
Lorsque la Maison de la Mousse est rachetée par Julianne Costes et Julien Bounicaud en 2019, l'objectif est de transformer la petite entreprise un peu poussiéreuse en une jolie PME moderne. Quatre ans plus tard, la Maison de la Mousse est devenue la Manufacture de la Méditerranée, le duo d'entrepreneurs a donné naissance à sa propre marque - le Matelas niçois - a créé la Maison du Bois, dédiée à la menuiserie et l'agencement. L'acquisition tout juste finalisée de la maison Dalmasso, TPE niçoise en phase de cession, vient la renforcer dans ses compétences.
Ce qui semblait être un pari fou il y a cinq ans s'est donc transformé en aventure entreprenariale plutôt réussie. Le désir de matières nobles, de savoir-faire issus du territoire et pas d'un atelier en Chine ou en Inde, de circuits-courts (ça vaut aussi pour l'ameublement) ont mené vers un intérêt renouvelé de la part du consommateur. Ce qui confirme l'intuition qui guide Julianne Costes et Julien Bounicaud depuis quatre ans et les mène en 2020 à donner naissance au Matelas niçois, leur marque de literie 100% fait main, Made in France, aux matières premières sourcées dans les territoires avec l'objectif d'une clientèle hyperlocale (et pas mondialisée).
La reprise d'entreprise comme sauvegarde des savoir-faire
L'acquisition de la maison Dalmasso permet à l'entreprise de conforter son expertise en menuiserie-huisserie, précisément sur la fabrication de portes, fenêtres, persiennes, parquet, terrasses extérieures, « de nouveaux métiers pour nous », note Julien Bounicaud et une ouverture sur le marché des syndics de copropriétés, en addition des cibles déjà adressés, de particuliers et d'architectes notamment. C'est aussi la capacité à se positionner de façon plus complémentaire sur des appels d'offres et marchés. D'autant que la Manufacture de la Méditerranée va moderniser outils et process de l'atelier de 200m2 situé au cœur de Nice, ce qui devrait permettre une rapide montée en compétences.
Mais l'intérêt de l'acquisition de la maison Dalmasso (CA : 700.000 euros) se situe aussi ailleurs, dans la sauvegarde de compétences qui auraient pu disparaître si la TPE niçoise, en phase de cession, n'avait trouvé de repreneur. Or la reprise d'entreprises existante est aussi une façon d'éviter la perte de savoir-faire, un autre cheval de bataille pour Julianne Costes et Julien Bounicaud. Parce que s'il retrouve des couleurs, l'artisanat souffre cruellement de manque de compétences. En 7 ans, entre 2015 et 2022, le secteur à perdu 10% de ses effectifs. 41% des artisans sont non-salariés et un quart seulement s'estime en capacité de transmettre son entreprise. En parallèle, le marché croît de 2%. Alors que la demande augmente, le nombre de talents s'étiole. Selon les estimations, en dix ans, ce sont 8.000 actifs qui pourraient manquer au secteur artisanal. "Il est essentiel de sauvegarder nos savoir-faire afin d'éviter de payer plus cher les produits que nous ne pourrons plus fabriquer demain", insiste Julien Bounicaud.
La formation, l'autre enjeu
« Il faut former les jeunes mais également les personnes en phase de reconversion », martèle Julien Bounicaud. Sachant que pour être autonome, il faut parfois au moins deux ans d'apprentissage, que la passation entre des salariés proches de la fin d'activité et de jeunes s'anticipe. Que c'est à ce prix que les savoir-faire perdureront. Julien Bounicaud, qui, outre la formation, croit beaucoup à la modernisation des outils de production et à une meilleure promotion des entreprises pour continuer à attiser les intérêts. Tout le défi que connaît le secteur de l'industrie...
La Manufacture de la Méditerranée, depuis peu entreprise à mission, continuer évidemment de peaufiner sa stratégie. Elle a, par exemple, recentré le Matelas niçois vers une cible majoritairement BtoB. Car pour adresser le segment BtoC, « il faut une énorme force de frappe, notamment d'un point de vue communication », analyse Julien Bounicaud. Un matelas 100% Made in France que le particulier peut cependant continuer d'acheter en boutique. La PME, qui emploie 15 personnes et réalise un chiffre d'affaires de 1,5 million d'euros, entend pour l'heure stabiliser sa croissance. Mais elle regarde déjà l'étape d'après, probablement une nouvelle opération de croissance externe pour compléter son offre, en ferronnerie-métallerie.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !