Dans les ports tricolores, l'année 2022 a été un bon cru. C'est en tout cas, ce qu'indique le baromètre maritime d'Eurogroup Consulting. Cette consultation auprès des chargeurs pour l'association des utilisateurs de fret (AUTF) montre que le recours aux ports tricolores en tant que "point d'accès du territoire français" s'est accru. Les portes d'entrée ou de sortie les plus plébiscitées sont Haropa (Le Havre) et Marseille-Fos, cités dans 74 % des cas. Anvers complète le podium (70%). Une hausse qui doit beaucoup à la conjoncture. "Les cas de congestion ont incité les chargeurs à passer par des ports français moins touchés, hormis Le Havre, que d'autres en Europe", précise Hind Laghmam, spécialisée des questions sur le transport et qui a coordonné l'étude pour Eurogroup Consulting.

Dans cette bonne année, le GPMM sort du lot. En effet, 80 % des chargeurs se disent "satisfaits" ou "très satisfaits" de la place portuaire marseillaise. Une satisfaction globale qui comprend différents critères comme le coût du fret maritime, le pré et post acheminement ou encore la fluidité des opérations. Des aspects qui ne dépendent pas seulement du port en lui-même mais de son écosystème. "C'est pour cela que nous parlons de place portuaire car cela concerne tous les acteurs du port", note Hind Laghmam.

Satisfaction en hausse de 18 points

Le chiffre n'est pas anodin puisque seule Dunkerque fait mieux (94%), mais il s'agit d'un axe nettement moins utilisé par le panel sélectionné (citée dans 52% des cas). Marseille-Fos affiche donc un résultat supérieur à ceux de Rotterdam (71%), Anvers (67%) ou Haropa (43 %). A noter qu'au Havre, la satisfaction chute de 15 points sur un an "à cause des problèmes de congestion", ce qui signifie tout de même que son score habituel reste sous celui du GPMM en 2022.

Car en parallèle, la satisfaction des bassins Est et Ouest a bondi de 18 points par rapport à 2021. Auparavant, elle se situait donc plutôt dans la moyenne. "C'est le fruit d'investissements et de travaux réalisés depuis plusieurs années qui améliore la fluidité , notamment à Fos", juge Hind Laghmam. De quoi traduire une évolution durable et pas seulement liée à un effet de vases communicants de la congestion portuaire.

Une stratégie axée sur le service

Ce bon qualitatif pour Marseille-Fos se mesure également dans l'évolution de la qualité de service. "C'est une notion qui prend en compte tous les services que l'on trouve et comment le port est embranché avec l'hinterland pour pouvoir aller au-delà", développe Hind Laghmam. Selon les chargeurs interrogés, 35 % estiment que cette qualité de service s'est "améliorée" ou "fortement améliorée" en un an. C'est la hausse la plus importante considérant tous les ports.

Des résultats positifs qui traduisent la stratégie portuaire mise en place depuis plusieurs années avec des investissements ciblés. "Le statut des ports a beaucoup évolué depuis plusieurs années, chacun cherche sa façon de se positionner car ce n'est pas le port qui achète la marchandise où la transporte. Haropa s'est montré très actif sur le volet commercial alors qu'à Marseille le travail s'est plutôt concentré sur le service", décrypte Hind Laghmam. Cet axe de développement explique pourquoi les chargeurs et distributeurs interrogés par Eurogroup Consulting placent l'infrastructure havraise nettement devant le GPMM en termes d'activité commerciale. De façon globale, l'avis sur le port marseillais à de quoi donner confiance pour 2023. Le trafic devrait continuer de croître si l'on en croit la principale attente des chargeurs : proposer davantage d'escales.