Cearitis lève 1,5 million d'euros pour homologuer sa solution de biocontrôle

Installée à Aix-en-Provence, la startup a mis au point un système d'attraction-répulsion afin de lutter contre les dégâts infligés par trois sortes de mouches ravageuses dans le monde de l'arboriculture. Déjà en test en France et à l'international, la technologie doit désormais être homologuée. Ce pour quoi la jeune pousse cherche à lever 1,5 million d'euros. Comme le détaille Solena Canale Parola, cofondatrice et directrice générale de l'entreprise, sur le plateau de Marseille Business
(Crédits : DR)

On l'appelle bactrocera oleae. Ou mouche de l'olive pour faire simple. Du haut de ses cinq millimètres, cet insecte provoque des dégâts considérables parmi les cultures d'oliviers, pouvant générer une perte de 20% à 30% de chiffre d'affaires pour les exploitants chez qui elle décide de se rendre. Une fois fécondée, la femelle bactrocera oleae incise la peau de l'olive pour y pondre ses œufs. Elle aspire alors le jus de l'olive, ce qui dégrade sa qualité ou pire, la rend inconsommable.

Une mécanique que connaissent très bien Marion Canale et Solena Canale Parola. « Nos grands parents ont des parcelles d'oliviers en Italie et ils ont malheureusement été confrontés à cette problématique. Il nous paraissait donc évident de trouver une solution qui soit non toxique pour la biodiversité, pour l'utilisateur et le producteur », explique Solena Canale Parola.

Attraction, répulsion

Elles imaginent alors un système mêlant attraction et répulsion. « Des molécules répulsives sont diffusées directement sur les fruits et les arbres à l'aide de pulvérisateurs ». Dans le même temps, « Les mouches sont attirées à l'extérieur de la parcelle par un piège autonome ». Piège qui diffuse des molécules n'attirant que les mouches souhaitées, pour préserver la biodiversité.

Et si le dispositif ne ciblait au départ que la mouche de l'olive, les liens étroits que l'entreprise entretient avec l'univers de la recherche publique, notamment le CNRS, lui ont permis de trouver des molécules opérant sur deux autres sortes de mouches : la drosophila suzukii, qui s'attaque aux fruits rouges, ainsi que la ceratitis capitata, plus connue sous le nom de mouche méditerranéenne des fruits et qui, comme l'explique Solena Canale Parola, « touche un scope de 250 cultures ».

« Les producteurs ont conscience que le biocontrôle répond aux enjeux de protection »

Avec sa solution, Cearitis souhaite s'adresser à « tous les producteurs qui ont des dégâts causés par ces mouches de fruits, qui ont un itinéraire technique raisonné », avec un usage modéré des pesticides et un intérêt pour les solutions de biocontrôle. Un intérêt de plus en plus prégnant, observe la directrice générale de l'entreprise. « Les producteurs ont conscience que le biocontrôle répond aux enjeux de protection. C'est évident pour chacun. Et nous travaillons avec tous les acteurs de la filière pour trouver des solutions complémentaires le plus vite possible ».

L'entreprise a déjà enclenché des tests avec des producteurs. « C'est important pour nous de répondre à des besoins concrets. C'est pour cela que nous travaillons main dans la main avec eux. Nous les écoutons et nous adaptons notre solution à leurs besoins ». Des producteurs français, mais aussi français et étrangers. « Cearitis est présente en Amérique du Sud, en Afrique et en Europe ». Mais pour enclencher réellement la commercialisation, une autorisation de mise sur le marché est nécessaire. Ce qui demande davantage de revenus. D'où une seconde levée de fonds d'1,5 millionsd'euros, enclenchée fin février. « Cette levée nous servira pour l'homologation de notre solution, pour l'internationalisation ainsi que pour l'industrialisation. Car nous voulons sécuriser notre solution et son efficacité. Et le made in France nous tient à cœur ».

Conseil en agroécologie

Cependant, la startup n'a pas attendu l'homologation de sa solution pour avoir des activités génératrices de revenus. Elle fournit ainsi du conseil en matière d'agroécologie. « L'agroécologie consiste à avoir la vision la plus holistique possible de la parcelle. Cela permet d'apporter au producteur des solutions qui répondent à plusieurs problématiques complémentaires : sur les bio-agresseurs, la gestion de l'eau, la santé des sols ... Sur ces sujets, nous leur proposons des solutions en lien avec nos partenaires, pour répondre à leurs besoins ». Un accompagnement qui permet à la jeune pousse de se faire connaître sur le marché. Et de se poser en experte à la fois sur le biocontrôle et l'agroécologie.

Des sujets sur lesquels l'entreprise de 15 salariés poursuit ses investigations. Toujours en relation avec l'univers de la recherche. « Nous travaillons tous les jours avec des stations d'expérimentation, en France et à l'étranger, pour pouvoir faire passer nos solutions du laboratoire au terrain et avoir l'avis des principaux intéressés que sont les producteurs et les filières ».

Replay ici.

cearitis

*Marseille Business est la chronique éco de La Tribune et BFM Marseille. Une chronique consacrée au décryptage de l'économie du territoire, de ses enjeux, de ses réussites et de ses problématiques. Tous les mardis, un invité vient ainsi raconter son parcours, apporter son éclairage, discuter des tendances et détailler sa stratégie.

La chronique est animée par Sophie Hebrard pour BFM Marseille et Laurence Bottero, rédactrice en chef Méditerranée-Afrique du quotidien économique La Tribune.

BFM Marseille Provence : canal 30 de TNT Régionale, les box canal 284/516 (SFR), 375 (Orange), 362 (Bouygues), 916 (Free) , sur bfmmarseille.com, en replay sur la plateforme gratuite VOD "RMC BFM PLAY" et l'application dédiée à télécharger.

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