A Carros, la zone industrielle (et le maire) veulent gagner des m2 de foncier

Poumon industriel des Alpes-Maritimes, la zone industrielle de Carros-Le Broc et sa voisine, la zone artisanale de la Grave, voient – un peu – plus grand. Si la première veut prendre de la hauteur pour gagner des mètres carrés supplémentaires, la seconde s’appuie sur le départ de Primagaz pour libérer 7 hectares et ainsi redonner du souffle à des entreprises pour qui les premiers freins au développement résident dans l’absence de main-d’œuvre et de foncier adaptés.
(Crédits : DR)

C'est la zone industrielle la plus étendue des Alpes-Maritimes : 188 hectares qui remontent la Plaine du Var, bordés par les collines d'un côté, le fleuve Var de l'autre. Une langue de terre où officient quelque 567 entreprises, pour 11.750 emplois et un chiffre d'affaires de 2,4 milliards d'euros. Parmi elles, des fleurons tels que Virbac, Malongo, Arkopharma mais aussi une armée de belles PME comme Transcan qui, ici comme ailleurs sur un territoire maralpin géographiquement contraint, cherchent à pousser les murs. « Je rencontre énormément d'entreprises limitées dans leur développement, non pas par des problèmes de trésorerie ou de carnet de commandes, mais par l'absence de main-d'œuvre et de foncier adaptés à leur activité », constate Yannick Bernard, maire de la commune. Celle-ci a été labellisée en mai dernier, avec la Métropole Nice Côte d'Azur et la Communauté d'Agglomération de la Riviera Française, Territoires d'Industrie 2, après une première saison qui relevait, selon l'édile, d'une stratégie « d'identification des territoires et d'initiation à la reconquête industrielle ». « Là, on sort de l'évocation pour entrer dans une phase plus pragmatique, plus locale aussi », avec quatre axes de travail majeurs parmi lesquels la problématique du foncier figure en pole position, évidemment.

L'enjeu de la surélévation

Il faut dire que la zone est soumise de longue date à un PPRI (Plan de prévention des risques inondations) qui freine son extension en dépit de travaux de confortement des digues et d'abaissement des seuils conduits par le Smiage (Syndicat mixte pour les inondations, l'aménagement et la gestion de l'eau). Ceux-ci ont permis de modifier en 2023 le document administratif, plus précisément son plan de zonage, et donc de débloquer deux réserves foncières, propriétés d'Arkopharma et de Virbac, en réduisant le linéaire protégé au droit du système d'endiguement à 50 mètres sur l'entièreté de la zone. Mais les tempêtes Alex (2020) et Aline (2023) ont laissé des traces, et ceux qui espéraient un nouvel assouplissement des règles risquent de déchanter. D'où la volonté du maire de densifier la zone en jouant la carte de la surélévation lors du prochain PLU (Plan local d'urbanisme) attendu en 2026 ou 2027. L'idée étant « de monter de 18 à 21 mètres de haut pour permettre une maximisation des mètres carrés », explique-t-il, toutefois bien conscient que ce parti-pris ne sied pas à toutes les activités de la zone. « Une entreprise de maintenance industrielle ou de travaux publics va difficilement utiliser la hauteur gagnée ».

Mutualisation des baux

Une entreprise de maintenance industrielle oui, mais les autres ? « Il existe nombre d'activités qui peuvent se développer sur des étages supérieurs sans besoin autre qu'un monte-charge pour monter ou descendre du matériel. Il n'y a pas systématiquement un besoin absolu de rez-de-chaussée », avance Yannick Bernard. Lequel plaide pour un mariage d'intérêt entre deux entreprises aux besoins d'espaces complémentaires à travers un système de baux mutualisés. « Jusqu'à peu, je n'étais pas forcément entendable sur ce sujet par les entreprises et les propriétaires de bâtiments. Beaucoup pensaient avoir encore la possibilité d'acheter ou de revaloriser son terrain, mais la frilosité des services de l'Etat à assouplir le règlement et les difficultés de mise en œuvre d'un permis de construire sur la zone en ont refroidi plus d'un. Cette proposition commence à devenir intéressante pour certain. Nous menons à cet égard un travail d'acculturation. »

Lire aussiCarros face aux défis de la croissance 1/2

Une task force pour gagner du temps

Si l'extension de la zone industrielle de Carros-Le Broc s'envisage par le biais de la surélévation, celle de la zone artisanale voisine de la Grave, quelques 11 hectares (pour une cinquantaine d'entreprises) toujours situés sur la commune de Carros, trouve un nouveau souffle avec le départ de Primagaz. Celui-ci a libéré une surface de 1,7 hectare, racheté par le n°6 mondial de la santé animale, Virbac, qui souhaite y installer un hub logistique. Ce projet, chiffré à 30 millions d'euros hors taxe, a bénéficié d'un accompagnement spécifique : une sorte de « task force » co-présidée par le sous-préfet et le maire de Carros, comprenant les services de l'Etat, l'entreprise acquéreuse, ses architecte et bureau d'études, dans le but d'anticiper les difficultés liées à la réglementation en vigueur dans le permis de construire. Et ainsi « gagner un temps colossal ». Cette initiative est appelée à se dupliquer, « en fonction de la taille du projet et de sa complexité réglementaire », souligne l'édile, déjà « approché par des propriétaires de terrain qui souhaitent entrer dans cette logique partenariale ». Car, « quitte à être prolixe sur l'impérieuse nécessité de réindustrialiser la France, autant la traduire par une mise en œuvre opérationnelle de terrain. C'est ce que nous avons fait. »

Lire aussiCarros face aux défis de la croissance 2/2

7 hectares à pourvoir

Le cas Virbac relance surtout « la rurbanisation industrielle de la zone d'activités de la Grave ». Le départ de Primagaz a en effet permis de libérer 7 autres hectares du PPRT (Plan de protection des risques technologiques) qui les enserrait de contraintes drastiques. « La plupart sont propriétés de la Ville, certains sont occupés, par des activités de stockage d'engins de chantier notamment, d'autres non. L'idée consiste à les ouvrir à des entreprises endogènes de préférence au travers de baux de construction lancés en fin de mandature ». Le temps de travailler sur un cahier des charges précis visant à définir une « cohérence architecturale et d'efficacité économique ».

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.