CMA CGM : où en est le Fonds Energies ?

Annoncé en septembre 2022, doté de 1,5 milliard d’euros pour 5 ans, ce fonds, porté par l’armateur basé à Marseille entend donner les moyens aux filières du transport maritime, aérien et terrestre ainsi qu’à la logistique pour aller plus vite sur le sujet de la décarbonation. Or aller plus vite s’exonère rarement d’innovation et en six mois 300 millions d’euros ont ainsi été fléchés notamment vers les startups. Un fonds dont la feuille de route à court terme prévoit de renforcer les investissements, de considérer aussi les acquisitions pertinentes. Et de travailler avec les grands industriels, tous secteurs confondus.
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Annoncé en septembre 2022, le Fonds Energies créé par CMA CGM (le groupe a déposé une offre d'acquisition de La Tribune le 26 mai dernier) avait vocation à impulser une accélération de la décarbonation du transport, aussi bien maritime que terrestre ou aérien. Des secteurs où l'armateur basé à Marseille s'est positionné et des secteurs qui doivent ainsi, estime-t-il, réfléchir de concert aux solutions les plus adaptées et les plus vite adoptables.

Doté de 1,5 milliard d'euros, étalé sur 5 ans, sa vocation est surtout de donner les moyens financiers nécessaires pour supporter l'innovation, souvent gourmande en la matière. Six mois après son lancement, qui le fonds a-t-il financé ? Avec quelle stratégie ?

Une enveloppe de 200 millions d'euros pilotée par Bpifrance

« Nous avons investis dans des sujets de biocarburants, mais aussi dans des startups, de façon directe comme indirecte », explique Michel Sirat, vice-président exécutif, Stratégie & M&A, en charge du Fonds Energies.

Qui précise que sur le 1,5 milliard d'euros mobilisé, 200 millions d'euros sont consacrés à la filière maritime dans son ensemble afin de financer des projets qui le méritent, le tout étant piloté par Bpifrance, qui définira les contours d'attribution.

Regarder les startups donc, cela semble assez logique puisque ce sont elles qui tentent des approches disruptives, inventent, expérimentent. Des startups qui ont souvent besoin de temps pour faire la preuve du concept. Et Michel Sirat ne dit pas autre chose. « Nous regardons des startups sur des usages pas forcément immédiats ». Des projets qui émergent en France, certes, mais aussi en Suisse ou aux Etats-Unis et à qui CMA CGM ouvre la porte de toute la chaîne de valeur. « Nous sommes à la fois investisseurs financiers et faisons le lien avec notre propre écosystème ».

Assez logiquement, dans la boucle on trouve ZEBOX, l'accélérateur du groupe, présent à Marseille mais aussi à l'international et qui sert de hub. « Nous essayons de créer un effet de levier en commun ».

Pas de logique industrielle

En six mois d'ailleurs la physionomie de solutions existantes s'est-elle modifiée ? Oui, répond Michel Sirat. Si le bio méthanol ou le bio méthane, « font partie de nos investissements traditionnel, nous regardons ce que l'on peut faire dans le secteur de l'ammoniac, ce que l'on peut faire sur la capture de carbone aussi ».

Un regard curieux mais qui se veut assez souple afin de ne passer à côté d'aucune solution. « Nous ne sommes pas dans une logique industrielle mais plutôt dans une démarche d'ouverture afin de considérer toutes les possibilités », appuie Michel Sirat.

Si le Fonds rassemble près de dix personnes, elles sont au final une centaine à être directement impliqués, du M&A au juridique en passant par les équipes dédiées aux nouveaux carburants.

Point d'inflexion

Si la décarbonation n'est plus un sujet, en revanche c'est la mise à disposition concrète des solutions qui l'est. Et le momentum pousse dans ce sens.

« Nous allons vers une accélération des investissements, nous allons renforcer les équipes. Nous avons la volonté, encore plus que par le passé, d'élargir la gamme des produits, nous sommes à une période un peu charnière, un point d'inflexion d'un point de vue technologique. Personne ne sait ce qu'est la bonne technologie mais on voit bien que beaucoup de solutions émergent qui n'apparaissaient pas aussi clairement il y a 6 mois. Comme l'ammoniac, par exemple ».

Et comme aucune industrie n'a trouvé de solution unique et simple qui convienne, cela oblige à « regarder tout en même temps ». D'autant que de solution unique il n'y aura probablement pas. « A la fin je ne pense pas qu'une seule solution écrasera tout sur son passage », confirme Michel Sirat.

Côté acquisitions, le focus se poserait plutôt sur des projets industriels de production d'énergie. « Nous avons une culture du M&A mais nous n'investirons pas sur la production d'énergie en tant que telle. On ne veut pas venir concurrencer TotalEnergies ou Engie. Par contre investir sur des projets industriels de production d'énergie oui d'ailleurs on regarde un certain nombre de projets en ce moment ».

Et quitte à mobiliser toutes les industries, les passerelles semblent logiques avec la Coalition internationale, cette union créée en 2019 par Rodolphe Saadé réunissant Michelin, Air Liquide, Airbus ou Rolls-Royce, soit près de 20 grands acteurs . Coalition internationale qui devrait annoncer des avancées prochainement. « Nous ne pouvons pas être seuls dans notre coin, nous le faisons avec nos partenaires industriels, nos clients, nos fournisseurs, avec des terminaux portuaires...». De l'importance de n'oublier aucun maillon de la chaîne de valeur.

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