Distributeur de moteurs à gaz, comment Clarke Energy a diversifié son activité en France et en Afrique

Filiale du groupe américain Kohler après avoir été celle de l'entreprise familiale anglaise éponyme, Clarke Energy France - dont le siège se trouve à Bouc-Bel-Air, près de Marseille, s'est d'abord adonnée à la vente de moteurs à gaz sur le marché du gaz naturel, en France mais aussi en Afrique. Mais face à un contexte réglementaire de moins en moins propice à l'achat de gaz, l'entreprise a progressivement diversifié ses marchés, en se lançant dans celui du biogaz ou dans celui de la récupération de gaz de process industriels. A l'image d'un projet qu'elle mène en Norvège, aux côtés de l'usine de production de ferromanganèse du groupe minier et métallurgique Eramet.
(Crédits : DR)

Lorsque Clarke Energy France voit le jour en 2001 à Bouc-Bel-Air, son métier est simple : « Notre principale activité était la vente de moteurs à gaz, pour le marché du gaz naturel. Nous avons en fait surfé sur les tarifs d'achat liés à la cogénération de chaleur et d'électricité », explique Didier Lartigue, PDG de la filiale. Vente à laquelle est associée une activité importante de maintenance. « Nous installons clé en main nos produits, sur la base de contrats de long terme ».

De sorte qu'entre 2004 et 2018, sur 1,7 GW de puissance électrique installée, 1,4 GW le sont dans le gaz naturel.

La filiale opère en France mais aussi, dès 2008, en Afrique. Favorisée par son implantation à Bouc-Bel-Air. « Notre emplacement nous offre des facilités de transport vis-à-vis de l'Afrique, de même que dans nos relations commerciales et techniques. Depuis Marseille, il est plus facile de se rendre à Alger qu'à Lille. L'environnement est très méditerranéen ici ». Sur le continent africain, l'entreprise permet à son fournisseur autrichien de moteurs à gaz d'accéder à un marché sur lequel il n'était pas présent. L'entreprise y a également une activité industrielle. Récupérant notamment de la chaleur et du froid. « Nous avons désormais 60 personnes en Afrique. Nous sommes devenus le leader sur le marché franco-africain ».

Déclin du gaz naturel

Mais plus le temps passe, moins le gaz naturel a la cote. Dans les années 2010 déjà, Clarke Energy France s'intéresse aux biogaz, qu'ils soient issus de décharges, de stations d'épuration ou, plus tard, de la méthanisation. « Mais à partir de 2017-2018, nous avons senti que le gaz naturel allait nous offrir moins de perspectives avec le développement du marché de la décarbonation et la fin des aides associées au gaz naturel. Nous avons donc changé notre mode de fonctionnement et de nos marchés en nous diversifiant ». Au delà des biogaz, Clarke Energy France se penche ainsi sur la gestion du CO2 généré par les biogaz. « Nous le récupérons et le liquéfions pour qu'il soit utilisé dans l'industrie ».

Grâce à cette stratégie - couplée à la forte part de maintenance de ses moteurs dans son activité (60%) -, l'entreprise parvient ainsi à rebondir malgré une chute significative de son chiffre d'affaires en 2020, celui-ci passant de 120 à 65 millions d'euros, contre 73 millions en 2022. « Nous avons pu passer les difficultés sans avoir eu besoin de licencier. Et désormais, nous redémarrons grâce à nos activités liées à notre diversification ».

Récupération de gaz de process en Norvège


C'est ainsi, par exemple, que Clarke Energy France s'est engagée dans un projet de récupération des gaz de process d'un four
d'une usine ferromanganèse du groupe minier et métallurgique Eramet, en Norvège. « On récupère leur gaz qui était jusque là brûlé, on l'introduit dans nos moteurs et on produit de l'électricité ». Après un premier pilote, l'enjeu est désormais d'amplifier la capacité de captation du gaz -car seule une partie est effectivement récupérée. Six moteurs supplémentaires doivent par ailleurs être installés dans les prochains mois sur ce même site. « On espère démarrer les premiers essais d'ici mi 2024 ».

Avec ce projet dont le montant s'élève à 19 millions d'euros, Clarke Energy espère élargir plus encore ses horizons. En portant le même type de projet ailleurs. Mais aussi pourquoi pas en se penchant sur le sujet de l'hydrogène. « On aimerait faire d'ici 2024-2025 un pilote en utilisant dans nos moteurs de l'hydrogène pur », assure le chef d'entreprise qui souhaiterait réduire considérablement la part liée au gaz naturel dans l'activité de l'entreprise, de sorte que celle-ci n'excède pas les 50%. « Nous travaillons à la création d'une structure dédiée aux nouvelles technologies. Nous allons embaucher une personne spécialiste de l'hydrogène qui complétera notre savoir-faire dans ces domaines ».

Membre de la première Convention des entreprises pour le climat Provence-Corse, Clarke Energy France espère ainsi porter « un message de transition des métiers historiques vers des métiers qu'on ne connaît pas encore ». À commencer par elle-même.

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