Grand y consacre donc un volet, à la fois à travers la rénovation du bâti et l'innovation pédagogique. C'est ainsi que début 2022, le maire de la ville, Benoît Payan peut annoncer un plan de rénovation à hauteur de 1,2 milliard d'euros dont 400 millions sont alloués par l'État pour le bâti, avec l'ambition de créer ou de rénover entièrement 174 écoles, soit un tiers de celles que compte le parc marseillais. Une société publique locale d'aménagement d'intérêt national (Splain) dédiée est mise sur pied en février 2022 afin de mener ces projets. « Actuellement, 19 chantiers sont en cours et 60 études ont été engagées pour de nouveaux projets », assure la préfecture des Bouches-du-Rhône.

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En parallèle, le président de la République a souhaité mettre en place des « écoles innovantes », sorte d'écoles expérimentales au sein desquelles les « directeurs peuvent choisir leur équipe pédagogique », avec davantage de liberté souhaitée dans la mise en place des projets pédagogiques. Le secrétariat général pour l'innovation (SGPI) France 2030 y consacre 30 millions d'euros dans le cadre de l'appel à manifestation d'intérêt du Programme Investissement d'Avenir « Innovation dans la forme scolaire ». Pour l'heure, 75 écoles sont recensées. Plus de 80 % des établissements concernés appartiennent au réseau d'éducation prioritaire. Et la Préfecture d'assurer, « la déclinaison du volet écoles du plan Marseille en grand avance selon le calendrier fixé et échéances attendues ».

De l'importance du maillage

Autre pierre d'achoppement, celle des transports est plus que jamais d'actualité. Sur ce point, le Plan Marseille en Grand comprend, entre subventions directes et avances remboursables, 1 milliard d'euros. Une somme à la hauteur de l'enjeu, qui va bien sûr au-delà des frontières de la ville puisqu'en termes de maillage, le sujet est bien plus large. Le GIP créé en septembre 2022, dont les actionnaires sont l'Etat et la Métropole Aix-Marseille Provence, constitue le bras armé de la volonté présidentielle. 15 projets sont concernés dont les nouvelles lignes du tramway et le désenclavement des quartiers Nord notamment, deux points essentiels en termes d'attractivité de la ville et avec elle, celle des entreprises. Mais les initiatives portées par la Région Sud sont aussi essentielles puisqu'elles participent à une réponse globale. La venue du ministre des Transports, Clément Beaune, le 20 juin dernier, à Marseille a permis de confirmer les 337 millions d'euros dédié au Contrat de Plan Etat-Région. L'idée d'un RER métropolitain continue de planer... surtout depuis qu'elle a été insufflée par Emmanuel Macron lui-même.

Mais les transports, c'est du temps long. Et pour l'heure ce qui a été annoncé n'est pas entré dans le concret des citoyens. D'où cette sensation d'un Plan peu visible ou insatisfaisant comme le souligne le sondage Ifop/Public Sénat pour La Tribune.

C'est peut-être le sujet qui avait créé le plus fort engouement et l'alignement des planètes des acteurs politiques et économiques, le volet entreprenariat est un autre point du Plan Marseille en Grand qui a vocation à gommer la frontière qui existe souvent entre les quartiers sensibles et le monde de l'entreprise. Le Club Top 20, qui regroupe les grandes entreprises du territoire, avait été l'un des premiers acteurs à s'engouffrer dans la brèche ouverte. Tout comme dans le domaine de l'éducation, le plan Marseille en Grand prône l'expérimentation sur le front de l'emploi des jeunes Marseillais. Notamment à travers l'entrepreneuriat, consacré au travers de cinq « Carrefours de l'entrepreneuriat », imaginés comme de « grands lieux dédiés où les jeunes qui ont des projets seront gratuitement formés, conseillés, mentorés par des dirigeants d'entreprises, des associations et accompagnés par des services publics », expliquait Emmanuel Macron dans son discours du Pharo en septembre 2021.

