Sabrina Roubache productrice hyperactive venue de la planète Marseille

DÉCIDEUSE. Elle débute avec Akhénaton, du groupe IAM, se plonge dans Marseille avec Dan Franck, crée un fonds d'investissement quand personne ne l'y encourage, vient de réaliser une première opération de croissance externe... Depuis deux décennies, Sabrina Roubache n'en démord pas : la Provence a tout pour être leader des industries créatives.
Sabrina Roubache.
Sabrina Roubache. (Crédits : Sophie Vernet)

Elle le répète souvent, elle ne « lâche rien ». C'est ce qui s'appelle aussi avoir de la suite dans les idées. Pourtant, derrière une apparence de chef d'entreprise hyperactive, Sabrina Roubache pèse le poids de chacune de ses décisions. Plus tête froide que tête brûlée.

La production, Sabrina Roubache n'y tombe pas dedans quand elle est petite mais presque, puisque c'est à l'orée de ses 20 ans qu'elle croise la route de Philippe Fragione, plus connu sous le pseudonyme d'Akhénaton, membre emblématique du groupe de rap originaire de la Cité phocéenne, IAM. Elle le suit dans l'aventure de leur fameux album L'École du micro d'argent, mettant un pied dans le monde de la production. Pour ne plus jamais le quitter. La production, c'est donc son « truc ». Un secteur où il y a beaucoup à faire, notamment parce que la consommation du public change, que la technologie évolue et que les territoires ont aussi leur mot à dire.

Gurkin Invest Films, premier fonds d'investissement en région dédié aux industries créatives

Sûre et certaine que la Provence représente l'avenir des industries créatives et parce que le nerf de la guerre, quoi qu'on en dise, c'est toujours la monnaie sonnante et trébuchante, elle donne naissance en mai 2016 au fonds d'investissement Gurkin Invest Films, s'inspirant du nom de sa société de production, Gurkin Production. Un « outil » précise-t-elle qui a pour but de lui donner les moyens de ses ambitions : « lever des fonds et produire ». Comprendre, pouvoir donner vie aux projets - et pas uniquement ceux portés par Gurkin Production offrant à toute une filière l'oxygène financier qui doit la renforcer.

Car Sabrina Roubache joue collectif. C'est même comme cela qu'elle explique son engagement à la Chambre de commerce et d'industrie Marseille Provence : pas pour les paillettes, les courbettes ou faire de la politique mais pour être aux premières loges pour porter un secteur qui croît, avec 1.715 jours de tournages enregistrés par an et 88 millions d'euros de retombées économiques directes ce qui met la Provence juste derrière l'Île-de-France... Une seconde place qu'il faut absolument conforter.

« Ma casquette d'élue me permet de mesurer la façon dont la filière doit se structurer et être meilleure », assure-t-elle.

Sa présence en Asie - où elle développe également des projets de productions - et ses visites fréquentes à Los Angeles, la Mecque nord-américaine du 7e art, « permettent d'avoir une vision satellitaire » qui octroie la capacité à être en avance.

Rachat de Seconde Vague Productions à Marseille

Fière d'avoir levé plus de 1,3 million d'euros via Gurkin Invest Films, Sabrina Roubache l'est aussi de sa première opération de croissance externe, réalisée avec l'acquisition de la société Seconde Vague Productions. « Je ne voulais pas que son catalogue se perde », dit Sabrina Roubache. Qui se réjouit de constater la présence « accrue d'investisseurs dans le Sud ».

D'ailleurs ce n'est pas un hasard si le Production Summit, organisé par les magazines Première et Le Film Français, s'est « délocalisé » mi-avril à Marseille. « C'est un événement qui s'adresse aux producteurs, aux réalisateurs, aux porteurs de projets. Nous avons l'espoir de l'installer sur le territoire », s'enthousiasme celle qui se réjouit de « l'engouement pour Marseille » de la part des professionnels, dont les Parisiens.

« Les guichets importants ont de moins en moins de mal à travailler avec les plus petits car ce sont eux qui ont les idées », constate-t-elle.

Depuis Marseille, elle poursuit sa collaboration avec Dan Franck. Ensemble, ils vont faire revivre Varian Fry [journaliste américain ayant organisé des filières d'évasion depuis Marseille en 1940, ndlr]. Avec le journaliste marseillais Philippe Pujol, c'est le documentaire Djellaba Baskets qui sera bientôt visible sur France 3 et qui sera, prédit-elle, « aimé ou détesté ». Le projet de backlots (studios de décors extérieurs) avance. Et là encore, c'est toute la profession qui en bénéficiera. « La filière doit continuer à travailler avec chacun de ses membres » répète-t-elle, convaincue que « il ne faut pas avoir peur de partager ».

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PROFIL

1976 : naissance à Marseille, dans le quartier Félix-Pyat
2014 : crée sa société de production Gurkin Production
2015 : devient productrice exécutive de la première saison de la série Marseille diffusée en 2016 par Netflix
2016 : lance Gurkin Invest Films, premier fonds d'investissement en région dédié aux industries créatives
2019 : rachète Seconde Vague Productions à Marseille

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