« Mes trois priorités, ce sont électrification, électrification et électrification », insiste José Noldin. Le message du PDG de GravitHy, qui doit produire de l'acier à partir d'hydrogène, est clair et vise à alerter Emmanuel Macron sur les besoins en énergie que va demander son process. Un projet qui colle parfaitement aux attentes du chef de l'État puisqu'il associe réindustrialisation, production et énergie verte. Du moins en théorie. Le sujet des besoins énergétiques est en tout cas déjà bien identifié par tous les acteurs, car le passage à la décarbonation voulu par l'État et les nouveaux projets industriels attendus promettent d'être gourmands. RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité français, chiffrait ces besoins à 5 gigawatts d'électricité supplémentaire à fournir, indiquait Le Monde en tout début d'année. Face aux acteurs du monde économique et portuaire, Emmanuel Macron parle, lui, à Marseille de l'équivalent de « quatre EPR ».
Pour parvenir à alimenter tout le monde, Emmanuel Macron envisage l'installation de réacteurs nucléaires à proximité. « Il va aussi falloir accélérer sur le nucléaire pour préparer l'après 2035. Il faut regarder en concertation si ces bassins économiques peuvent accueillir des tranches et des centrales », prévient le chef de l'État qui veut ouvrir le débat « sans tabou ». Et de prendre notamment l'exemple de Dunkerque, où l'eau de mer permet de refroidir les réacteurs. « La loi ne prévoit pas des EPR en dehors des sites existants, mais les centrales à venir auront vocation à être beaucoup plus près de la mer », juge le président de la République.
L'idée n'est pas tout à fait nouvelle. L'installation de petits réacteurs nucléaires, moins puissants qu'une centrale et dits SMR (pour Small Modular Reactor), faisait même partie des idées à lancer dans le cadre du laboratoire territorial d'industrie, ce dispositif lancé en mars pour présenter les futurs projets industriels afin de mieux les faire accepter par les habitants. Il faut dire que ces projets sont nombreux, du four électrique d'Arcelor, en passant par Carbon ou encore H2V. En début d'année, le président du directoire du port Marseille Fos (GPMM) Hervé Martel parlait d'ailleurs de la disponibilité de l'énergie comme « d'une contrainte sur laquelle il faut travailler ». Le choix de l'État se tourne donc vers le nucléaire. A voir si cette voie sera acceptée lors des concertations.
Infrastructures routières et ouverture sur la Ville
Au-delà de l'enjeu énergétique, Emmanuel Macron est revenu sur ses ambitions de connecter le port à l'hinterland. Le ferroviaire et le fluvial, notamment avec l'axe jusqu'à Lyon, est bien sûr un enjeu majeur. C'était l'une des grandes annonces du plan Marseille en Grand. « Il faut faire comme avec Haropa (ndlr : Le Havre, Rouen, Paris), plus nous serons efficaces et nous enlèverons des coûts de transaction mieux ce sera », martèle le président. Mais la route était aussi très présente dans les attentes. Le député communiste du secteur Pierre Dharréville demande bien « de la connexion », il évoque très rapidement le besoin de « doubler la route départementale qui dessert le port ». Plusieurs grands dossiers comme le contournement de Martigues-Port-de-Bouc ou la liaison Fos-Salon ont du mal à avancer. « Nos ports ont gagné en attractivité, mais nous avons encore des problèmes avec l'hinterland », reconnaît d'ailleurs Clément Beaune, ministre chargé des Transports. Sur les « prochaines années » ce sont « 11 milliards d'euros » qui doivent être investis sur tous les projets du port, chiffre Christophe Castaner, le président du conseil de surveillance.
Des sujets qui concernent beaucoup les bassins Ouest de Fos, bien qu'à Marseille les data centers de plus en plus nombreux demandent également une part importante d'énergie. « Oui il y a la question des infrastructures, mais la réflexion est différente à l'Est », tranche Benoît Payan. Le maire de Marseille, qui a plusieurs fois expliqué vouloir plus de poids dans la gouvernance du GPMM et par le passé évoqué « un État dans l'État », a surtout mis en avant la liaison entre le port et la ville. « Il faut associer la population à l'industrie », plaide-t-il face au président et aux nombreux acteurs économiques de la place portuaire. Pas sûr que le discours prenne totalement. Christophe Castaner, président du conseil de surveillance, a d'ailleurs rappelé qu'il s'agissait « ici de l'État, pas l'État dans l'État ». Une référence à peine voilée. Le sujet sera peut-être abordé en fin d'année, date du rendez-vous fixé par Emmanuel Macron pour considérer « ce qui a pu être fait » y compris avec des « lois d'exception ou de simplification ».
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