Export, BtoB... les enjeux de croissance des tapis haute couture d'Edition Bougainville

Spécialisée dans la création, l'édition et la fabrication de tapis et moquettes sur-mesure haut de gamme, l’entreprise basée près de Cannes fait partie de ces PME pleines d’avenir qui font rayonner l’excellence à la française. Accompagné par l’accélérateur SUD, le tapissier lissier s’engage dans une stratégie commerciale plus affirmée, où l’export, principal moteur de son développement, côtoie l’ouverture de show-room en France, afin de compenser la perte des marchés russes et d’Europe de l’Est.
(Crédits : DR)

L'ultra-luxe et sa démesure... Imaginez un tapis d'apparat, 1.500 m² de surface, 50 mètres de long pour 30 mètres de large, quelque 9 tonnes à la pesée et un nombre de couleurs à ne plus savoir compter. Ce joyau artisanal, pièce maîtresse d'une commande pharaonique d'un émir qatari, a nécessité huit mois de développement design, un an et demi de production et deux mois de réassemblage sur place. A la manœuvre, l'entreprise Edition Bougainville qui signait-là "le chantier d'une vie", avance son dirigeant fondateur, Olivier Charles. Lequel vient de rejoindre la sixième promotion de l'accélérateur SUD, opéré par Rising Sud, au service des PME en pleine croissance.

Née en 2012 au Cannet, près de Cannes, dans les Alpes-Maritimes, Edition Bougainville fait partie de ces 60.000 entreprises de métiers d'art qui, chacune à leur échelle, contribuent au rayonnement de l'excellence à la française. Son domaine de prédilection, la création, l'édition et la fabrication de tapis et moquettes de tout style, du contemporain au très classique, en sur-mesure ou à travers une quinzaine de collections maison dont une est dédiée au patrimoine et pérennise la production des manufactures royales du XVIIe et XVIIIe siècles. Du chic, très chic donc, qui s'expose depuis un an à Paris, rue Bonaparte, dans le quartier germanopratin, et bientôt à Mougins où un show-room de 600 m² est en préparation pour une ouverture prévue début 2025.

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Marchés résidentiels et hôteliers

L'idée ? Gagner en visibilité pour élargir un peu plus son spectre de clientèle, très orienté BtoB, composé essentiellement d'architectes d'intérieur et de décorateurs, pour le marché résidentiel, tête de pont de son activité, et d'hôteliers. Le tapissier lissier, qui dispose d'un effectif de 22 personnes dont 6 designers, accompagne ainsi de nombreuses adresses touristiques haut de gamme parisiennes et azuréennes. C'est lui qui a imaginé et réalisé, en collaboration avec l'architecte d'intérieur Tristan Auer, l'ensemble des tapis et moquettes du Carlton de Cannes, nouvelle version, qui a rouvert ses portes au printemps 2023 après un lifting de cinq ans, dont deux en fermeture. C'est lui aussi qui a fourni les 450 moquettes et tapis du Maybourne Riviera de Roquebrune Cap Martin, palace accroché sur un piton rocheux surplombant la Méditerranée et la Principauté. C'est lui enfin qui planche sur le projet de rénovation de l'hôtel Hermitage, à Monaco, pour lequel il vient de livrer les chambres témoins. "C'est un secteur important pour nous, l'hôtellerie représente 30 % de notre chiffre d'affaires".

L'export comme moteur de développement

Celui-ci s'établit entre 6 et 8 millions d'euros selon les années. Et les perturbations géopolitiques. La perte des marchés russe et d'une partie de l'Europe de l'Est, très présents sur la Côte d'Azur, a bousculé quelque peu l'entreprise ces deux dernières années. Laquelle, en réaction, a ouvert d'autres marchés en Europe et outre-Atlantique via l'implantation d'agences en Allemagne, en Italie et au Canada en 2023, en Espagne en 2024. L'objectif étant de renforcer son "principal moteur de développement", l'export, dominé par le Moyen-Orient que le tapissier lissier adresse depuis sa création avec un show-room et une équipe dédiés à Dubaï. Une stratégie de déploiement qui devrait permettre, selon le dirigeant, d'engranger une nouvelle phase de développement. Où les notions de "structuration de l'activité commerciale", de "marketing" voire de "croissance externe" sont sur la table.

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L'impossible relocalisation

Il manque toutefois celle de la relocalisation de la production. Celle-ci est réalisée dans des ateliers propres à l'entreprise, répartis entre le Népal, l'Inde et la Chine. "Chaque pays de production est spécialisé. Le Népal, notre principal site productif, a su conserver un savoir-faire ancestral, hérité des routes de la soie, en fabrication de tapis noués et en tapis persans", relève Olivier Charles. Qui regrette l'impossibilité de développer une production locale. "Le savoir-faire s'est perdu. Il n'y a plus d'école de lissiers sur le territoire, ni de manufactures de tapis fait main, exceptée la petite poignée qui officie à Aubusson quasi-exclusivement pour l'Etat français sur des sujets de restauration. Relocaliser une production en Europe, a fortiori en France, ne peut se faire qu'à la condition de relancer ce savoir-faire pour avoir des ouvriers capables de produire. Ce qui n'est plus le cas." A son plus grand regret.

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