Quelles ambitions pour la filière animation dans le Sud ?

SudAnim regroupe depuis trois ans les acteurs de l'animation implantés dans le Sud. Une filière en recherche de structuration alors que Provence-Alpes-Côte d'Azur ambitionne de devenir le troisième pôle national en attirant davantage de studios et de sociétés de production. Ce qui passe par un dialogue permanent avec les collectivités, plutôt enclines à soutenir des métiers capables de générer des emplois pérennes.
(Crédits : ©Les Films du Tambour de Soie)

La dernière cérémonie des Césars, en février, avait une touche marseillaise. Le film « Interdit aux chiens et aux Italiens » était en effet en course pour remporter le prix du meilleur film d'animation, une oeuvre derrière laquelle se trouve la société de production phocéenne Les Films du Tambour de Soie. Quelques semaines plutôt, c'était le court-métrage Pachyderme, coproduit par l'arlésien Tu Nous Za Pas Vus, qui était en course pour décrocher un Oscar.

Si ces deux prestigieux trophées ont été remportés par d'autres, la nomination de deux studios originaires du Sud à ce stade de compétitions internationales, permet de montrer tout le potentiel dont dispose la région dans le secteur de l'animation. C'est en tout cas ce qu'espèrent les acteurs régionaux. « La région est reconnue comme une terre de fiction, mais on sait moins qu'il existe des studios et des producteurs de films d'animation », avance Alexandre Cornu à la tête des Films du Tambour de Soie et nouveau président de SudAnim. Cette association, née en 2021 avec une soixantaine de membres en compte aujourd'hui plus de 200 et ambitionne de « réunir les forces vives » du territoire pour essayer de faire grandir cette filière.

Attirer studios pour garder les talents

« Nous sommes le quatrième pôle national de l'animation en France, nous aimerions monter au moins d'une marche », présente Alexandre Cornu. Les forces vives de l'animation régionale se concentrent aujourd'hui dans l'Ouest, où Arles et Avignon hébergent deux « très bonnes écoles » avec MoPA et l'école des nouvelles images. Marseille dispose également d'établissements, mais moins réputés, avec l'école de Condé et du lycée Marie-Curie, seul établissement public à proposer une formation dans l'animation. Avignon-Arles-Marseille, un « triangle d'or » que SudAnim aimerait étendre à la Côte d'Azur dans des villes comme Toulon, Cannes ou Nice.

Renforcer le tissu économique existant repose sur trois socles : attirer des studios et des producteurs ainsi que réussir à garder les étudiants « ou les faire revenir ». L'idée étant d'enclencher un cercle vertueux dans lequel les talents tout juste formés peuvent rester sur place. « Il manquerait un ou deux studios importants pour que les talents restent, aujourd'hui il en existe surtout de tailles plus modestes », avance Alexandre Cornu.

Pour réussir à attirer, SudAnim joue son rôle de lobbying et de promotion comme en témoigne l'accueil de Carton Next, l'évènement européen des professionnels de l'animation et du jeu vidéo, à Marseille au moins pour trois nouvelles années, la participation au marché international du film d'animation d'Annecy (Mifa) ou encore la création d'un site pour regrouper les projets en cours et annonces de regroupements afin de « faire circuler l'information » auprès des techniciens, studios et étudiants.

Un soutien financier des collectivités

« Les studios doivent trouver des techniciens et des fonds d'aide », résume Alexandre Cornu. Le sujet du financement est, comme souvent, synonyme de soutien des organismes publics. Le dialogue avec les différentes collectivités est donc un axe important des actions de SudAnim. « Nous discutons avec tous les acteurs économiques qui permettent de créer des fonds d'aides », confirme le président de l'association.

Les collectivités se montrent intéressées par la démarche. Et ce bien que le poids de la filière animation ne soit pas encore mesuré. « En France, cela représente 6.000 emplois dans la région, nous sommes encore en train de collecter les données », précise Alexandre Cornu. « Les collectivités nous soutiennent car l'animation représente un vecteur d'emplois importants et pérennes, les talents viennent pour longtemps et restent sur place contrairement à la fiction », enchaîne-t-il.

Une dynamique également soutenue par l'Etat. Si le volet cinéma du plan Marseille En Grand ne concerne pas directement l'animation, bien que la restauration des pôles de la Belle-de-Mai pourrait attirer des studios, le programme France 2030 comprend une partie « Grande fabrique de l'image ». L'école des nouvelles images d'Avignon est notamment lauréate. Ne reste plus qu'à aller chercher un César ou un Oscar.

Lire aussi« La Grande Fabrique de l'image » : les premiers financements de studios de tournage validés... malgré de nombreuses interrogations

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