Conjoncture, inflation et trésorerie, ce que dit l'Ordre des experts-comptables dans le Sud

Le baromètre de l'Ordre des experts-comptables de la région Sud confirme le ralentissement de l'économie pour la période d'octobre à décembre dernier. Pour 2024, le président du conseil régional préconise aux entreprises de garantir leur trésorerie.
(Crédits : DR)

« Quelques coups de mistral mais pas de tsunami ». Le président du conseil régional de l'ordre des experts-comptables Provence-Alpes-Côte d'Azur, Nicolas Férand, se montre optimiste pour l'année économique qui vient. Et ce malgré une fin 2023 qui sonne pourtant comme le début du ralentissement de l'activité. Le baromètre de l'Ordre des experts-comptables confirme cette tendance sur la période d'octobre à décembre dernier, avec une baisse de 0,9% du chiffre d'affaires des TPE-PME de la région par rapport à l'année précédente. Cette dynamique place Provence-Alpes-Côte d'Azur sur le classement national à une petite treizième place alors qu'elle est censée être dans le top trois des régions économiques de l'Hexagone. « L'Île-de-France est à -0,2% et Auvergne-Rhône-Alpes à 0,4% », précise Nicolas Férand.

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Les écarts sont faibles, mais ça n'empêche pas le Sud de se situer dans la fourchette basse. La faute au secteur du logement, où le très fort ralentissement des permis de construire impacte toute la chaîne. « Le bât blesse vraiment sur ce point », confirme Nicolas Férand. Alors que le tourisme retrouve ses niveaux d'avant Covid, le président régional rappelle que cet épisode de crise sanitaire a eu un effet « de dérèglement économique suivi d'une période d'euphorie avec des taux très bas ». Place maintenant à un retour sur terre, c'est-à-dire aux niveaux de 2019 qui correspondaient alors à des standards pas très élevés avec une croissance nationale autour de 1%. Pour le secteur de l'immobilier, ce retour à la normale se traduit par exemple dans la baisse des transactions qui s'explique, selon Nicolas Férand « pas seulement par la hausse des taux mais aussi par la régulation du marché après des années 2021 et 2022 exceptionnelles ».

Les consommateurs face à des choix budgétaires

Si Nicolas Férand parle de mistral et pas de tsunami, c'est qu'il juge que les effets des aides massives de l'Etat pendant la crise sanitaire ne sont pas encore totalement estompés. « Il faut regarder dans le détail les raisons des défaillances d'entreprises, si c'est à cause du PGE par exemple », illustre-t-il. Même chose pour des chiffres d'affaires qui seraient en hausse du simple fait de l'inflation.

Car en plus d'un retour à une croissance faible, le monde économique doit faire face depuis plusieurs mois à la crise inflationniste. « 2024 sera une année de jauge », estime Nicolas Férand. « La hausse des prix a conduit les consommateurs à devoir réaliser des arbitrages sur leurs loisirs, nous constatons par exemple que le chiffre d'affaires des coiffeurs stagne depuis 18 mois », enchaîne-t-il. Autre exemple relevé dans le baromètre , « les entreprises régionales des transports de fret de proximité affichent un troisième trimestre qui voit la baisse du chiffre d'affaires de 1,7% et une diminution de 0,9% sur toute l'année écoulée ».

Consolider la trésorerie

« Il va falloir voir si les arbitrages vont se poursuivre et comment les entreprises vont se comporter face à une inflation qui devrait se stabiliser », dit Nicolas Férand. Les TPE et PME vont en effet devoir « se transformer, adapter leurs modèles économiques, peut-être trouver d'autres marchés ou se restructurer », un peu à l'image de ce que certaines ont fait pendant le Covid mais à l'époque avec le soutien financier de l'Etat. S'il estime qu'à partir d'avril la situation dans la région devrait aller mieux, compte tenu de l'activité touristique, il reconnaît que la santé des TPE-PME pour le dernier trimestre de l'année « dépend de beaucoup d'éléments sur lesquels nous n'avons pas la main comme les élections européennes qui peuvent impacter le moral des chefs d'entreprises ou les conflits actuels qui pourraient s'étendre ».

En tant qu'expert-comptable, il recommande aux dirigeants « de mobiliser les créances pour consolider la trésorerie des entreprises ». En clair, que les entreprises ne jouent pas « le rôle de banque auprès de leur fournisseur ». Nicolas Férand invite les chefs d'entreprises à recourir à l'affacturage, qui consiste à transférer sa créance à une société qui la paie immédiatement le client paie ensuite cette société tierce. « Sinon, cela peut créer un trou dans la trésorerie et provoquer un effet domino de fournisseur en fournisseur jusqu'à ce que l'un d'eux ne puisse plus payer et impacte toute la chaîne », expose Nicolas Férand. Une approche déjà mise en avant par la CPME des Bouches-du-Rhône en octobre dernier qui alertait sur des retards de paiement chez 30% de ses adhérents.


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