Elle est très certainement la pionnière, celle qui a contribué à poser la première brique de la filière des industries créatives à Cannes. Car depuis sa création en 2008, Adastra Films est installée au cœur de Bastide Rouge, à CréaCannes, là où la Ville de Cannes a initié sa volonté de structurer une filière qui comprendrait l'ensemble des maillons constitutifs de la chaîne de valeur.
Quand le cinéma indépendant innove
Adastra Films commence alors comme producteur de court-métrage avant de prendre le virage du long-métrage. La société en a notamment produit ou co-produit quatre, dont deux, Brides et The Strange Ones, ont été primés dans de grands festivals internationaux, le premier à Sundance, le second a SXSW. Il y aussi eu Domingo, sélectionné au Festival international du film de Toronto. Mais c'est Pulse qui occupe aujourd'hui la société de production cannoise. Sorti dans 25 salles le 22 février dernier, ce long-métrage a été tourné en 2020, en pleine période de crise sanitaire, ce qui a aussi eu pour conséquence de retarder sa sortie, car il fallait, explique Sébastien Aubert, le co-dirigeant d'Adastra Films, « attendre le retour à une fréquentation normale ». Une œuvre qui a passé du temps en post-production et dont le tournage, s'il s'est tenu en Finlande et à Hambourg, a aussi profité des décors de la Côte d'Azur, durant 25 jours. 2022 est aussi l'année du tournage de LaRoy, film américain doté d'un budget de 2 millions de dollars, dont le projet, présenté au Festival du film avait retenu l'intérêt de The Hollywood Reporter, considéré comme l'un des films les plus attendus. Si le tournage s'est effectué au Nouveau-Mexique, la post-production, en revanche, s'est faite sur la Côte d'Azur. Un long-métrage pour lequel Adastra Films a organisé une projection test, s'appuyant sur un public de 150 personnes, public « très diversifié », souligne Sébastien Aubert, pour juger et jauger les différents aspects et le déroulement de l'histoire. « Cela se fait, beaucoup aux Etats-Unis notamment, au moment du montage du film, lorsqu'il peut y avoir conflits artistiques entre réalisateurs et producteurs. Mais c'est une pratique qui se fait moins lorsqu'il s'agit d'un film indépendant, tel que celui-ci ».
Le financement, toujours le nerf de la guerre
Adastra travaille déjà sur son prochain long métrage, qui sera, pour le coup, très local, parce que le réalisateur a été formé à l'ESRA Nice, que le tournage se fera durant trente jours sur la Côte d'Azur fin août et qu'au final tout cela est « une première fois pour l'un de nos long-métrages », indique Sébastien Aubert. Le casting prévoit, entre autres, l'acteur Denis Laurent. Et pour Adastra Films c'est « le projet le plus ambitieux ». Soutenu par le Centre National du cinéma et de l'image animée, grâce à une aide d'avance sur recettes, aide « la plus sélective » souligne Sébastien Aubert. Une reconnaissance qui met du baume au cœur de l'entreprise, qui s'est vue, en revanche, refusé un soutien financier complémentaire de la part de la Région Sud. Ce qui constitue un trou dans la raquette de l'équilibre budgétaire, budget qui se monte à 3 millions d'euros. Où revient le sujet du financement, jamais neutre dans une industrie qui a vu l'émergence ces dernières années de fonds dédiés.
Structuration de filière : l'effet attractivité (chiffrée)
Mais le sujet de l'écosystème est tout aussi important et Adastra Films s'appuie désormais largement sur les différents maillons désormais pas seulement présents à Paris. On en revient à la post-production qui s'est effectuée, pour LaRoy, dans le Sud. Mais il y a aussi les studios, Cinéum (le multiplexe imaginé et dessiné par Rudy Ricciotti) qui ouvre ses portes pour des tournages, la présence, qui va se renforcer, de Novelty... « Nous sommes très fiers d'être à Cannes. C'est un choix qui a été effectué il y a plus de 15 ans. Nous ne pensions pas alors que l'écosystème se structurerait tel qu'il est aujourd'hui ». La présence du campus Méliès, de l'Université Côte d'Azur... « permettent de détecter des talents. Ce sont souvent des stagiaires qui viennent apprendre également dans nos entreprises. Et ils sont tout de suite performants. La synergie entreprise/université fonctionne très bien. La filière est complète. Il manque peut-être encore quelques techniciens, mais les infrastructures sont là ».
Et Sébastien Aubert d'insister sur la différenciation que porte Adastra Films. « 98% des producteurs de long- métrages sont installés à Paris. Mais c'est un métier qui peut très bien se pratiquer ici. L'écosystème est structuré, les partenaires utiles sur des usages connexes aussi. Notre exemple peut peut-être inspirer d'autres producteurs »...
Pour rappel, la filière des industries créatives a concentré, selon les données de la Commission du Film Côte d'Azur, en 2022, 541 tournages soit +40% par rapport à 2019 c'est-à-dire en période pré-crise sanitaire. 9.715 embauches locales sont venues renforcer la filière, le tout générant 59,15 millions d'euros de retombées économiques directes et 136 millions d'euros de retombées indirectes.
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