Grâce à la recherche publique, Cearitis booste sa solution de biocontrôle

A Aix-en-Provence, cette startup a développé un dispositif de biocontrôle destiné à lutter contre la mouche de l’olivier. Une technologie qu’elle est parvenue à améliorer grâce à un partenariat avec le CNRS et la Satt Sayens de Dijon. Faisant dans le même temps évoluer sa stratégie commerciale.
(Crédits : DR)

Sécheresses. Gels de plus en plus tardifs. Concurrence étrangère virulente. Maladies ... L'arboriculture est un métier difficile. Et si le recours à des produits phytosanitaires permettait à certains exploitants d'éloigner pathologies et ravageurs sur le court terme, les nouvelles réglementations européennes devraient rapidement les priver de cette solution en raison de l'impact de ces produits sur la santé des agriculteurs et des consommateurs, de même que sur l'écosystème et les pollinisateurs, indispensables à l'agriculture.

Très bien. Sauf que les solutions efficaces en mesure de se substituer à ces produits font encore défaut. Ou alors, leur prix est parfois hors de portée des producteurs.

Ces problématiques, Solena et Marion Canale les connaissent bien. Cousines, elles ont vu leur grands-parents oléiculteurs subir, impuissants, les dégâts de la mouche de l'olivier dans leur parcelle familiale en Italie. Une petite bête de cinq millimètres qui incise la peau de l'olive avant d'y pondre son œuf tout en aspirant le jus du fruit. Et qui peut causer la perte 20 à 30 % du chiffre d'affaire des exploitants concernés.

Attraction-répulsion

En 2020, les deux cousines fondent Cearitis pour proposer une solution contre ce problème. Leur stratégie consiste en l'utilisation des médiateurs chimiques qui influencent le comportement des insectes, en mettant en place un double effet de répulsion autour des arbres, et d'attraction à partir d'un piège qui capture le ravageur.

Ayant identifié les deux molécules d'attraction et de répulsion à même de neutraliser la mouche de l'olivier, les deux entrepreneuses prévoient de recourir à des distributeurs pour commercialiser leur solution. Mais une rencontre modifie leurs plans.

Collaboration avec le CNRS de Dijon

« Lors d'un événement, raconte Solena Canale Parola, nous avons rencontré des chercheurs du CNRS du Dijon qui nous ont expliqué qu'ils travaillaient sur la même chose que nous ». Eux aussi ont identifié une molécule répulsive. Mais celle-ci est plus efficace. Mieux : elle ne se contente pas de faire fuir la mouche de l'olivier, mais éloigne aussi la mouche méditerranéenne des fruits et celle du cerisier, plus virulente encore et contre laquelle il n'existe pas de solution biologique adaptée à tous types de cerises.

Cette molécule, que personne ne commercialise encore, fait bien sûr l'objet de convoitises. C'est à la Satt Sayens de Dijon, société de transfert de technologie, qu'il revient de choisir le projet susceptible de donner lieu à un rachat de licence. Et c'est Cearitis qui remporte la mise. « Nous sommes en train de finaliser le rachat qui devrait se concrétiser en fin d'année ».

Déjà, la molécule dijonnaise a pu être testée en grandeur réelle sur des oliviers et des cerisiers, en France, en Espagne et au Portugal. « Pour le cerisier, c'était un premier test dont les résultats sont intéressants scientifiquement. Nous avons récolté plein de biais qui nous permettront d'ajuster notre technologie ». Et concernant l'olivier, « nous avons obtenu d'excellents résultats puisque notre solution a fonctionné aussi bien voire mieux que les solutions biologiques ». Et ce, à un prix inférieur. « Nous avons réfléchi à une nouvelle offre qui lisserait les frais d'installation grâce à un abonnement de cinq ou sept ans, à raison de 400 à 550 euros par mois ».

Grâce à des dérogations d'homologation - permises pour offrir une alternative aux agriculteurs alors que les produits phytosanitaires seront totalement interdits en Europe d'ici 2023-2025 - Ceartis espère mettre sur le marché un premier produit de lutte contre la mouche de l'olivier dès 2023.

De la vente directe plutôt que des distributeurs

Mais s'il était au départ question de recourir à des distributeurs, les deux entrepreneuses ont changé de plan et privilégient désormais la vente directe. « Les essais sur le terrain nous permettent d'entrer en contact avec les acteurs de la filière et de nous adapter en permanence. Leur vendre les produits en direct permet d'être plus à l'écoute de leurs besoins ».

Une évolution de stratégie qui implique de recruter une équipe commerciale en interne. Ce à quoi devrait contribuer la levée de fonds de 800 000 euros prévue courant octobre.

Par ailleurs, la startup cherche à diversifier ses revenus en étoffant son offre. Elle met ainsi à disposition de ses partenaires une machine permettant d'analyser et d'extraire des molécules. Un équipement rare, puisqu'« il n'y en a que six en France ».

Elle prévoit également de lancer dès janvier une « offre agroécologie » comprenant diagnostic des parcelles, conseils et accompagnement vers des pratiques de culture agroécologiques, complémentaires au biocontrôle. Une façon d'optimiser l'efficacité de la technologie développée par la startup. Mais aussi d'étoffer son réseau et de mieux comprendre les marchés qu'elle cible.

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