Parmi les porteurs de ces carrefours, trois tiers-lieux : le Carburateur, pépinière d'entreprises du nord de Marseille, le Friche Belle-de-mai où se mêlent culture, entrepreneuriat, inclusion et enjeux environnementaux, ainsi que l'Épopée dont la spécialité est l'innovation éducative. S'y ajoutent la Chambre de commerce et d'industrie qui a conçu un tiers-lieu dédié à cette mission, de même que le Groupe SOS à travers son bus de l'entrepreneuriat.

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A travers cette structuration, les Carrefours de l'entrepreneuriat permettent un bon maillage du territoire, d'autant qu'ils s'appuient sur un dense tissu associatif, lui-même rétribué pour leur adresser une partie de leur public. « Ce volet bénéficie d'une excellente dynamique », assure ainsi la Préfecture. Avec des résultats qu'elle juge « au rendez-vous ». Mais néanmoins en deçà des (trop grandes ?) ambitions initiales.

Un Plan trop grand ?

Ainsi, les Carrefours de l'entrepreneuriat ont vocation à accompagner un total de 8.000 jeunes en deux ans, dont 4.000 en 2022. Or à ce jour, assure la préfecture, 2.123 l'ont été. Parmi eux, 1.582 ont intégré le programme Capital jeunes créateurs - comprenant un accompagnement et une dotation plusieurs milliers d'euros pour permettre à des jeunes dont le projet semble sérieux de se lancer dans l'aventure entrepreneuriale - et 900 se sont engagés dans un parcours de création d'activité. 416 entreprises ont été effectivement créées et 263 primes ont été versées. Quid du public visé ? Il est à 60 % composé de jeunes jugés fragiles, c'est-à-dire issus de quartiers Politique de la ville, sans emploi et/ou peu diplômé.

Marseille en Grand c'est donc une volonté, des projets, peu de concrétisations encore. Mais c'est une dynamique enclenchée, dont le développement de la filière des industries culturelles et créatives, validée récemment par l'appel à projet de la Grande Fabrique de l'Image sera un porte-drapeau, visible. Car au-delà des annonces et des messages, des chicayas et autres querelles, ce dont Marseille a besoin, c'est de concret...

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Commentaires 9
à écrit le 26/06/2023 à 16:15
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L’escro continue son œuvre.. en colombie ils luttent contre les trafics avec les armes nous avec des amendes....ca devient grave

le 26/06/2023 à 18:04
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Et oui, fallait pas voter pour cet extrémiste... Dommage aussi que le jeune sans emploi n'a pas tourné autour de Macron et fini par lui dire que contrairement a ces dires, il a fait le tour du porc mais n'a toujours pas de travail...

à écrit le 26/06/2023 à 13:14
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c est toujours la même erreur stratégique , il pense que l’exercice du pourvoir se fait de manière directe , donc il se rend a Marseille en sauveur.Il veut changer les institutions pour en faire une démocratie participative mais au final ce n'est pas...

à écrit le 26/06/2023 à 10:01
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On peut quand meme feliciter Gaudin, maire de marseille pendant 20 ans. Apres il faut que le contribuable marseillais aussi assume. On peut pas voter pour un incompetant clienteliste pendant 20 ans et apres demander l aide de l etat pour remettre a n...

à écrit le 26/06/2023 à 9:41
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Il faut faire un constat des lieux avant et aprés comme ds un appartement pour vérifier ou va l'argent, je suis sûr que ce sera encore des dépenses inutiles qui tireront Marseille vers le bas du fait de la mentalité des marseillais, de la politique d...

à écrit le 26/06/2023 à 9:04
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Que d'argent gaspillé pour rien. Les transports à Marseille ne fonctionne pas bien. Ter Aix /Marseille une catastrophe, les autoroutes complétement saturées des voies de bus non continues , seulement 2 lignes de métro sans grand changement depuis 19...

à écrit le 24/06/2023 à 16:26
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Bonjour, dépenses de l'agent pour se faire aimée, sa ils s'est le faire ... Par compte trouvé des solutions pour régler les problèmes de la france, s'est beaucoup plus difficile... honte a vous Mr macron...

à écrit le 24/06/2023 à 14:32
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Zut, alors ! ça marche vraiment

à écrit le 24/06/2023 à 9:46
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C'est il renseigner de savoir, si les médias du service après visite avait bien suivie ? ;-)

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