Les startups du maritime face à l'enjeu du financement

Les jeunes pousses innovantes liées à la mer et aux océans ont des difficultés à trouver des investissements pour se développer. Pour répondre à cette situation, un fonds doté de 500 millions d'euros a été lancé il y a un an. Pour le secrétaire d'Etat chargé de la mer, Hervé Berville, en déplacement à Marseille, cela doit servir d'effet levier pour attirer d'autres acteurs.
(Crédits : DR)

"Je ne connaissais pas ce dispositif, ce qui signifie que vous avez un travail de communication et moi de connaissance à effectuer", sourit Hervé Berville. Le secrétaire chargé de la mer vient d'assister à la présentation d'une solution anti-pollutions et déchets dans l'eau imaginée par Pollustock. La startup est incubée à ZeBox, lieu totem créé par CMA CGM (actionnaire de La Tribune, NDLR) et symbole du développement des jeunes pousses et de leurs innovations autour des grands enjeux du secteur maritime. Après avoir écouté le pitch de Pollustock, Hervé Berville pointe « un enjeu de valorisation et de massification » de leur offre. Un constat qui peut s'élargir à tout l'écosystème. Et pour transformer les idées en solutions industrielles, l'élément clef n'est autre que le financement. Or sur ce point là, le monde maritime a bien du mal à exister face aux autres filières.

Une situation bien connue au sein de ce secteur. D'après le cluster maritime français (CMF), « la raison principale tient à un monde maritime encore assez méconnu de nos concitoyens, de l'enseignement supérieur et à son implantation géographique ». L'association avance un chiffre éloquent : « 80% du deal-flow est en région dans l'Hexagone et Outre-mer, sur le littoral, alors que 80% financiers sont à Paris ». Ou quand le centralisme impacte directement une activité qui se trouve par essence sur les bords de la mer ou de l'océan. Le CMF note d'ailleurs que dans les grands incubateurs de la capitale, « les startups centrées sur le maritime se comptent sur les doigts de la main ». Pour y remédier, le cluster vient de lancer, sous le patronage du secrétaire d'Etat chargé de la mer, un concours afin d'accompagner 35 jeunes pousses. Le but étant surtout de gagner en visibilité.

L'investissement public à la rescousse

Une première étape pour convaincre les financeurs. De son côté, le gouvernement a « donné un cap pour montrer où nous voulons aller », indique Hervé Berville. En l'occurrence, il s'agit de l'ambition de « décarboner de tous les secteurs du maritime ». Une manière d'orienter les financeurs. Pour renforcer encore cette activité, dans le but final de « renforcer les startsups du maritime », le secrétaire d'Etat rappelle la création il y a tout juste un an d'un fonds d'investissement de 1,5 milliard d'euros dans le cadre de France 2030. Dans cette enveloppe, un tiers provient de ressources publiques. « Nous l'avons mis en place avec une partie d'argent public pour réaliser un effet levier et emmener d'autres acteurs », défend Hervé Berville. « S'il n'y a pas suffisamment de startup du maritime dans les financements, ce n'est pas par manque de volonté mais parce que nous n'avions pas donné de cap ni d'outils financiers ».

Hervé Berville Zebox

Hervé Berville, entouré de Séverine Grégoire et Gwen Salley lors de sa visite à ZeBox

En plus de besoins colossaux - 6 milliards d'euros pour seulement décarboner les transports - il faudra faire face à une concurrence intense car les investissements dans les startups toutes catégories confondues sont en baisse. Les derniers baromètres EY du capital-risque montrent une chute libre depuis le second semestre 2022. « Les raisons de ce ralentissement sont multiples et ne sont que la confirmation de ce qui est perceptible dans la French Tech depuis l'été 2022 : la hausse des taux et les incertitudes macroéconomiques ont mis un frein à un système qui s'était un peu emballé », écrit l'étude. Le monde de la startup compte donc sur les grands groupes et la commande publique pour soutenir son développement. C'est d'autant plus vrai pour le maritime. Le « cap » évoqué par le secrétaire d'Etat, notamment soutenu par le plan d'investissement France 2030, est l'une des réponses.

Mais au-delà du financement, les relations avec certains acteurs ne sont pas aussi fluides qu'espéré. Dans les couloirs de ZeBox, la société Abim, qui construit des cartographies 3D des quais de ports, réalise des expérimentations à Valence et Rotterdam. « On essaie avec le port de Marseille », glisse Pierre Emmanuel Peyrou, son fondateur. Dans la foulée, Séverine Grégoire la directrice du hub startup de CMA CGM fait remarquer au secrétaire d'Etat les difficultés pour les jeunes pousses incubées de pouvoir réaliser des expérimentations avec le port maritime dont l'emprise est de l'autre côté de la route. "Nous avons déjà une action très forte, avec les jeudis de l'innovation par exemple, sur la valorisation des startups et la mise en relation sur des technologies qui peuvent servir aux collectivités", expose Hervé Berville. Une approche à valoriser et massifier.

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Commentaire 1
à écrit le 22/12/2023 à 9:41
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Le problème majeur est que les caisses publiques sont pillées par ceux qui devraient les remplir ! L'argent qui devrait servir à l'investissement humain et matériel est entassé par cupidité maladive dans des paradis fiscaux. Avec notre deuxième domai...

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