Pour Koppert, les interdictions de pesticides sont un terreau de croissance

Spécialiste des solutions de biocontrôle en agriculture, le groupe néerlandais Koppert - qui dispose d'une filiale française installée à Cavaillon dans le Vaucluse - propose un large panel de solutions permettant de se passer de pesticides. Alors que la réglementation européenne est de plus en plus hostile à l'égard de ces derniers, Koppert voit se dessiner de nouvelles perspectives de marché. Sur tous types de cultures.
(Crédits : DR)

Il n'aura fallu que trente ans à la France pour perdre un tiers de ses oiseaux en milieu agricole d'après Centre d'écologie et des sciences de la conservation du Museum d'histoire naturelle. Et si le réchauffement climatique a bien sûr un rôle dans cette destruction massive, les premiers responsables sont les pesticides. Soit parce qu'ils avalent des proies contaminées aux pesticides. Soit tout simplement parce qu'ils ne trouvent plus rien à manger car les insectes aussi disparaissent à une vitesse affolante.

Face à cette érosion de la biodiversité, la liste des pesticides interdits ne cesse de s'allonger. Pour être durable, l'agriculture doit apprendre à s'en passer. Et pour l'y aider, des acteurs développent des solutions de biocontrôle. Un marché qui compte parmi ses meneurs le groupe néerlandais Koppert, qui dispose d'une filiale française implantée à Cavaillon. Filiale qui compte 55 salariés et réalise un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros.

Le biocontrôle regroupe un ensemble de méthodes visant à protéger des végétaux grâce à des mécanismes naturels. Chez Koppert, ces méthodes peuvent, comme l'explique Gisèle Broquierla directrice générale de Koppert France, prendre des formes très diverses. « Nous disposons de quatre gammes de produits. La première, ce sont les macro-organismes : des insectes, des acariens, des vers comme les nématodes qui servent d'auxiliaires. Ensuite, nous avons des micro-organismes : des champignons, des bactéries, des virus qui permettent de lutter contre certains insectes ou maladies affectant les plantes. Contrairement aux macro-organismes, ceux-ci sont sujets à homologation ». S'ajoutent à ces deux armes de biocontrôle des « pièges et phéromones », fréquemment utilisés en arboriculture et en viticulture. Et enfin, « des matières et produits à base de substances naturelles comme des huiles paraffiniques que l'on développe en arboriculture contre des pucerons et des acariens ».

Du marché de niche à l'ensemble des cultures

Une gamme large qui ne vise plus le seul marché historique de Koppert : celui des serres chauffées. A ce marché de niche, s'ajoutent, poussés par les réglementations à l'encontre des pesticides, ceux du maraîchage, de l'arboriculture, de la viticulture et même les espaces verts au sein desquels l'usage de produits phytosanitaires est totalement proscrit depuis 2022.

« Nos clients sont autant en agriculture conventionnelle qu'en bio », car les solutions de biocontrôle de Koppert sont pour 99 % d'entre elles compatibles avec le cahier des charges de l'agriculture biologique. L'entreprise est notamment à la manœuvre auprès des producteurs de betteraves sucrières à qui il est désormais interdit de recourir aux néonicotinoïdes, ces pesticides particulièrement destructeurs, notamment pour les pollinisateurs, et qui étaient jusque là utilisés pour combattre la jaunisse de la betterave, provoquée par des pucerons. « Nous menons depuis trois ans des essais avec des larves de chrysope et nous avons de très bons résultats ». Les solutions de Koppert permettent aussi de faire face à la réapparition de certaines espèces nuisibles suite au retrait de divers pesticides. Mais avec une action plus ciblée.

« Jusqu'en 2021, le marché des serres représentait 85 % de notre chiffre d'affaire. Aujourd'hui c'est 70 %. Et à l'avenir, la culture hors serres deviendra majoritaire ».

Combiner le biocontrôle à l'agroécologie

Reste que ce basculement exige d'adapter les modèles économiques. « Il y a vingt-cinq ans, les producteurs sous serre étaient prêts à payer deux à trois fois plus cher pour des solutions de biocontrôle ». Parce qu'ils y croyaient. Mais aussi parce que les produits sous serre ont généralement une forte valeur ajoutée, à l'image des fraises. « Mais dans les grandes cultures, la valeur ajoutée est moindre. Les exploitants ont donc moins de budget à consacrer à des solutions comme les nôtres ». Pour faire face à cette nouvelle donne, Koppert France sollicite parfois sa maison mère afin d'améliorer l'accessibilité du produit. Mais elle a aussi un autre levier : le développement de conseils en agroécologie, cet ensemble de théories et de pratiques agricoles inspirées par les connaissances de l'écologie, de la science agronomique et du monde agricole. Ses solutions permettraient de répondre à l'urgence, et le conseil permettrait aux agriculteurs de favoriser la mise en place de mécanismes naturels sur leurs parcelles, par exemple la venue d'auxiliaires qui permettraient de protéger à moindre coût les plantes.

Par ailleurs, si l'élevage d'organismes auxiliaires n'est pour l'heure pas réalisé en France, il pourrait l'être à terme, afin de rapprocher ce type de production de ses marchés clés. Et la France, de par la surface et la diversité de ses cultures, pourrait être pour le groupe « un moteur dans le domaine de l'agriculture plein champs.

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Commentaire 1
à écrit le 26/05/2023 à 9:20
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Pas étonnant que ce soit une entreprise étrangère qui aie réussi à percer en France, esclave de l’obscurantisme agro-industriel, bravo à eux quand même parce que cela n'a pas du être simple et ne doit toujours pas l'être. La vie attire la vie et la m...

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