Les ambitions politiques très affirmées du collectif « Une Génération pour Marseille »

Alors que le prochain scrutin municipal est au cœur même de la réforme de la loi PLM, il est aussi au cœur des discussions. Dans la Cité phocéenne, l’échéance de 2026 est belle et bien dans les esprits. Une échéance que le collectif récemment créé entend préempter, ne dissimulant ni son intérêt et son intention politique, ni les sujets de fonds, qu’il entend aborder, dit-il, sous formes de travaux. A commencer par le rôle du Grand Port Maritime et de l’activité qu’il génère, inlassablement soumis à la polémique, malgré son poids économique.
Premier des 12 travaux identifiés par le collectif Une Génération pour Marseille', le sujet du Grand Port Maritime fait l'objet d'une campagne digitale jusqu'à la mi-juin avant une campagne de terrain
Premier des 12 travaux identifiés par le collectif "Une Génération pour Marseille', le sujet du Grand Port Maritime fait l'objet d'une campagne digitale jusqu'à la mi-juin avant une campagne de terrain (Crédits : DR)

Si l'esprit à Marseille est, ces derniers jours, tout entier tourné vers la prochaine arrivée de la Flamme olympique ce 8 mai, cet intermède sportivo-économique n'efface pas totalement le prochain scrutin électoral des pensées et surtout des discussions.

Déjà parce que la loi PLM (Paris-Lyon-Marseille), qui régit la tenue du scrutin municipal à Marseille comme à Lyon et Paris, actuellement en phase de réforme, ne met pas tout le monde d'accord. Ensuite parce qu'à deux ans du choix du prochain maire de la deuxième ville de France, les premières prises de position et occupation de terrain prennent forme.

Un arc de cercle très large

Et l'un des premiers, si ce n'est le premier, à s'affirmer comme engagé dans la prochaine bataille municipale est « Une Génération pour Marseille ». Ce collectif a officiellement annoncé sa naissance par voie de communiqué fin avril. Un collectif qui vise, dit-il, à rassembler toutes les énergies, politiques, associatives et militantes de la droite, du centre et de l'écologie pro-croissance. « Un arc de cercle » dit le président du bureau politique, Romain Simmarano, qui va de Renaissance à Horizons en passant par LR ou l'union des centristes et des écologistes. Et qui a embarqué dans l'aventure outre le directeur de cabinet de Renaud Muselier, Sandra Blanchard, avocate et ex-directrice de campagne de la ministre de la Ville et de la Citoyenneté, Sabrina Agresti-Roubache, Marc Jolibois et Karina Sadlaoud représentants de Martine Vassal ou encore Marion Bareille, la maire des 13 et 14ème arrondissements comme Ludovic Perney, vice-président de la Région Sud.

Douze dossiers comme autant de travaux

Un arc de cercle vaste mais qui justement ne table pas tant sur les étiquettes politiques mais plutôt sur la volonté partagée de proposer une alternative, « sur la capacité commune à faire des constats, à proposer des solutions pour sortir de l'ornière ». D'ailleurs Romain Simmarano revendique clairement l'intérêt politique, l'objectif étant « la conquête du pouvoir en 2026 ».

Sauf que pour préparer une bataille municipale, il faut occuper le terrain et traiter des sujets, surtout ceux qui fâchent. A Marseille, entre le logement, les écoles, le développement économique et autres sujets techniques, cela ne manque pas. La récente annonce du « report » de la piscine devant s'installer au pied du MUCEM pour 6,5 millions d'euros s'inscrit dans une suite de dossiers qui ont fait hausser les sourcils, marquant un peu plus l'agacement si ce n'est la rupture entre certains édiles et leur Premier magistrat. « Une Génération pour Marseille » a choisi sa méthode : les sujets de fonds, le collectif va les décliner en 12 travaux, chacun incarnés par une personnalité. Soit « douze visages nouveaux, susceptibles de changer Marseille », assure Sandra Blanchard. Et le rapport avec les travaux d'Hercule n'est pas renié tant, pour certains, la métaphore joue à plein.

Le Grand Port, vilipendé mais poumon économique

D'ailleurs, le premier de ces 12 dossiers, consacré au Grand Port Maritime, en est sans doute la preuve la plus saillante. Vilipendé pour les activités de croisière qu'il accueille, pour celles, industrielles, de ses bassins est comme ouest, le GPMM est pourtant le poumon et le cœur de la Cité phocéenne, rappelle Jean-François Suhas, pilote mais aussi président du conseil de développement du Grand Port Maritime et président du Club Croisière, choisi pour incarner le sujet. « Nier l'importance du Port c'est nier notre histoire, c'est nier ce que nous sommes, c'est-à-dire des marins », rappelle-t-il, agacé par « cette négation qui n'existe pas dans les autres villes portuaires, ni au Havre, ni à Gênes ni à Hambourg » où les collectivités sont toutes enthousiasmées par l'activité qui vient de la mer. Et de pointer évidemment le sujet qui fâche le plus : les croisières. Or, renchérit Jean-François Suhas, de tous les trafics, c'est bien la croisière qui amène la richesse, qui fait vivre le tissu local, la TPE comme le commerçant, le tourisme aussi. Ne pas choisir le maritime ou le fluvial, c'est avoir une addition de camions supplémentaires sur les routes. Loin donc de répondre aux préoccupations environnementales... « Le Grand Port est une machine à emploi », poursuit le président du conseil de développement qui souligne la part souvent non visible pour le citoyen, celle du soutien apporté aux activités import/export des entreprises implantés sur le territoire sans omettre ces Marseillais qui tous les jours travaillent dans l'enceinte portuaire. Et de rappeler aussi l'enveloppe de 120 millions d'euros qui va être investie au cours des prochaines années par le GPMM lui-même, quand la même enveloppe était 4 fois moins élevée précédemment.

Prospective pour « être au rendez-vous de l'histoire »

Ce sont aussi toutes ces d'activités qui ont permis au Port de Marseille d'être le premier sur l'électrification des bateaux à quai, bien avant les autres ports, voici presque dix ans.

« Nous serons toujours au travers de ces gens qui renient le Grand Port et qui font fi de l'impact social, de l'emploi. Nous défendrons toujours celui qui est le dernier outil industriel de Marseille », renchérit Romain Simmarano.

« Une Génération pour Marseille » qui veut « enrayer le cycle du déclin ». Si ce premier des douze travaux va faire l'objet d'une campagne digitale jusqu'à mi-juin à laquelle succédera une campagne physique, c'est à l'automne que le collectif produira une contribution « intellectuelle et pratique » appuyée sur « les leviers et mécanismes » sur le programme envisagé pour les 12 premiers mois du mandat municipal, s'il venait à l'emporter, « afin que la ville se réconcilie avec son port », rappelant que c'est par « la formation et l'emploi que ce fait l'émancipation ». Durant « quatre ans, il ne s'est rien passé, l'équipe municipale actuelle n'est pas au rendez-vous de l'histoire », indique Sandra Blanchard. Le ton est donné.

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